Handicap et Internet
Franck Veillon : «La Net politique est l'un des enjeux majeurs des prochaines années»
Sans Internet, le Collectif des Démocrates Handicapés (CDH) ne serait pas né. Entretien avec Franck Veillon du Comité de pilotage du CDH.
RFI : Pourquoi le CDH a tout misé sur le réseau Internet pour sa création et pour faire parler de son action?
Franck Veillon : Pour un grand nombre de citoyens handicapés, Internet a été le premier compagnon et confident virtuels. Une sorte de «majordome électronique stylé» comme dirait Nicholas Negroponte du Medialab au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ensuite parce qu'on y trouve toujours quelqu'un. On peut voyager et toucher tout de suite un grand nombre de gens tout en restant dans son fauteuil... roulant. Inespéré pour le citoyen handicapé ! Internet fourmille de lieux, d'espaces de rencontre et de discussion idéaux pour élaborer un art de «propagandiser» le futur. Rappelons que c'est Nicholas Negroponte et Myron Krueger, l'inventeur de cet oxymoron qu'est la réalité virtuelle, qui ont eu les premiers l'idée d'utiliser le cyberespace comme médium de communication. D'où l'idée de créer un collectif digital où l'homo groupens symboliserait une démocratie groupale en marche vers l'homo electus. En élisant domicile sur Internet d'abord via une liste de discussion puis via un site web, le CDH a créé ce que j'appelle une «communauté augmentée» entre le monde des valides et des invalides, par référence à la «réalité augmentée» qui enrichit l'interaction humaine entre le monde physique et le monde informatique.
RFI : Le réseau Internet, et notamment les communautés virtuelles peuvent-elles améliorer la situation des personnes handicapées?
F.V : Ces «communautés augmentées» ou «univers-cités virtuelles» préfigurent la cité de demain, un espace stratégique de savoirs, d'apprentissage, de pouvoir et d'action. La communication y est plus aisée, presque hyperbolique : comme on ne connaît pas son interlocuteur, on est plus ouvert que dans la réalité. Les handicapés physiques, qui ont en général du mal à se faire des amis, sont ravis de découvrir que les communautés virtuelles les traitent comme ils ont toujours voulu être traités, c'est-à-dire comme des êtres pensants, communiquant des idées, traduisant des sentiments et non comme des apparences ou telle bizarre façon de marcher ou de parler (voire de ne pas marcher, de ne pas parler...). Ce dont conviennent les membres enthousiastes des communautés virtuelles du Japon, d'Angleterre, de France ou d'Amérique, c'est que les réseaux permettent d'accroître son cercle d'amis et que c'est là un de ses avantages majeurs. Parmi toutes mes expériences immersives dans le cadre de mes recherches sur les espaces cybernétiques, la communauté virtuelle du CDH est certainement celle qui m'a le plus touché en raison de son extraordinaire emprise avec le monde réel. Ici, la communauté décrit une réalité factuelle qui a servi de fondement à sa création. Le handicap est une chance à tous d'apprendre la citoyenneté numérique et physique par la différence.
RFI : Internet : Gadget ou véritable outil de démocratie participative?
F.V: L'homme est un animal politique, c'est-à-dire destiné à vivre en cité au sens aristotélicien du terme, du grec polis, cité. J'ai fait l'expérience in situ pour montrer que les outils «démocratogènes» de l'Internet étaient aussi «politogènes» à l'intérieur qu'à l'extérieur du réseau de réseaux. Le virtuel va changer notre rapport aux choses, à la société, à la politique ! La Net politique est l'un des enjeux majeurs des prochaines années. Les citoyens handicapés avec le CDH apportent un message nouveau. C'est une conception novatrice de la politique française. L'heure de la très tendance « repentance » devrait aussi sonner dans nos institutions spécialisées où les fonds sont plus dépensés en faveur de ceux qui vivent des handicapés qu'en faveur des handicapés eux-mêmes. Lesquels n'ont par ailleurs aucune latitude pour décider si les personnes qui vivent d'eux leur sont utiles ou pas. Le CDH va s'appliquer à ce que l'avenir ne soit interdit à personne. Alors gadget ou outil de démocratie participative? Etant donné l'élection de nos candidats aux conseils municipaux de grandes villes de France, après seulement trois mois d'existence, sur toutes les listes de la Gauche plurielle et de la Droite républicaine qui ont pris en compte nos mesures, dont notamment celle d'être présents dans les organismes qui nous concernent, je vous laisse trouver la réponse
Franck Veillon : Pour un grand nombre de citoyens handicapés, Internet a été le premier compagnon et confident virtuels. Une sorte de «majordome électronique stylé» comme dirait Nicholas Negroponte du Medialab au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ensuite parce qu'on y trouve toujours quelqu'un. On peut voyager et toucher tout de suite un grand nombre de gens tout en restant dans son fauteuil... roulant. Inespéré pour le citoyen handicapé ! Internet fourmille de lieux, d'espaces de rencontre et de discussion idéaux pour élaborer un art de «propagandiser» le futur. Rappelons que c'est Nicholas Negroponte et Myron Krueger, l'inventeur de cet oxymoron qu'est la réalité virtuelle, qui ont eu les premiers l'idée d'utiliser le cyberespace comme médium de communication. D'où l'idée de créer un collectif digital où l'homo groupens symboliserait une démocratie groupale en marche vers l'homo electus. En élisant domicile sur Internet d'abord via une liste de discussion puis via un site web, le CDH a créé ce que j'appelle une «communauté augmentée» entre le monde des valides et des invalides, par référence à la «réalité augmentée» qui enrichit l'interaction humaine entre le monde physique et le monde informatique.
RFI : Le réseau Internet, et notamment les communautés virtuelles peuvent-elles améliorer la situation des personnes handicapées?
F.V : Ces «communautés augmentées» ou «univers-cités virtuelles» préfigurent la cité de demain, un espace stratégique de savoirs, d'apprentissage, de pouvoir et d'action. La communication y est plus aisée, presque hyperbolique : comme on ne connaît pas son interlocuteur, on est plus ouvert que dans la réalité. Les handicapés physiques, qui ont en général du mal à se faire des amis, sont ravis de découvrir que les communautés virtuelles les traitent comme ils ont toujours voulu être traités, c'est-à-dire comme des êtres pensants, communiquant des idées, traduisant des sentiments et non comme des apparences ou telle bizarre façon de marcher ou de parler (voire de ne pas marcher, de ne pas parler...). Ce dont conviennent les membres enthousiastes des communautés virtuelles du Japon, d'Angleterre, de France ou d'Amérique, c'est que les réseaux permettent d'accroître son cercle d'amis et que c'est là un de ses avantages majeurs. Parmi toutes mes expériences immersives dans le cadre de mes recherches sur les espaces cybernétiques, la communauté virtuelle du CDH est certainement celle qui m'a le plus touché en raison de son extraordinaire emprise avec le monde réel. Ici, la communauté décrit une réalité factuelle qui a servi de fondement à sa création. Le handicap est une chance à tous d'apprendre la citoyenneté numérique et physique par la différence.
RFI : Internet : Gadget ou véritable outil de démocratie participative?
F.V: L'homme est un animal politique, c'est-à-dire destiné à vivre en cité au sens aristotélicien du terme, du grec polis, cité. J'ai fait l'expérience in situ pour montrer que les outils «démocratogènes» de l'Internet étaient aussi «politogènes» à l'intérieur qu'à l'extérieur du réseau de réseaux. Le virtuel va changer notre rapport aux choses, à la société, à la politique ! La Net politique est l'un des enjeux majeurs des prochaines années. Les citoyens handicapés avec le CDH apportent un message nouveau. C'est une conception novatrice de la politique française. L'heure de la très tendance « repentance » devrait aussi sonner dans nos institutions spécialisées où les fonds sont plus dépensés en faveur de ceux qui vivent des handicapés qu'en faveur des handicapés eux-mêmes. Lesquels n'ont par ailleurs aucune latitude pour décider si les personnes qui vivent d'eux leur sont utiles ou pas. Le CDH va s'appliquer à ce que l'avenir ne soit interdit à personne. Alors gadget ou outil de démocratie participative? Etant donné l'élection de nos candidats aux conseils municipaux de grandes villes de France, après seulement trois mois d'existence, sur toutes les listes de la Gauche plurielle et de la Droite républicaine qui ont pris en compte nos mesures, dont notamment celle d'être présents dans les organismes qui nous concernent, je vous laisse trouver la réponse
par Propos recueillis par Myriam Berber
Article publié le 14/03/2001
