Robots
Quand les robots tiennent le haut de l'affiche
Ils peuvent ressembler à l'homme à s'y méprendre ou au contraire, lui servir de faire-valoir, être d'une intelligence supérieure (le plus souvent au service du Mal) ou d'une simplicité enfantine : depuis toujours, les robots sont le meilleur ennemi de l'homme. En tout cas au cinéma.
En 1897, le septième art n'en est encore qu'à ses premiers balbutiements quand Georges Méliès, ex-magicien passé derrière la caméra, l'utilise dans l'une de ses «féeries» intitulée Gugusse et l'automate, pour ridiculiser son héros. A l'époque, les effets spéciaux sont des plus rudimentaires, et on est plus près de l'Olympia des Contes d'Hoffman (une «jeune femme» automate dont le héros tombe éperdument amoureux) que des sophistications numériques de Terminator. Quelques années plus tard, c'est l'Allemand Fritz Lang qui donne au robot ses premières lettres de noblesse. Dans Metropolis (1926), il met en scène une femme robot dont la beauté hypnotise et galvanise les travailleurs esclaves du film. Ce robot féminin est la réplique exacte de l'héroïne du film, Maria (c'est d'ailleurs un thème récurrent de l'expressionnisme, ce mouvement esthétique fasciné par la figure du double), et en temps que telle, elle trompera un temps le héros Freder.
Un discours politique et métaphysique
Cette figure du robot-sosie, envoyé par l'ennemi pour déboussoler les humains, se retrouve dans la plupart des films de science fiction, de Blade runner (Ridley Scott, 1982) où quatre répliquants s'enfuient de leur planète pour venir sur la terre demander à leur concepteur le secret de la vie, et parviennent un temps à tromper le détective (incarné par Harrison Ford) chargé de les éliminer, à X Men (Bryan Singer, 2000), où les robots-ennemis sont d'autant plus dangereux qu'ils peuvent à tout instant prendre la forme de votre meilleur ami, en passant par Alien ou Terminator. Evidemment, ce type de robot trouve aussi une place privilégiée dans toutes les fictions paranoïaques dont le meilleur exemple reste L'invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel, 1956), où une petite ville américaine des années 50 est peu à peu envahie par des créatures extraterrestres qui tuent les habitants et endossent leur dépouille (à cet égard, la date de sortie du film, soit en pleine guerre froide, n'est évidemment pas innocente : «l'ennemi communiste est parmi nous», semble proclamer chaque image). Plus que tout autre «personnage», le robot sert toujours un discours politique et/ou métaphysique. Dans 2001, l'odyssée de l'espace (Stanley Kubrick, 1968), il est le révélateur de la folie dominatrice de l'homme, folie qui se retourne très vite contre lui puisque Hal, le robot aux commandes du vaisseau spatial, se met à avoir des comportements de plus en plus incohérents et finit par causer la mort de tous les astronautes, à l'exception du héros.
Deux robots complices
A côté du terrifiant HAL (ajoutez la lettre qui suit dans l'alphabet à chacune des lettres formant son nom et vous obtiendrez IBM), les deux robots complices de la trilogie de la Guerre des étoiles, D2R2 (le petit gros rigolo) et Z6PO (le grand mince compassé) ont l'air bien inoffensifs. A l'inverse de HAL ou de Terminator, ils ne sont pas là pour faire progresser l'action mais, au contraire, pour ménager des pauses humoristiques, en dignes successeurs de Laurel et Hardy ou, si l'on veut, du ch£ur antique (puisqu'ils n'arrêtent pas de commenter les tribulations des héros). Un peu à l'instar des robots fous des Marx au grand magasin, qui ménagent aux héros une séquence extraordinaire au rayon literie (où des lits mécaniques subitement déréglés finissent par «avaler» une famille entière venue innocemment acheter une chambre à coucher). Dans Gremlins, aussi, les meilleurs gags viennent d'une série de robots ménagers concoctés par le père du héros (dont un robot presseur d'oranges qui finit immanquablement par transformer la cuisine en indescriptible capharnaüm). On le voit, au cinéma, le robot n'est utile que pour autant qu'il ne fonctionne pas.
Un discours politique et métaphysique
Cette figure du robot-sosie, envoyé par l'ennemi pour déboussoler les humains, se retrouve dans la plupart des films de science fiction, de Blade runner (Ridley Scott, 1982) où quatre répliquants s'enfuient de leur planète pour venir sur la terre demander à leur concepteur le secret de la vie, et parviennent un temps à tromper le détective (incarné par Harrison Ford) chargé de les éliminer, à X Men (Bryan Singer, 2000), où les robots-ennemis sont d'autant plus dangereux qu'ils peuvent à tout instant prendre la forme de votre meilleur ami, en passant par Alien ou Terminator. Evidemment, ce type de robot trouve aussi une place privilégiée dans toutes les fictions paranoïaques dont le meilleur exemple reste L'invasion des profanateurs de sépultures (Don Siegel, 1956), où une petite ville américaine des années 50 est peu à peu envahie par des créatures extraterrestres qui tuent les habitants et endossent leur dépouille (à cet égard, la date de sortie du film, soit en pleine guerre froide, n'est évidemment pas innocente : «l'ennemi communiste est parmi nous», semble proclamer chaque image). Plus que tout autre «personnage», le robot sert toujours un discours politique et/ou métaphysique. Dans 2001, l'odyssée de l'espace (Stanley Kubrick, 1968), il est le révélateur de la folie dominatrice de l'homme, folie qui se retourne très vite contre lui puisque Hal, le robot aux commandes du vaisseau spatial, se met à avoir des comportements de plus en plus incohérents et finit par causer la mort de tous les astronautes, à l'exception du héros.
Deux robots complices
A côté du terrifiant HAL (ajoutez la lettre qui suit dans l'alphabet à chacune des lettres formant son nom et vous obtiendrez IBM), les deux robots complices de la trilogie de la Guerre des étoiles, D2R2 (le petit gros rigolo) et Z6PO (le grand mince compassé) ont l'air bien inoffensifs. A l'inverse de HAL ou de Terminator, ils ne sont pas là pour faire progresser l'action mais, au contraire, pour ménager des pauses humoristiques, en dignes successeurs de Laurel et Hardy ou, si l'on veut, du ch£ur antique (puisqu'ils n'arrêtent pas de commenter les tribulations des héros). Un peu à l'instar des robots fous des Marx au grand magasin, qui ménagent aux héros une séquence extraordinaire au rayon literie (où des lits mécaniques subitement déréglés finissent par «avaler» une famille entière venue innocemment acheter une chambre à coucher). Dans Gremlins, aussi, les meilleurs gags viennent d'une série de robots ménagers concoctés par le père du héros (dont un robot presseur d'oranges qui finit immanquablement par transformer la cuisine en indescriptible capharnaüm). On le voit, au cinéma, le robot n'est utile que pour autant qu'il ne fonctionne pas.
par Elisabeth Lequeret
Article publié le 19/01/2001