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Sciences

Le génome humain bientôt décrypté

L'ADN d'un être humain est constitué par 26 000
à 38 000 gènes alors qu'on les évaluait jusqu'ici à 100 000. Le décryptage du génome humain ouvre une ère nouvelle pour la médecine tout en remettant à plat les conceptions que l'homme a de lui-même.
L'homme a deux fois plus de gènes que la mouche du vinaigre mais 20 000 de moins qu'un grain de riz et 10% de gènes en commun avec le ver. Il partage avec l'univers bien plus d'éléments qu'il ne le pensait et c'est une découverte. La carte du génome humain révèle qu'il faut un nombre relativement faible de gènes pour construire un homme, ce qui laisse à penser qu'un gène remplit plusieurs fonctions. Découvrir ces fonctions sera l'enjeu des recherches à venir d'une branche de la science appelée la génomique.

Par ses gènes, un homme peut être plus proche d'un individu d'une ethnie différente que d'un membre de son propre groupe. Il n'y a qu'une race, la race humaine et les différences de couleur n'ont pas de fondement génétique. A l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutive de Leipzig, en Allemagne, Mark Stonneking précise: «Nos gènes contiennent la signature d'une expansion sortie d'Afrique voici environ 150.000 ans», le patrimoine génétique africain étant considéré comme plus riche que celui des autres continents.

Applications thérapeutiques

Les scientifiques attendent beaucoup de la connaissance du génome humain pour le traitement et la prévention du diabète, de l'hypertension artérielle, de la maladie d'Alzheimer, du cancer ou encore de la dépendance aux drogues. La recherche génétique va s'affiner: En isolant des séquences de gènes, il sera plus facile de trouver le gène responsable d'une maladie, de comprendre le mécanisme de l'apparition de cette maladie et d'explorer les solutions thérapeutiques. C'est ainsi qu'un nouveau traitement de l'Ataxie de Friedreich a été développé récemment par une équipe française.

Ces perspectives ressortent de deux recherches parallèles rendues publiques simultanément à Paris, Tokyo, Berlin, Washington et Londres. Tout d'abord celles du Consortium international pour le séquençage du génome humain qui s'est lancé dans l'aventure en 1990: il s'agissait de comprendre ce qui commande la reproduction et le maintien en vie des cellules humaines. Vu l'ampleur de l'inventaire à effectuer sur 23 paires de chromosomes et trois milliards et demi de nucléotides, la recherche publique a réparti la tâche entre centres de plusieurs pays: les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la France, l'Allemagne et la Chine. Le Consortium vient de publier ses résultats dans la revue britannique Nature.

En 1998, la société privée Celera Genomics entre dans la danse et mène ses propres recherches pour les publier aujourd'hui dans la revue américaine Science. La rivalité porte sur les moyens techniques mis en oeuvre pour décrypter le génome. Le coût des recherches pourrait passer de 5,6 milliards de francs en l'an 2000 à 11,2 milliards en 2005. Selon Eric Roberts, analyste à la banque d'affaires Lehman Brothers, «les investisseurs financiers se rendent compte que les résultats de ces recherches n'arriveront sur le marché que d'ici 10, 20 ou 30 ans».

Reste la question éthique des brevets déposés sur les séquences génétiques, ce que les Américains n'hésitent pas à faire. Pour le ministre français de la Recherche Roger-Gérard Schwartzenberg, une réglementation internationale en la matière s'impose. Il défend, au niveau européen, l'idée que le brevet repose uniquement sur «l'identification de la fonction d'un gène et la détermination de ses applications à des fins diagnostiques ou thérapeutiques».

Pour en savoir plus :

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/genome/guide/human/



Article publié le 13/02/2001