Agriculture
Un «riz miracle» pour l'Afrique
Une nouvelle variété de riz vient d'être mise au point. Cet hybride baptisé Nerica, est destiné à l'Afrique. Il produit plus, plus vite, et résiste mieux aux maladies ou à la sécheresse. Il a été mis au point avec les cultivateurs du continent.
De notre correspondant à New York
L'association de développement du riz en Afrique de l'Ouest a mis au point une nouvelle espèce de riz, avec l'aide de l'ONU. C'est un croisement entre le riz africain et le riz asiatique. Cet hybride baptisé Nerica, nouveau riz pour l'Afrique en anglais, produit plus, plus vite, et résiste mieux aux maladies ou à la sécheresse. Il a été spécialement conçu pour les paysans les plus démunis, avec leur aide.
C'était devenu un rêve de chercheurs, ces quarante dernières années. Comment croiser des plants de riz africain et asiatique, pour produire une nouvelle plante, cumulant les qualités des deux espèces, sans en avoir les défauts? Le riz traditionnel africain est très résistant à toutes les formes de stress : maladie, sécheresse, parasites... Malheureusement, ses rendements sont très faibles. Le riz asiatique présente les caractéristiques contraires. Il pousse en abondance, mais nécessite beaucoup d'eau, donc on ne peut le cultiver sans un système d'irrigation.
Durant des années, les chercheurs de l'Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest (ADRAO) ont patiemment sélectionné les meilleurs plants des deux espèces. Ils les ont inlassablement croisés, créant des hybrides avec l'aide des dernières avancées de la biotechnologie. Restait un obstacle: rendre fertile la nouvelle plante artificiellement créée. Finalement, ils l'ont surmonté, et leur découverte s'appelle Nerica, new rice for Africa (nouveau riz pour l'Afrique), elle est viable et n'a rien de transgénique.
Le Nerica affiche des caractéristiques propres à susciter l'enthousiasme de tout paysan normalement constitué. D'après le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le nouveau riz pour l'Afrique augmente les rendements de 50%, sans engrais. Il arrive à maturité avec plus d'un mois d'avance sur les riz traditionnels, il est plus riche en protéines, plus résistant à la maladie, à la sécheresse et aux nuisibles qui sévissent en Afrique de l'ouest. Même les mauvaises herbes ont du mal à pousser à proximité, car le Nerica les prend de vitesse. Et surtout c'est un riz dit "pluvial", qui se passe aisément d'irrigation et se cultive de la même manière que le riz traditionnel. Il pousse déjà en Guinée et en Côte d'Ivoire, où il est commercialisé.
700 millions de francs d'économie par an pour l'Afrique
«C'est un riz presque parfait», explique Peter Matlon, expert du PNUD. «Il peut pousser dans presque tous les pays d'Afrique de l'Ouest, sauf les zones sahéliennes. Selon les économistes de l'ADRAO, un taux d'adoption de 25 % permettrait à la région d'économiser 100 millions de dollars (700 millions de francs) chaque année sur l'import de riz». Des pays comme le Sénégal, le Mali, le Niger, la Côte d'Ivoire ou la Guinée, où le riz est un aliment de base, seront les premiers bénéficiaires. Les revenus et les réserves de riz des paysans les plus démunis devraient augmenter en flèche. «C'est un exemple parfait de la manière dont la science peut être mise au service de la réduction de la pauvreté, poursuit Peter Matlon. On est très fier de cette découverte.»
Le rôle des femmes africaines a été déterminant pour mener à bien le projet. Le plus souvent, en Afrique de l'Ouest, ce sont elles qui cultivent le riz pluvial. Elles ont apporté leur expertise, tout en faisant part de leurs préférences. «Il fallait un goût adapté à l'Afrique, car le goût du riz traditionnel africain plait, surtout dans les campagnes au moment des fêtes, explique Mamadou Bah, attaché de presse du PNUD. Il a fallu donner ce goût au Nerica pour lui assurer un succès». «Grâce à cette approche participative», ajoute Peter Matlon, «nous sommes certains que ce riz va satisfaire le besoin des paysans, et qu'ils vont l'adopter.»
Du 9 au 12 avril prochain, l'ADRAO organise un séminaire à Bouaké, en Côte d'Ivoire, lieu de naissance du «riz miracle», comme l'appellent ses créateurs. L'objectif de la réunion sera de définir une stratégie pour développer la culture du Nerica, qui devrait devenir majoritaire en Afrique de l'ouest dans les dix prochaines années selon les spécialistes. Le Japon, la Banque mondiale, USAID, la fondation Rockfeller et la banque africaine de développement apportent leur soutien au projet. D'ores et déjà, des pays d'Asie, comme l'Indonésie ou la Malaisie, ont demandé des semences. «Au cours de ces expériences, on a eu un transfert de technologie de l'Afrique vers l'Asie, ce qui est une première», se réjouit Mamadou Bah. Un miracle de plus à mettre au crédit du Nerica.
L'association de développement du riz en Afrique de l'Ouest a mis au point une nouvelle espèce de riz, avec l'aide de l'ONU. C'est un croisement entre le riz africain et le riz asiatique. Cet hybride baptisé Nerica, nouveau riz pour l'Afrique en anglais, produit plus, plus vite, et résiste mieux aux maladies ou à la sécheresse. Il a été spécialement conçu pour les paysans les plus démunis, avec leur aide.
C'était devenu un rêve de chercheurs, ces quarante dernières années. Comment croiser des plants de riz africain et asiatique, pour produire une nouvelle plante, cumulant les qualités des deux espèces, sans en avoir les défauts? Le riz traditionnel africain est très résistant à toutes les formes de stress : maladie, sécheresse, parasites... Malheureusement, ses rendements sont très faibles. Le riz asiatique présente les caractéristiques contraires. Il pousse en abondance, mais nécessite beaucoup d'eau, donc on ne peut le cultiver sans un système d'irrigation.
Durant des années, les chercheurs de l'Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest (ADRAO) ont patiemment sélectionné les meilleurs plants des deux espèces. Ils les ont inlassablement croisés, créant des hybrides avec l'aide des dernières avancées de la biotechnologie. Restait un obstacle: rendre fertile la nouvelle plante artificiellement créée. Finalement, ils l'ont surmonté, et leur découverte s'appelle Nerica, new rice for Africa (nouveau riz pour l'Afrique), elle est viable et n'a rien de transgénique.
Le Nerica affiche des caractéristiques propres à susciter l'enthousiasme de tout paysan normalement constitué. D'après le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le nouveau riz pour l'Afrique augmente les rendements de 50%, sans engrais. Il arrive à maturité avec plus d'un mois d'avance sur les riz traditionnels, il est plus riche en protéines, plus résistant à la maladie, à la sécheresse et aux nuisibles qui sévissent en Afrique de l'ouest. Même les mauvaises herbes ont du mal à pousser à proximité, car le Nerica les prend de vitesse. Et surtout c'est un riz dit "pluvial", qui se passe aisément d'irrigation et se cultive de la même manière que le riz traditionnel. Il pousse déjà en Guinée et en Côte d'Ivoire, où il est commercialisé.
700 millions de francs d'économie par an pour l'Afrique
«C'est un riz presque parfait», explique Peter Matlon, expert du PNUD. «Il peut pousser dans presque tous les pays d'Afrique de l'Ouest, sauf les zones sahéliennes. Selon les économistes de l'ADRAO, un taux d'adoption de 25 % permettrait à la région d'économiser 100 millions de dollars (700 millions de francs) chaque année sur l'import de riz». Des pays comme le Sénégal, le Mali, le Niger, la Côte d'Ivoire ou la Guinée, où le riz est un aliment de base, seront les premiers bénéficiaires. Les revenus et les réserves de riz des paysans les plus démunis devraient augmenter en flèche. «C'est un exemple parfait de la manière dont la science peut être mise au service de la réduction de la pauvreté, poursuit Peter Matlon. On est très fier de cette découverte.»
Le rôle des femmes africaines a été déterminant pour mener à bien le projet. Le plus souvent, en Afrique de l'Ouest, ce sont elles qui cultivent le riz pluvial. Elles ont apporté leur expertise, tout en faisant part de leurs préférences. «Il fallait un goût adapté à l'Afrique, car le goût du riz traditionnel africain plait, surtout dans les campagnes au moment des fêtes, explique Mamadou Bah, attaché de presse du PNUD. Il a fallu donner ce goût au Nerica pour lui assurer un succès». «Grâce à cette approche participative», ajoute Peter Matlon, «nous sommes certains que ce riz va satisfaire le besoin des paysans, et qu'ils vont l'adopter.»
Du 9 au 12 avril prochain, l'ADRAO organise un séminaire à Bouaké, en Côte d'Ivoire, lieu de naissance du «riz miracle», comme l'appellent ses créateurs. L'objectif de la réunion sera de définir une stratégie pour développer la culture du Nerica, qui devrait devenir majoritaire en Afrique de l'ouest dans les dix prochaines années selon les spécialistes. Le Japon, la Banque mondiale, USAID, la fondation Rockfeller et la banque africaine de développement apportent leur soutien au projet. D'ores et déjà, des pays d'Asie, comme l'Indonésie ou la Malaisie, ont demandé des semences. «Au cours de ces expériences, on a eu un transfert de technologie de l'Afrique vers l'Asie, ce qui est une première», se réjouit Mamadou Bah. Un miracle de plus à mettre au crédit du Nerica.
par Philippe Bolopion
Article publié le 07/04/2001