Congo-Brazzaville
Un dialogue et beaucoup d'absents
«Le dialogue national sans exclusive» censé sceller la réconciliation après une succession de guerres civiles s'est ouvert ce samedi 17 mars à Brazzaville en l'absence des principaux ténors de l'opposition congolaise.
Le «dialogue sans exclusive» qui doit en principe conforter les accords de paix signés le 13 décembre 1999, après trois guerres civiles successives, s'est ouvert ce samedi dans la capitale congolaise. L'événement est présenté par le régime de Brazzaville comme le «couronnement de l'action menée par le gouvernement afin d'arriver à un dialogue avec l'opposition», pour reprendre les termes de l'ambassadeur du Congo à Paris Henri Lopez. Mais sa portée pourrait être sérieusement limitée en raison de l'absence des principaux adversaires du président Denis Sassou Nguesso. A commencer par Pascal Lissouba et Bernard Kolela.
L'absence de l'ancien président et de son premier ministre n'est pas une surprise. Ejectés du pouvoir en octobre 1997, après plusieurs mois de combats sanglants entre leurs milices et celles de l'actuel homme fort de Brazzaville, ils ont respectivement été condamnés par contumace à vingt ans de réclusion et à la peine capitale et sont accusés de génocide. Interrogé par RFI, l'ex-chef de l'Etat a dénoncé à l'avance, ce qu'il considère comme une «mascarade destinée à faire que monsieur Sassou soit le seul candidat» aux prochaines présidentielles. «Si un certain nombre de d'hommes politiques n'éprouvent pas le besoin d'y participer, toutes les tendances sont prévues, y compris celles de ces personnalités», rétorque Henri Lopez.
Martin Mberi, successeur de Lissouba à la tête de l'UPADS (Union panafricaine pour la démocratie sociale), et Michel Mampouya, président intérimaire du MCDDI de Bernard Kolela, respectivement ministres de la construction et de l'Industrie minière, sont toutefois fortement contestés au sein de leurs partis. De plus, Pascal Lissouba et Bernard Kolela ne sont pas les seuls à bouder le rendez-vous de Libreville. Si le Conseil national de la résistance (CNR) du pasteur Ntumi, un des principaux mouvements de milices rebelles, est représenté à Brazzaville, le collectif de seize partis représentant l'opposition intérieure et les deux principales structures regroupant les adversaires du régime en exil ont choisi le boycott. Et ce malgré les efforts d'Omar Bongo, qui avait convié la plupart des protagonistes en milieu de semaine à Libreville .
L'aile la plus modérée, le Front patriotique pour le dialogue et la réconciliation nationale (FPDRN), basé à Paris et dirigé par l'ancien président du Sénat Augustin Poignet, refuse pour l'instant de participer à une réunion «convoquée de manière unilatérale» par Brazzaville. Le FPDRN exige une représentation paritaire des partis politiques et de la société civile dans la commission préparatoire au dialogue, actuellement dominée par des représentants du gouvernement, pour «définir un ordre du jour consensuel et retenir le lieu du dialogue». «Sur le plan de l'organisation Omar Bongo, le médiateur, devrait avoir la responsabilité d'organiser ce dialogue puisque l'accord de paix lui confie cette tâche, souligne par ailleurs Ange Edouard Poungui, vice-président du Front. Ensuite, le gouvernement a voulu limiter ce dialogue à une consultation autour d'un projet de constitution. Ce n'est pas la constitution qui pose problème.»
La frange «radicale» de l'opposition extérieure, le Collectif des exilés et démocrates congolais de l'extérieur (CEDCE), dirigée par l'ex-grand argentier de Lissouba Nguila Moungounga Nkombo, va plus loin. Fidèle à la position de l'ancien président, qui se considère toujours comme le chef de l'Etat légitime, le CEDCE nie toute légitimité à Denis Sassou Nguesso et conteste la personnalité du médiateur Omar Bongo, accusé de partialité en raison de ses liens avec Denis Sassou Nguesso, dont il est le gendre.
A Brazzaville, le régime veut malgré tout mettre en branle un processus qui doit s'étaler sur plusieurs mois. Avec comme première étape un débat décentralisé dans les régions et les communes, qui devront désigner leurs représentants à la convention nationale qui se tiendra du 11 au 14 avril et où sera discuté le projet de constitution. «Méthode typique du système de parti unique visant à écarter les principaux adversaires de Denis Sassou Nguesso», estiment ses adversaires. «Manière de pouvoir faire naître des institutions acceptées de tous», répond l'entourage de ce dernier. L'incompréhension semble totale. Mais la porte n'est pas entièrement fermée. A Libreville, où ils ont rencontré Omar Bongo, des représentants de l'opposition interne, du CNR et du FPDRN se sont mis d'accord sur la mise en place d'un comité technique chargé de recueillir les propositions et de préparer la seconde phase du dialogue. Placé auprès du médiateur, il doit en principe comprendre des représentants du gouvernement, des partis politiques et de la société civile et décider de l'ordre du jour.
Le président gabonais, qui a exhorté l'opposition à ne pas boycotter le processus lors de la cérémonie d'ouverture du 17 mars, estime qu'il s'agit d'une concession importante. «Je voudrais prendre à témoin la communauté internationale qu'il n'existe aucun prétexte pour ne pas prendre part au dialogue national»,a-t-il souligné devant ses homologues centrafricain, de RDC, d'Angola, du Cap Vert et de la Guinée-Equatoriale, conviés à Brazzaville par Denis Sassou Nguesso. Pour l'instant, seule l'opposition armée du CNR, qui a envoyé une délégation dans la capitale congolaise, a entendu son appel.
L'absence de l'ancien président et de son premier ministre n'est pas une surprise. Ejectés du pouvoir en octobre 1997, après plusieurs mois de combats sanglants entre leurs milices et celles de l'actuel homme fort de Brazzaville, ils ont respectivement été condamnés par contumace à vingt ans de réclusion et à la peine capitale et sont accusés de génocide. Interrogé par RFI, l'ex-chef de l'Etat a dénoncé à l'avance, ce qu'il considère comme une «mascarade destinée à faire que monsieur Sassou soit le seul candidat» aux prochaines présidentielles. «Si un certain nombre de d'hommes politiques n'éprouvent pas le besoin d'y participer, toutes les tendances sont prévues, y compris celles de ces personnalités», rétorque Henri Lopez.
Martin Mberi, successeur de Lissouba à la tête de l'UPADS (Union panafricaine pour la démocratie sociale), et Michel Mampouya, président intérimaire du MCDDI de Bernard Kolela, respectivement ministres de la construction et de l'Industrie minière, sont toutefois fortement contestés au sein de leurs partis. De plus, Pascal Lissouba et Bernard Kolela ne sont pas les seuls à bouder le rendez-vous de Libreville. Si le Conseil national de la résistance (CNR) du pasteur Ntumi, un des principaux mouvements de milices rebelles, est représenté à Brazzaville, le collectif de seize partis représentant l'opposition intérieure et les deux principales structures regroupant les adversaires du régime en exil ont choisi le boycott. Et ce malgré les efforts d'Omar Bongo, qui avait convié la plupart des protagonistes en milieu de semaine à Libreville .
L'aile la plus modérée, le Front patriotique pour le dialogue et la réconciliation nationale (FPDRN), basé à Paris et dirigé par l'ancien président du Sénat Augustin Poignet, refuse pour l'instant de participer à une réunion «convoquée de manière unilatérale» par Brazzaville. Le FPDRN exige une représentation paritaire des partis politiques et de la société civile dans la commission préparatoire au dialogue, actuellement dominée par des représentants du gouvernement, pour «définir un ordre du jour consensuel et retenir le lieu du dialogue». «Sur le plan de l'organisation Omar Bongo, le médiateur, devrait avoir la responsabilité d'organiser ce dialogue puisque l'accord de paix lui confie cette tâche, souligne par ailleurs Ange Edouard Poungui, vice-président du Front. Ensuite, le gouvernement a voulu limiter ce dialogue à une consultation autour d'un projet de constitution. Ce n'est pas la constitution qui pose problème.»
La frange «radicale» de l'opposition extérieure, le Collectif des exilés et démocrates congolais de l'extérieur (CEDCE), dirigée par l'ex-grand argentier de Lissouba Nguila Moungounga Nkombo, va plus loin. Fidèle à la position de l'ancien président, qui se considère toujours comme le chef de l'Etat légitime, le CEDCE nie toute légitimité à Denis Sassou Nguesso et conteste la personnalité du médiateur Omar Bongo, accusé de partialité en raison de ses liens avec Denis Sassou Nguesso, dont il est le gendre.
A Brazzaville, le régime veut malgré tout mettre en branle un processus qui doit s'étaler sur plusieurs mois. Avec comme première étape un débat décentralisé dans les régions et les communes, qui devront désigner leurs représentants à la convention nationale qui se tiendra du 11 au 14 avril et où sera discuté le projet de constitution. «Méthode typique du système de parti unique visant à écarter les principaux adversaires de Denis Sassou Nguesso», estiment ses adversaires. «Manière de pouvoir faire naître des institutions acceptées de tous», répond l'entourage de ce dernier. L'incompréhension semble totale. Mais la porte n'est pas entièrement fermée. A Libreville, où ils ont rencontré Omar Bongo, des représentants de l'opposition interne, du CNR et du FPDRN se sont mis d'accord sur la mise en place d'un comité technique chargé de recueillir les propositions et de préparer la seconde phase du dialogue. Placé auprès du médiateur, il doit en principe comprendre des représentants du gouvernement, des partis politiques et de la société civile et décider de l'ordre du jour.
Le président gabonais, qui a exhorté l'opposition à ne pas boycotter le processus lors de la cérémonie d'ouverture du 17 mars, estime qu'il s'agit d'une concession importante. «Je voudrais prendre à témoin la communauté internationale qu'il n'existe aucun prétexte pour ne pas prendre part au dialogue national»,a-t-il souligné devant ses homologues centrafricain, de RDC, d'Angola, du Cap Vert et de la Guinée-Equatoriale, conviés à Brazzaville par Denis Sassou Nguesso. Pour l'instant, seule l'opposition armée du CNR, qui a envoyé une délégation dans la capitale congolaise, a entendu son appel.
par Christophe Champin
Article publié le 17/03/2001