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Commerce

La fin de la «<i>guerre de la banane</i>»

L'Union européenne et les Etats-Unis sont parvenus à un compromis dans le différend commercial qui les oppose depuis des années. L'Afrique devrait en faire les frais.
Plus de bananes d'Amérique latine, moins de bananes d'Afrique, voilà résumé en deux mots l'accord entre les Européens et les Américains annoncé hier à Bruxelles et fixant les grandes lignes du marché européen de la banane. Après neuf années de conflits entre Bruxelles et Washington, les Européens estiment avoir sauvegardé l'essentiel en préservant un marché réglementé dont ils gardent le contrôle. Ce ne sera pas tout à fait la loi de la jungle, car chaque groupe de pays se verra accorder un contingent d'importation avec des droits de douane plus ou moins élevés selon la situation de ces pays.

Mais les Européens ont accepté de réduire le contingent réservé à leurs anciennes colonies d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (les pays ACP) au bénéfice des grands producteurs d'Amérique latine que sont les Equatoriens. Les pays ACP n'auront le droit d'importer que sept cent cinquante mille tonnes avec des droits réduits, contre huit cent cinquante mille précédemment. A Bruxelles, on explique que de toute façon ces pays n'arrivaient pas à exporter plus de sept cent mille tonnes.

Les Ivoiriens «lâchés» par l'Europe

Mais les Ivoiriens qui sont parmi les plus gros producteurs africains estiment que cette décision est un véritable lâchage de l'Europe. Tout développement des plantations de bananes leur est dorénavant interdit. Les producteurs africains sont d'autant plus mécontents qu'ils considèrent qu'on réserve un très sort très privilégié à leurs concurrents des Caraïbes, dont la production est en chute libre depuis quelques années. Ainsi Ste Lucie qui n'a exporté que soixante dix mille tonnes l'an dernier se voit octroyer un droit d'exporter de cent mille tonnes, comme il y a six ans. C'est à dire que les producteurs de Ste Lucie vont bénéficier de licences supérieures à leurs capacités de production. Des licences qui sont négociables et que les Africains seront donc obligés de racheter s'ils veulent augmenter leur production. Une pratique que les producteurs africains considèrent comme une taxe supplémentaire très dure à avaler alors qu'on leur confisque déjà cent mille tonnes de bananes.

Retrouvez chaque jour la chronique des matières premières de Jean-Pierre Boris



par Jean-Pierre  Boris

Article publié le 12/04/2001