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Guyane

La Guyane s'échauffe pour l'autonomie

Après deux jours d'émeutes, le calme est revenu en Guyane. Des discussions vont s'ouvrir dès le 18 décembre 2000 à Paris afin d'évoquer le statut de ce département d'outre-mer. Le «Komité» qui rassemble des élus, syndicalistes et militants associatifs de tendance indépendantiste ne participera pas à cette rencontre qu'il qualifie de «mascarade».
La loi d'orientation pour l'outre-mer adoptée par le Parlement français suscite le mécontentement dans le camp des indépendantistes guyanais du Komité pou nou démaré la Gwyan. Cette loi d'orientation rénove le pacte républicain qui unit les départements français d'outre-mer à la République. Elle comprend deux volets importants : l'un économique et l'autre institutionnel. Bien que le volet économique (exonération de charges sociales pour des entreprises, lutte contre le chômage...) paraisse favorable aux élus, le volet institutionnel quant à lui ne fait pas l'unanimité.

Adoptée le 15 novembre 2000 par le parlement cette loi prévoit dans son volet institutionnel la possibilité pour les deux assemblées locales des Dom (départements d'outre-mer), le conseil régional et le conseil général, de se rassembler en congrès pour débattre des sujets communs. Les délibérations du congrès seront transmises au gouvernement qui décidera seul de la suite à donner aux demandes des deux assemblées. Concernant l'évolution statutaire, une consultation populaire sera automatiquement organisée, selon l'article premier de la loi d'orientation et la base des préambules des Constitutions de 1846 et 1958.

Le Komité pou nou démaré la Gwyan (le comité pour démarrer la Guyane), hostile à la loi d'orientation, refuse l'idée du congrès préconisée par le gouvernement. Les partisans du comité lui opposent le «pacte de développement» adopté au mois de février 1999 par les élus guyanais. Ils réclament une réforme constitutionnelle avec l'instauration d'une collectivité territoriale unique dotée d'un pouvoir législatif et réglementaire local autonome. Pour les membres de ce comité cette loi n'apporte pas de solution appropriée aux problèmes de la Guyane.

L'heure est à l'apaisement

Le dialogue difficile entre le gouvernement et le Komité pou nou démaré la Gwyan a été à l'origine d'affrontements violents entre les manifestants et les forces de l'ordre dans les rues de Cayenne les 27, 28, et 29 novembre 2000. L'objectif de ces manifestations soutenues par l'UTG (Union des travailleurs guyanais), un syndicat pro-indépendantiste et majoritaire dans le département, avait pour but selon le comité de réclamer la poursuite des discussions entamées auparavant avec l'ex-secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Jean-Jacques Queyranne, sur l'avenir de la Guyane. Le comité exige que la discussion se fasse en Guyane sur la base de l'unique «pacte de développement».

Les déclarations du nouveau secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Christian Paul, datées du 30 novembre 2000 ont permis de calmer la situation, celui-ci ayant affirmé qu'il rencontrerait «bien volontiers» le comité, ce dernier s'est dit satisfait que «le gouvernement ait franchi un pas important en reconnaissant le pacte de développement». Toutefois le comité a maintenu sa décision de ne pas participer à la table ronde avec Christian Paul et d'autres élus de la Guyane à Paris le 18 décembre, déclarant que pour lui «cette rencontre n'était qu'une mascarade».

Face à cette montée en puissance du comité, le RPR, l'UDF, le Mouvement des forces patriotiques, le Medef et des associations de Guyane ont créé «un front populaire» ouvert à tous les partis» dans le but de «faire entendre une autre voix et de mettre un terme à l'anarchie et au désordre organisé [par le groupe indépendantiste du comité]».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 06/12/2000