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Sommet des Amériques

Divergences et contestations à Québec

Le 3e Sommet des Amériques s'est ouvert à Québec (Canada) vendredi soir, avec plus d'une heure de retard à la suite d'incidents entre police et manifestants anti-mondialisation. Ceux-ci sont parvenus à ouvrir une brèche sur le «mur de la honte», la barrière ceinturant les lieux de négociations et les hôtels des délégations. Mais cette contestation n'a pas empêché les trente-quatre chefs de l'Etat et de gouvernement du continent d'ouvrir leurs travaux. Et de prendre aussitôt acte des divergences qui les opposent sur le projet de zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) cher à Bush junior.
C'est le président brésilien Henrique Cardoso, très réticent vis-à-vis de ce projet, qui a rappelé que la ZLEA «serait inutile et, dans la pire des hypothèses, indésirable», si elle «ne constitue pas un pas en avant vers un accès aux marchés les plus dynamiques, vers des règles partagées en matière anti-dumping» et à condition de supprimer les règles non-tarifaires. Pour Cardoso, comme pour d'autres présidents latino-américains, le libre-échange est « un instrument au service du développement et de la justice », et les bénéficies liés au libre-échange «doivent être partagés entre tous les participants». Le président brésilien a ensuite exprimé l'espoir que le grand absent du sommet - le Cubain Fidel Castro - puisse en faire partie «dans un proche avenir». Et le «lider maximo» de lui répondre indirectement depuis La Havane en assurant les manifestants anti-mondialisation de son soutien et de son «admiration».

Bush: «le commerce aide à étendre la liberté»

En revanche le président des Etats-Unis George W. Bush a souligné son «désaccord complet» avec les manifestants, «des gens qui n'aiment pas le commerce» ; alors que «le commerce non seulement aide à répandre la prospérité, mais il aide à étendre la liberté». En réalité, trois mois seulement après son accession à la Maison blanche, le président Bush doit faire face à une double contestation du leadership des Etats-Unis, dans les domaines du commerce international et de l'environnement. Sa décision de ne pas mettre en application le protocole de Kyoto et sa volonté d'établir une sorte de marché commun américain suscite de nombreuses critiques des deux côtés de l'Atlantique. Et ce d'autant plus que ces décisions ont pris de court les partenaires traditionnels des Etats-Unis et n'ont visiblement pas été prises dans un climat de transparence et de concertation préalable.

Ces derniers mois de nombreux pays d'Amérique latine - comme le Venezuela de Hugo Chavez - n'ont pas caché leur désaccord avec la stratégie américaine : ils estiment qu'il convient d'abord de renforcer les alliances régionales existantes, en Amérique centrale, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud, comme le Pacte andin ou le Mercosur, avant de mettre un place un «marché commun des Amériques».

Au nom de l'Union européenne, Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce, a déclaré pour sa part vendredi que l'Union européenne doit rester vigilante face à ce projet de grande zone de libre-échange sur tout le continent américain : «L'UE est un partenaire commercial beaucoup plus important pour l'Amérique latine que les Etats-Unis. Nous y avons des positions qui ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Mis nous devons être vigilants». Et Lamy de rappeler que l'Europe a déjà pris les devants en entamant des négociations avec le Mercosur (qui regroupe l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay) et le Chili.



par Elio  Comarin

Article publié le 21/04/2001

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