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Bénin

Les candidats font feu de tout bois

Pour se faire entendre, s'annoncer, se faire connaître ou se rappeler aux bons souvenirs des trois millions et demi d'électeurs, rien n'est ni trop beau ni trop cher : médias, affiches et affichettes, banderoles, casquettes, tee-shirts à l'intérieur et Internet sont mobilisés pour les Béninois de l'extérieur, modernisme oblige.
A cette somptueuse panoplie s'ajoutent les luxueux dossiers de presse en offset sur papier glacé, et les opérations de charmes. Mathieu Kérékou ne rate aucune caméra de télévision quand il veut ostensiblement donner l'accolade, ou le baiser de Judas, à Soglo. Marie-Elise Gbèdo, la toute première femme béninoise à descendre dans l'arène se prête à un test de connaissance sportive. Bruno Amoussou le ministre d'Etat candidat bavarde entre deux buttes, avec des cultivateurs et le candidat Adrien Houngbédji arrête son cortège, embarque dans sa voiture de fonction un accidenté qui se tord de douleur sur le sol, à la sortie d'un pont de Cotonou, et le conduit personnellement à la clinique.

Les slogans se font le plus bref et le plus percutant possible. C'est «l'Union fait la paix» pour Soglo à la reconquête d'un pouvoir perdu en 1996, qui veut prévenir toutes velléités vindicatives. C'est «le changement» pour Adrien Houngbédji tandis que la seule femme pousse son cri de guerre «houénoussou», ce qui signifie « l'heure a sonné » en langue fon. Un impondérable qui ne dit son nom ni sa puissance, c'est la corruption: billets de banque, sacs de riz ou de sel, feuilles de tôle, mobylettes, vélo, tout fait campagneà

Mais le Béninois modèle 2001 est-il dupe ? «On te donne», dit-il. »Prends et mange, sachant bien que c'est toujours un partie de l'argent du peuple qui a été préalablement volé. Mange sans état d'âme. Le jour du vote, tu iras seul dans l'isoloir!».

La suspicion et les accusations de fraude restent répandues entre candidats mais il faut convenir qu'avec une Cena aux mille yeux, des cartes électorales infalsifiables, un bulletin de vote unique, sans compter les téléphones portables qui font rage, il faudra être bien dégourdi pour truquer véritablement le scrutin.



par Jean-Luc  Aplogan

Article publié le 10/02/2001