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Sectes

Procès d'un massacre

Le procès de l'Ordre du Temple Solaire s'est ouvert mardi après-midi Grenoble en Isère. Mais, il semble que les débats se dérouleront dans l'ancien musée de la ville en présence du principal accusé : Michel Tabachnik qui se considère comme un bouc émissaire et qui nie les faits qui lui sont reprochés par la justice.
Le procès de la secte «Ordre du Temple solaire»(OTS) s'est ouvert ce mardi après-midi à Grenoble (Isère) en présence du principal accusé et va durer quinze jours. Quinze jours durant lesquels la justice française va tenter de démêler une affaire compliquée : la mort de 74 adeptes de l'OTS de 1994 à 1997 en France, au Canada et en Suisse. Mais ce sera juste pour la pédagogie. Même si le principal mis en cause de ce procès Michel Tabachnik, 58 ans, ressortissant suisse, qui avait annoncé ne pas se rendre à l'audience car «il n'a pas vocation à être un bouc-émissaire et qu'il n'a rien à faire sur le banc des accusés», s'est rétracté au dernier moment.

Seule personne poursuivie dans cette affaire, Michel Tabachnik est accusé de «participation à une association de malfaiteur ». Il est soupçonné d'être l'un des responsables de la secte, ce qu'il a toujours nié depuis le début de l'enquête. Aucun élément n'a pu à ce jour accréditer son implication dans les massacres de l'OTS. Même si la justice lui reproche d'être le complice des gourous de la secte, Jo Di Mambro et Luc Jouret mort dans un massacre collectif en Suisse.

Ainsi, selon le juge Luc Fontaine chargé de l'affaire,«en rédigeant et diffusant un enseignement doctrinal destiné à conditionner les individus dans l'idée qu'ils appartiennent à une élite, investie d'une mission rédemptrice et à créer une dynamique homicide, en annonçant, la fin de l'ordre dont l'aboutissement était la commision de crimes, Michel Tabachnik a participé à une association de malfaiteurs

Tabachnik, le numéro 3 de la secte

De fait, entre 1994 et 1997, des membres de l'OTS avaient trouvé la mort dans des conditions dramatiques et floues : en France, seize corps carbonisés dont ceux de trois enfants avaient été retrouvés le 23 décembre 1995 en Isère ; au Canada, cinq membres de la secte ont été découverts morts dans des conditions similaires le 4 octobre 1994 ; en Suisse, dans les villages de Salvan et Cheiry, 25 et 23 adeptes ont été retrouvés morts après avoir été drogués.

C'est, le 12 juillet 1983 que Michel Tabachnick, chef d'orchestre, fonde à Genève avec Jo Di Mambro la «Golden Way Foundation» dont l'objet social est le «maintien de la santé physique et mentale de l'homme par des voies naturelles par son développement et son évolution spirituelle». La fondation s'est aussi donné pour but de pratiquer des liens d'amitié entre ses membres ce qui «n'empêche pas ce groupe de pratiquer la sodomie rituelle» selon le témoignage de Henri Sessou, l'un des membres de l'OTS.

L'année suivante, Jo Di Mambro et Michel Tabachnik créent un ordre international de tradition solaire où ce dernier a le titre d'ambassadeur. Sept ans plus tard, en 1991, l'organisation est remplacée par l'ordre du temple solaire OTS dont les noms des responsables devaient rester secrets.

Dans l'OTS les nouveaux venus sont les «frères du parvis», habillés d'une aube blanche, puis «chevaliers de l'Alliance», vêtus de cape blanche et les frères des temps anciens en cape rouge. Au-dessus d'eux les «frères aînés»de la Rose-Croix, une organisation mal défini dont le président est Michel Tabachnik ce qui fait de lui le numéro trois de la secte.

C'est à ce titre que le 9 juillet et le 24 septembre, onze jours avant les drames de Cheiry et de Salvan, au cours d'une réunion à Avignon (Provence ) M.Tabachnik, vêtu de noir (il précise qu'il s'agit d'un symbole de deuil), annonce que les «plus hauts dans la hiérarchie se retirent», la fin de l'ordre et «l'étape irréversible du retour vers le père». un retour vers le père qui, selon les mots du chef d'orchestre suisse, «ne s'effectue qu'en s'extrayant par transformation de la densité de la matière et les adeptes devraient apprendre «à tolérer l'intolérable».



par Abissiri  Fofana

Article publié le 17/04/2001