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Eglise catholique

Jean-Paul II prépare sa succession

Dimanche 21 janvier, le Pape annonçait le nom de 37 nouveaux cardinaux auxquels il remettra solennellement lors d'un Consistoire, le 21 février prochain, le traditionnel «chapeau» cardinalice. Une semaine plus tard, Jean-Paul II, à la surprise générale, a allongé cette liste en dévoilant dimanche l'identité de 7 autres cardinaux.
De notre correspondant au Vatican

La surprise a été générale. Non seulement en raison du caractère insolite et inédit de ce double effet d'annonce, mais aussi parce que jamais dans l'histoire un Pape n'avait créé autant de Cardinaux en une seule fois: 44 au total. Si bien que le 21 février prochain, le Collège des Cardinaux comprendra 185 membres, dont 135 âgés de moins de 80 ans, autrement dit «électeurs» en cas de conclave. Soit 15 de plus que le seuil des 120 fixé par Paul VI et confirmé par Jean Paul II lui-même. Difficile, dès lors, de ne pas voir dans cette série de nominations une indication décisive sur l'héritage qu'entend laisser le Pape. Ces nouveaux Cardinaux constitueront un tiers du corps électoral au prochain conclave. Nul ne sait combien d'années Jean Paul II restera à la tête de l'Eglise catholique, et les pronostics pessimistes de ces dernières années ont été régulièrement démentis, mais ce pourrait bien être, vu le nombre, le dernier train de nominations.

Quant aux hommes choisis et à leur provenance, l'annonce faite hier suscite à Rome de nombreuses interrogations. Notamment la présence de Mgr Lehman, Evêque de Mayence, Président de la Conférence des évêques allemands depuis 1987, considéré comme un libéral peu comode, peu apprécié surtout, dit-on, de son compatriote à la Curie, le Cardinal Ratzinger, le gardien de la Doctrine de la Foi. Le Corriere della Sera évoque même, lundi, de possibles pressions qui auraient été exercées pour rééquilibrer «la ligne trop conservatrice» des 37 premières nominations. Pourquoi ne pas l'avoir annoncé dès le 21 janvier? C'est la question que tous les «vaticanistes» se posent, n'avançant d'autre explication qu'un climat de «fin de règne» où les pressions des diverses tendances se font plus visibles.

L'Europe renforcée dans le Sacré Collège

Par ailleurs, le Pape a nommé l'Archevêque sud-africain de Durban, Mgr Napier. Une façon peut-être là aussi de rééquilibrer la liste, alors que beaucoup s'étaient émus de ne voir qu'un seul Africain dans les 37 premiers. Enfin, Jean Paul II a voulu rendre hommage aux églises persécutées par les régimes communistes d'Europe de l'Est en honorant deux évêques ukrainiens (l'un de rite latin, l'autre de rite grec-catholique) et un letton. Le geste n'est pas anodin à quelques mois de son voyage en Ukraine, à l'égard duquel les orthodoxes russes ont déjà manifesté leur hostilité.

Au terme de cette curieuse semaine, l'Europe sort manifestement renforcée puisqu'en cas de conclave elle disposerait de 65 électeurs sur 135, suivie par l'Amérique Latine (27), l'Amérique du Nord (13 dont 11 Etats-Unis et 2 Canada). L'Afrique et l'Asie n'en compteraient que 13 chacune. Plus 4 à l'Océanie.

Tous ces calculs, toutefois, restent pour l'heure virtuels car, compte tenu des voyages programmés cette année l'hypothèse d'une démission du Pape n'a plus guère de crédit. Quant à son état de santé, il est visiblement fragiles, certes, mais au demeurant stable, et rien ne permet d'annoncer comme imminente la convocation d'un conclave.



par Laurent  Morino

Article publié le 29/01/2001