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Des nécropoles plus grandes que les villes

Malgré les progrès des études effectués dans d'autres secteurs, l'architecture funéraire reste un argument d'importance fondamentale pour connaître la civilisation étrusque. Les tombes de l'Etrurie méridionale, creusées dans le tuf volcanique (ce qui en a favorisé le bon état de conservation), ne nous renseignent pas seulement sur les types et sur le développement des tombes comme formes architecturales, sur les m£urs funéraires, sur les cultes pratiqués pour les défunts et sur les aspects particuliers de l'au-delà, mais aussi sur ceux de la vie quotidienne. Certaines nécropoles reflètent l'agencement urbanistique de la ville, la tombe imite l'intérieur des habitations privées, aussi bien au plan de l'architecture que de la décoration et des ornements pariétaux. Par ailleurs, il ne faut pas oublier de mentionner les peintures des tombes étrusques, d'une valeur artistique et culturelle sans comparaison dans le bassin de la Méditerranée occidentale, ainsi que les mobiliers funéraires constitués de céramiques, de bijoux et d'armes. La sculpture et le portrait font aussi partie de l'aspect funéraire des Etrusques, aspect qui s'explique par un intérêt particulier pour le monde des enfers et de l'outre-tombe.

Les nécropoles étrusques figurent parmi les plus grandes du monde antique. Comme en Grèce et dans d'autres régions d'Italie, les sépultures se trouvaient à l'extérieur des aires habitées, mais à proximité de celles-ci, et elles étaient situées sur des pentes proches ou dans les plaines voisines. Reliés aux villes des vivants par des voies de communication, les cimetières consistent, avant le VIIe siècle avant Jésus-Christ, en noyaux isolés éloignés l'un de l'autre (par exemple Veio ou Tarquinia).

Ces derniers s'étendent, au cours des VIIe et VIe siècles, au point d'entourer entièrement la zone habitée et ils occupent souvent un espace plus vaste que celui de l'habitat lui-même, comme l'illustre bien le cas de Cerveteri. Au VIIe siècle, avec l'introduction du tumulus monumental à la place des petits «tumulus archaïques» de la période précédente, on observe la volonté de la classe dirigeante de rendre le monument visible et aisé à distinguer depuis les maisons en le plaçant en hauteur, sur les collines environnantes.

L'architecture funéraire est, comme d'autres aspects de la civilisation étrusque, soumise à un développement permanent, dû non seulement aux changements religieux mais aussi à d'autres facteurs comme les expériences techniques et les exigences sociales.

Le développement de l'architecture funéraire étrusque est documenté de manière exemplaire dans les nécropoles de Cerveteri. Grâce à la conformation géologique du terrain, à la possibilité de creuser les tombes en plein tuf, et à l'excellente conservation de centaines de sépultures on suit bien, pas après pas, l'agrandissement de la fosse, l'ajout du dromos et d'un banc pour compléter le mobilier funéraire et, enfin, l'insertion totale de la sépulture dans le tuf. On voit ainsi apparaître la tombe à chambres datable, à Cerveteri, du début du VIIe siècle avant Jésus-Christ.

Friedhelm PRAYON


(Extrait de L'architecture funéraire)




Article publié le 23/01/2001