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Francophonie

La francophonie prône le métissage

Plutôt que de comptabiliser le nombre d'utilisateurs de la langue française pour mesurer son influence dans le monde, il est de meilleur ton actuellement d'en mesurer son métissage.
Ce métissage prend la forme d'une coproduction théâtrale «franco-québéco-malienne» présentée à Bamako en décembre 1998 ou de la cohabitation raï-reggae-raga-muffin avec l'accent toulousain du groupe musical Zebda. Parler de la francophonie est maintenant dépassé, place à la franco-polyphonie.

Stélio Farandjis, secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie qui vient de présenter le très lourd rapport 1999-2000 sur «L'Etat de la Francophonie dans le Monde» insiste beaucoup sur ce point. La force de la francophonie réside bien dans «sa diversité, son enrichissement multiforme et dans le maintien de son unité qui permet la compréhension» entre les différentes nations. Et l'une des preuves les plus récentes de cette dynamique, c'est l'émergence de l'Arabofrancophonie. Pour les rédacteurs du rapport, le couplage entre la langue française et la langue arabe «est bien réel, et pas seulement chez les élites françaises orientalistes et arabes francisantes, mais chez des jeunes des villes du Maghreb et des banlieues urbaines de France, de Belgique, du Québec».

L'une des véritables avancées de la francophonie se mesure dans certains pays africains où l'effort de scolarisation a été remarquable : le Niger est passé en trente ans de 20 000 à 600 000 élèves. Le nombre d'apprenants du français a aussi sensiblement augmenté depuis 1998 en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Togo, au Sénégal et au Mali, où la natalité a joué mais aussi la scolarisation des filles.

Et qu'en est-il de la rivalité avec la langue anglaise ? Pas de complexe: l'anglophonie est un paradis pour la francophonie puisque le français y est enseigné comme première langue étrangère.

Le recul du français


Mais le français recule, entre autres en Grèce, parce que l'enseignement de deux langues étrangères n'y est pas généralisé, ainsi qu'en Amérique Latine où une «américano-mania» fait que l'on n'exprime plus «la pensée, la modernité, le dynamisme qu'en employant la langue américaine», selon le rapporteur.

Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, a rappelé de son côté qu'une francophonie politique faisait ses premiers pas sur la scène internationale. A Bamako, du 1er au 3 novembre 2000, s'est tenu le Symposium international sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone : une déclaration a été adoptée et un programme d'action élaboré. Ce programme sera présenté à Beyrouth en 2001, au cours du IXème Sommet chefs d'état et de gouvernement . Il s'agira de mettre en £uvre des «politiques de coopération plus intensives pour soutenir les processus démocratiques dans les pays en développement et en transition».

Le rapport «Etat de la Francophonie dans le monde», fort de six cents pages, résulte de l'étude de 30 000 fiches thématiques et de 50 000 pages de réponses à des questionnaires envoyés dans les postes diplomatiques de pays francophones et non francophones. Une somme dont la synthèse est consultable en ligne à l'adresse http://www.hcfrancophonie.org



par Caroline  Koch

Article publié le 14/02/2001