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Répression sur le Web

RSF épingle les ennemis du réseau

Pour la première fois, un rapport de l'association Reporters sans frontières (RSF) recense dans 59 pays (régimes totalitaires ou démocratiques) les entraves à la circulation de l'information sur Internet. Ce rapport soulève une question aussi sensible que complexe : faut-il restreindre la liberté d'expression sur le réseau ?
Des barbelés autour du réseau... C'est ce que dénonce un rapport rédigé en commun par RSF et le magazine Transfert qui traite «des Ennemis d'Internet». Cinquante-neuf pays sont répertoriés qui vont de la Chine où la cybercriminalité est passible de la peine de mort, en passant par la Tunisie où seuls deux fournisseurs d'accès dirigés par des proches de la famille du président Ben Ali ont le droit de desservir les particuliers. Par la Corée du Nord où il n'y a aucun serveur, les sites officiels nord-coréens existent mais sont hébergés à l'étranger. Sans oublier Cuba où posséder un modem sans l'autorisation de l'Etat peut conduire en prison.

Rien d'étonnant que des pays dit totalitaires s'en prennent ainsi à Internet. Plus étonnant, à la lecture de ce rapport, on s'aperçoit que les auteurs d'atteinte à la liberté sur le réseau sont également des pays démocratiques, qui par peur de ne plus le maîtriser, multiplient les tentatives d'encadrement législatif. C'est le cas de la France et de l'Allemagne où la tentation autoritaire est présente, légitime pour lutter contre les nostalgiques du IIIème Reich. La patrie de l'Internet, les Etats-Unis sont également concernés. La révélation du système Carnivore- boîte noire placée chez les fournisseurs d'accès pour permettre au FBI de contrôler toutes les infos électroniques des personnes qu'il veut surveiller- a fait réagir des associations de défense des droits de l'homme.

Liberté totale ou sous contrôle ?

On le sait, la nature et le développement très rapide d'Internet posent de nombreux problèmes techniques, juridiques, sociologiques voire philosophiques. L'actualité récente avec l'affaire Yahoo! illustre cette situation. Le réseau mondial est régulièrement mis en accusation : Internet liberticide, instrument de pornographie, outil du révisionnisme ou refuge des extrémistes politiques de tous bords. Alors, liberté totale ou liberté sous contrôle ? Le débat existe. La censure : une mesure salutaire pour protéger les utilisateurs, mais qui peut remettre en cause la manière dont Internet a été créé et dont il évolue. Une censure qui peut également donner des arguments à tous les régimes totalitaires de la planète. La position de Robert Ménard, secrétaire général de RSF sur ce point, est radicale : «Je préfère une liberté de la presse dangereuse à une non liberté de la presse. Accepter des interdictions du type de l'affaire Yahoo! C'est demain ne plus avoir d'arguments pour dénoncer des affaires que nous jugeons monstrueuses. On peut trouver des idées contestables sans les mettre devant la justice.» Une justice qui, malgré tous ses efforts, a toujours un temps de retard par rapport à la technologie. On l'a encore vu récemment avec Napster, que la justice américaine ferme ou non Napster, d'autres systèmes plus performants ont déjà pris le relais. Les juristes sous-estiment la puissance, la souplesse du réseau et l'inventivité de ceux qui le font.



par Myriam  Berber

Article publié le 02/03/2001