Racisme
Wade bouscule le discours établi
A l'ouverture d'une conférence africaine sur le racisme à Dakar, le président sénégalais Abdoulaye Wade a prononcé un discours iconoclaste, rejetant l'idée de réparations pour l'esclavage, et estimant que les Africains, plutôt que de se plaindre, devraient «balayer devant leur porte».
L'allocution d'Abdoulaye Wade a jeté un froid sur l'assemblée des 500 délégués africains réunis à Dakar, lundi 22 janvier 2001, pour préparer la Conférence mondiale contre le racisme de septembre prochain en Afrique du Sud. Le président sénégalais avait pourtant prévenu : «Je vais vous étonner».
S'en est suivi un exposé prenant le contre-pied presque systématique des positions défendues depuis longtemps par les ONG africaines et de nombreux mouvements pour les droits de l'homme.
Ainsi, sur le phénomène du racisme, Abdoulaye Wade a jugé qu'il s'agit d'un problème dont les manifestations, aujourd'hui, sont désormais «marginales». Il a mis en garde les Africains, les enjoignant de cesser de se plaindre. «Nous devons balayer devant notre porte plutôt que de continuer à parler d'un problème en voie de disparition». Prenant l'exemple des tensions en Côte d'Ivoire, pays auquel il a vainement proposé sa médiation l'an dernier, il a suscité le trouble et la réprobation en estimant que «les conflits interethniques sont une réalité tangible, et je peux dire qu'à l'heure actuelle, un Burkinabé souffre plus en Côte d'Ivoire qu'un Noir en Europe».
«Nous nous désolidarisons de lui»
Sur l'esclavage, Abdoulaye Wade a tenu à se «démarquer de ceux qui voudraient demander réparation» au nom des peuples africains pour les atrocités commises pendant la traite des Noirs et la colonisation. «Je trouve cela enfantin», a-t-il estimé, refusant de faire siennes les thèses d'un «discours solennel».
Sur la lutte contre le racisme, le président sénégalais a mis en garde les participants contre ce qu'il considère comme des dangers. «Ce serait un erreur d'en arriver à un racisme antiraciste.(à)Gardons-nous d'ériger la lutte antiraciste en une doctrine aujourd'hui disproportionnée par rapport à la réalité». Selon lui, les Africains devraient plutôt se pencher sur les vrais problèmes actuels du continent, notamment «les conflits ethniques et fratricides» et le manque de démocratie.
Sitôt son discours terminé, des responsables d'ONG ont annoncé leur intention de se réunir, afin de mettre au point une réponse. «Il faut montrer, a déclaré l'un d'eux, que nous nous désolidarisons de lui». Pour Halidou Ouédraogo, président de l'Union interafricaine des droits de l'homme (UIDH), la traite négrière «mérite compensation, pas seulement pécuniaire.(à) Ce sont des questions à porter devant des cours et des tribunaux internationaux».
Les délégués présents à Dakar doivent se séparer mercredi 24 janvier, après avoir mis au point une position africaine commune en vue de la Conférence mondiale contre le racisme, la xénophobie, et l'intolérance. Elle se tiendra à Durban, du 31 août au 7 septembre prochains, sous l'égide de l'ONU.
S'en est suivi un exposé prenant le contre-pied presque systématique des positions défendues depuis longtemps par les ONG africaines et de nombreux mouvements pour les droits de l'homme.
Ainsi, sur le phénomène du racisme, Abdoulaye Wade a jugé qu'il s'agit d'un problème dont les manifestations, aujourd'hui, sont désormais «marginales». Il a mis en garde les Africains, les enjoignant de cesser de se plaindre. «Nous devons balayer devant notre porte plutôt que de continuer à parler d'un problème en voie de disparition». Prenant l'exemple des tensions en Côte d'Ivoire, pays auquel il a vainement proposé sa médiation l'an dernier, il a suscité le trouble et la réprobation en estimant que «les conflits interethniques sont une réalité tangible, et je peux dire qu'à l'heure actuelle, un Burkinabé souffre plus en Côte d'Ivoire qu'un Noir en Europe».
«Nous nous désolidarisons de lui»
Sur l'esclavage, Abdoulaye Wade a tenu à se «démarquer de ceux qui voudraient demander réparation» au nom des peuples africains pour les atrocités commises pendant la traite des Noirs et la colonisation. «Je trouve cela enfantin», a-t-il estimé, refusant de faire siennes les thèses d'un «discours solennel».
Sur la lutte contre le racisme, le président sénégalais a mis en garde les participants contre ce qu'il considère comme des dangers. «Ce serait un erreur d'en arriver à un racisme antiraciste.(à)Gardons-nous d'ériger la lutte antiraciste en une doctrine aujourd'hui disproportionnée par rapport à la réalité». Selon lui, les Africains devraient plutôt se pencher sur les vrais problèmes actuels du continent, notamment «les conflits ethniques et fratricides» et le manque de démocratie.
Sitôt son discours terminé, des responsables d'ONG ont annoncé leur intention de se réunir, afin de mettre au point une réponse. «Il faut montrer, a déclaré l'un d'eux, que nous nous désolidarisons de lui». Pour Halidou Ouédraogo, président de l'Union interafricaine des droits de l'homme (UIDH), la traite négrière «mérite compensation, pas seulement pécuniaire.(à) Ce sont des questions à porter devant des cours et des tribunaux internationaux».
Les délégués présents à Dakar doivent se séparer mercredi 24 janvier, après avoir mis au point une position africaine commune en vue de la Conférence mondiale contre le racisme, la xénophobie, et l'intolérance. Elle se tiendra à Durban, du 31 août au 7 septembre prochains, sous l'égide de l'ONU.
par Philippe Quillerier-Lesieur (avec AFP)
Article publié le 25/01/2001