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Droits de l''Homme

Mary Robinson bientôt sur le départ

Mary Robinson, Haut-Commissaire aux droits de l'homme à Genève depuis 1997, ne renouvelle pas son mandat en septembre prochain. Nommée à cette fonction par le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, cette ancienne présidente irlandaise, âgée de 56 ans, a annoncé sa décision lundi, expliquant les «contraintes» et les «difficultés» de son action, résultant principalement du manque de ressources de ses services.
On la savait déterminée. On connaissait son franc-parler. Mais c'est avec surprise que l'annonce faite par Mary Robinson de ne pas se représenter, en septembre prochain à la tête du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme à Genève est ressentie. Cette avocate, diplômée de prestigieuses universités anglaise et américaine, ayant connu Oxford et Harvard, et qui s'est occupée des droits de l'Homme dans son Irlande natale, a expliqué que sa décision n'a pas été facile à prendre et qu'elle peut décevoir. Mais, pour elle, qui avait déjà défrayé la chronique en 1977 en renonçant à se présenter pour un second mandat de sept ans à la présidence de l'Irlande, sa tâche à Genève, a été extrêmement difficile et lourde de défis, tout en étant gratifiante.

Alors, pourquoi cette décision de Mary Robinson ? Pour le Haut Commissaire aux droits de l'homme, ce sont des problèmes d'intendance, et surtout budgétaires, qui sont à l'origine de sa décision. Et d'expliquer : «les contraintes que nous rencontrons au sein du Haut Commissariat résultent du fait que nous avons un mandat vaste et très ambitieux, la promotion et la protection des droits de l'homme, et pourtant nous recevons moins de 2 % du budget global de l'ONU». Rappelons qu'en 2000 le Haut Commissariat a reçu 44 millions de dollars de contributions volontaires, soit deux fois la somme qui lui est allouée sur le budget de l'ONU. Pour Mary Robinson, «il existe un fossé entre les belles paroles servies par tant de représentants des gouvernements parlant des droits de l'homme et le fait d'allouer moins de 2 % du budget principal de l'ONU à l'action en faveur des droits de l'homme».

Somalie, Rwanda

L'ancienne présidente irlandaise a rendu hommage à l'actuel secrétaire général de l'ONU pour son action en faveur des droits de l'homme. Un dossier que Mary Robinson ne délaissera pas pour autant : cette femme, qui refusait d'inaugurer les chrysanthèmes dans son Irlande en pleine mutation économique, et qui très tôt s'est engagée en faveur des défavorisés et des laissés pour compte de la planète, et qui s'est rendue entre autres en 1992 en Somalie en pleine famine, puis au Rwanda avant et après le génocide de 1994, aura réussi, grâce à son interventionnisme, et son passé de militante, à nourrir de grands espoirs auprès de tous les défenseurs des droits de l'homme à travers le monde. Mais le poids des relations internationales, comme celui du fonctionnement des Nations unies, associant membres et organisations non gouvernementales, ont parfois eu raison de la force de sa voix et de son franc-parler. C'est avec regret que cette avocate n'a pas réussi à infléchir, par exemple, la volonté de Moscou d'écraser la révolte des Tchétchènes, ni convaincre Pékin d'accepter une totale liberté d'opinion au Tibet ou ailleurs, et les Israéliens de desserrer l'étau autour des Palestiniens.

D'ici la fin de son mandat, Mary Robinson a encore des dossiers à régler en matière de droits de l'homme : en particulier la conférence mondiale de septembre contre le racisme et la discrimination à Durban, en Afrique du sud. L'occasion de faire entendre, une fois encore, à n'en pas douter, sa voix et sa détermination.



par Pierre  Delmas (avec AFP)

Article publié le 20/03/2001