France Afrique
Le procès Verschave: la «bonne foi» en question
Le procès intenté par les présidents tchadien, gabonais, et congolais contre François-Xavier Verschave, l'auteur de «Noir Silence. Qui arrêtera la Françafrique ?» s'est achevé mercredi soir et a été mis en délibéré au 25 avril. Ni preuve, ni révélations mais les audiences auront eu le mérite de lever un coin du voile sur les relations passionnelles entre la France et l'Afrique.
Au terme de trois demi-journées, successivement consacrées au Congo, au Tchad et au Gabon, le procureur a demandé jeudi à la Cour de reconnaître «la bonne foi» des prévenus, (l'auteur et son éditeur), argant du caractère «militant» du livre, véritable brûlot sur les relations entre la France et l'Afrique. Les deux prévenus risquent chacun 300 000 francs d'amende.
Défendus par Me Jacques Vergès, les trois présidents africains ont porté plainte pour «offense à chef d'Etat étranger», en vertu d'une loi française de 1881. Mais contrairement aux procédures en diffamation, cette loi, «réminiscence de l'ancien crime de lèse-majesté» selon le procureur général, ne permet pas au prévenu de proposer une preuve de ses assertions. D'où une certaine déception qui était palpable sur les bancs réservés aux journalistes. Aucune preuve n'est venue étayer les affirmations du président de l'association «Survie». De même, les partisans de François-Xavier Verschave, certains d'entre eux arborant un tee shirt à l'effigie du livre «Noir silence», semblent être restés sur leur faim.
Alors que les forces de l'ordre refusaient du monde à l'entrée de la 17e chambre correctionnelle, à l'intérieur, dans une salle surchauffée et comble, Me Jacques Vergès s'est livré à une longue et morne plaidoirie. Celle-ci a consisté à démonter l'argumentation de Verschave, citations laconiques de l'ouvrage à l'appui, le très médiatique avocat fustigeant une succession de «contre-vérités», de «falsifications» et «la méthode des désinformateurs». «On a le droit de s'indigner mais pas de déformer», a poursuivi Vergès.
«Tintin qui ne va pas au Congo»
Précédant Me Vergès, l'un des avocats des parties civiles avait qualifié François-Xavier Verschave de «Tintin des droits de l'homme». «Monsieur Verschave est un Tintin qui ne va pas au Congo de peur de rencontrer le lion», a-t-il dit, ralliant ici le manque d'expérience de terrain du président de Survie, qui reconnaît lui-même qu'il ne connaît pas certains pays africains. Grincements de dents et rires étouffés dans la salle.
Dernier témoin entendu - parmi la vingtaine de témoignages présentés par la défense - Claude Angeli, rédacteur en chef du Canard enchaîné. Non sans ironie, celui-ci a affirmé qu'il était difficile de penser que les chefs d'Etat africains incriminés «sont des défenseurs des droits de l'homme, qu'ils ont été élus régulièrement et que leur fortune provient de leurs indemnités».
Depuis le début du procès, le 28 février dernier, la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a vu défiler à la barre toute une série d'opposants aux régimes des chefs d'Etats plaignants. Lors de la deuxième audience, une dizaine de témoins étaient ainsi cités à comparaître. Parmi eux, le député Ngarléjy Yorongar, opposant irréductible au président Idriss Déby, qui s'est livré à un réquisitoire en bonne et due forme contre l'homme fort de N'Djamena.
Forte de cette vingtaine de témoignages, la défense a protesté de sa bonne foi en réitérant ses principales accusations de crimes contre l'humanité contre Denis Sassou N'Guesso, de corruption envers Omar Bongo et de fausse monnaie contre le tchadien Idriss Déby. A défaut de preuves tangibles, le procès aura eu le mérite d'évoquer au grand jour certains aspects sombres de la politique française en Afrique et d'attirer l'attention de l'opinion sur l'action des militants «anti- Françafrique». Jugement le 25 avril.
Défendus par Me Jacques Vergès, les trois présidents africains ont porté plainte pour «offense à chef d'Etat étranger», en vertu d'une loi française de 1881. Mais contrairement aux procédures en diffamation, cette loi, «réminiscence de l'ancien crime de lèse-majesté» selon le procureur général, ne permet pas au prévenu de proposer une preuve de ses assertions. D'où une certaine déception qui était palpable sur les bancs réservés aux journalistes. Aucune preuve n'est venue étayer les affirmations du président de l'association «Survie». De même, les partisans de François-Xavier Verschave, certains d'entre eux arborant un tee shirt à l'effigie du livre «Noir silence», semblent être restés sur leur faim.
Alors que les forces de l'ordre refusaient du monde à l'entrée de la 17e chambre correctionnelle, à l'intérieur, dans une salle surchauffée et comble, Me Jacques Vergès s'est livré à une longue et morne plaidoirie. Celle-ci a consisté à démonter l'argumentation de Verschave, citations laconiques de l'ouvrage à l'appui, le très médiatique avocat fustigeant une succession de «contre-vérités», de «falsifications» et «la méthode des désinformateurs». «On a le droit de s'indigner mais pas de déformer», a poursuivi Vergès.
«Tintin qui ne va pas au Congo»
Précédant Me Vergès, l'un des avocats des parties civiles avait qualifié François-Xavier Verschave de «Tintin des droits de l'homme». «Monsieur Verschave est un Tintin qui ne va pas au Congo de peur de rencontrer le lion», a-t-il dit, ralliant ici le manque d'expérience de terrain du président de Survie, qui reconnaît lui-même qu'il ne connaît pas certains pays africains. Grincements de dents et rires étouffés dans la salle.
Dernier témoin entendu - parmi la vingtaine de témoignages présentés par la défense - Claude Angeli, rédacteur en chef du Canard enchaîné. Non sans ironie, celui-ci a affirmé qu'il était difficile de penser que les chefs d'Etat africains incriminés «sont des défenseurs des droits de l'homme, qu'ils ont été élus régulièrement et que leur fortune provient de leurs indemnités».
Depuis le début du procès, le 28 février dernier, la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris a vu défiler à la barre toute une série d'opposants aux régimes des chefs d'Etats plaignants. Lors de la deuxième audience, une dizaine de témoins étaient ainsi cités à comparaître. Parmi eux, le député Ngarléjy Yorongar, opposant irréductible au président Idriss Déby, qui s'est livré à un réquisitoire en bonne et due forme contre l'homme fort de N'Djamena.
Forte de cette vingtaine de témoignages, la défense a protesté de sa bonne foi en réitérant ses principales accusations de crimes contre l'humanité contre Denis Sassou N'Guesso, de corruption envers Omar Bongo et de fausse monnaie contre le tchadien Idriss Déby. A défaut de preuves tangibles, le procès aura eu le mérite d'évoquer au grand jour certains aspects sombres de la politique française en Afrique et d'attirer l'attention de l'opinion sur l'action des militants «anti- Françafrique». Jugement le 25 avril.
par Sylvie Berruet
Article publié le 08/03/2001