Fièvre aphteuse
La politique européenne remise en question
Les ministres de l'Agriculture des Quinze sont confrontés à un problème épineux : comment financer, avec 1 milliard d'euros inscrits au budget, les 3 milliards d'euros de dépenses liées à la crise de la vache folle dans l'Union européenne ? A ce dossier de court terme s'ajoute celui, plus difficile encore, de l'évolution nécessaire de la politique agricole commune vers des productions moins intensives et plus respectueuses de la nature.
La réunion des ministres de l'Agriculture de l'Union européenne, lundi et mardi à Bruxelles, doit se pencher sur le financement des conséquences de la crise de la vache folle : soutien du marché devant la baisse des prix et de la consommation, participation au coût du dépistage des bovins de plus de 30 mois et du retrait de ceux qui n'ont pu être dépistés. Au total l'ardoise devrait s'élever à 3 milliards d'euros alors que le budget communautaire ne dispose que d'une marge de man£uvre d'environ un milliard. A cela s'ajoutent, dans les différents pays touchés par l'épizootie, les revendications croissantes des agriculteurs pour un maintien de leurs revenus. De l'avis de la Commission européenne le coût de ces mesures pourrait bien «exploser»dans les prochains mois.
D'autant que l'Europe des Quinze ne peut guère puiser dans les ressources au bénéfice de la filière bovine sans nuire à d'autres priorités. En effet, dans les années à venir, se profile une remise en cause du modèle agricole européen qui prévalait depuis les années 50 et pas seulement dans l'élevage : une agriculture intensive, à haute valeur ajoutée technologique et aidée par des subventions publiques.
Poussée par les règles de libéralisation du commerce international, promues par l'Organisation mondiale du commerce, la politique agricole commune (PAC) a largement entrepris de réduire les aides publiques à l'agriculture. Désormais, sous la pression des consommateurs sensibilisés à la sécurité alimentaire par la vache folle, mais aussi par le poulet à la dioxine ou les OGM, c'est l'agriculture intensive en tant que telle qui est visée.
Une énorme machine
Les Etats et la Commission européenne prennent progressivement la mesure du phénomène. Ils envisagent de plus en plus sérieusement une «réorientation» de la PAC. Déjà, en mars 1999, le Conseil européen de Berlin a adopté un plan de réforme qui entend favoriser une agriculture plus respectueuse de l'environnement. Le principe de «conditionnalité écologique» y est reconnu permettant de subordonner les aides au respect de certains critères environnementaux. Il est d'ores et déjà possible aux Etats de promouvoir davantage l'agriculture écologique. L'Allemagne s'est orientée dans cette voie et la nouvelle politique agricole annoncée par le chancelier Schröder doit prochainement être plus précisément définie par la ministre verte en charge du dossier Renate Künast. La France défend quant à elle l'idée de développement rural harmonieux et souhaite une redistribution des aides non proportionnelle aux quantités produites.
Mais la PAC est une énorme machine, lancée depuis des décennies dans le sens de la course à la productivité et qu'il sera bien difficile d'infléchir, notamment en raison des importants investissements réalisés par les producteurs. Le volet agricole représente 42 milliards d'euros par an, soit environ la moitié du budget de l'Union européenne. Dans le domaine de l'agriculture européenne le secteur de la viande bovine est le deuxième, après la production laitière. La France et l'Allemagne produisent ensemble près de 40% du total européen, devant l'Italie et le Royaume-Uni. Le débat s'engage seulement entre des pays dont les intérêts ne se confondent pas toujours, il ne pourra aboutir qu'au terme de longues négociations.
D'autant que l'Europe des Quinze ne peut guère puiser dans les ressources au bénéfice de la filière bovine sans nuire à d'autres priorités. En effet, dans les années à venir, se profile une remise en cause du modèle agricole européen qui prévalait depuis les années 50 et pas seulement dans l'élevage : une agriculture intensive, à haute valeur ajoutée technologique et aidée par des subventions publiques.
Poussée par les règles de libéralisation du commerce international, promues par l'Organisation mondiale du commerce, la politique agricole commune (PAC) a largement entrepris de réduire les aides publiques à l'agriculture. Désormais, sous la pression des consommateurs sensibilisés à la sécurité alimentaire par la vache folle, mais aussi par le poulet à la dioxine ou les OGM, c'est l'agriculture intensive en tant que telle qui est visée.
Une énorme machine
Les Etats et la Commission européenne prennent progressivement la mesure du phénomène. Ils envisagent de plus en plus sérieusement une «réorientation» de la PAC. Déjà, en mars 1999, le Conseil européen de Berlin a adopté un plan de réforme qui entend favoriser une agriculture plus respectueuse de l'environnement. Le principe de «conditionnalité écologique» y est reconnu permettant de subordonner les aides au respect de certains critères environnementaux. Il est d'ores et déjà possible aux Etats de promouvoir davantage l'agriculture écologique. L'Allemagne s'est orientée dans cette voie et la nouvelle politique agricole annoncée par le chancelier Schröder doit prochainement être plus précisément définie par la ministre verte en charge du dossier Renate Künast. La France défend quant à elle l'idée de développement rural harmonieux et souhaite une redistribution des aides non proportionnelle aux quantités produites.
Mais la PAC est une énorme machine, lancée depuis des décennies dans le sens de la course à la productivité et qu'il sera bien difficile d'infléchir, notamment en raison des importants investissements réalisés par les producteurs. Le volet agricole représente 42 milliards d'euros par an, soit environ la moitié du budget de l'Union européenne. Dans le domaine de l'agriculture européenne le secteur de la viande bovine est le deuxième, après la production laitière. La France et l'Allemagne produisent ensemble près de 40% du total européen, devant l'Italie et le Royaume-Uni. Le débat s'engage seulement entre des pays dont les intérêts ne se confondent pas toujours, il ne pourra aboutir qu'au terme de longues négociations.
par Francine Quentin
Article publié le 29/01/2001