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Massao

Quand l'Afrique est une femme

La musique s'installe aux carrefours de la capitale économique du Cameroun. Le coup d'envoi du Massao 2001, festival des voix de femmes, a été donné vendredi soir. Douala accueille cette manifestation jusqu'au 9 mai. Il y sera beaucoup question d'Africaines, déclinées sur plusieurs tons.
De notre envoyée spéciale à Douala

Soirée théâtrale vendredi soir à Douala en lever de rideau du Massao au cinéma le Bonapriso la troupe du théâtre universitaire de Yaoundé a inauguré le festival international des voix de femmes.

Le metteur en scène Emmanuel Keki Manyo avait choisi d'adapter un recueil de poésies de Jacques Fame Ndongo. De l'ancêtre Lucy, première dame du globe aux ossements fossiles et témoin privilégiée de l'humanité, à la vendeuse de miel et de manioc arpentant les routes écrasées de chaleur, en passant par les amazones modernes, la femme africaine arrache ses masques. La femme et l'Afrique ne font qu'un, ou plutôt, ne font qu'une. Pendant près de deux heures, on part en voyage à travers le Cameroun, coloré et imagé. Les masques de l'Africaine tombent peu à peu sur la scène du cinéma.

Rires, applaudissementsà La salle n'est pas comble. En tendant bien l'oreille, on capte un léger ronflement vers les derniers rangs. C'est vrai qu'il fait très chaud. Pourtant les étudiants se démènent, sous la houlette de leur metteur en scène. Emmanuel Keki Manyo «a conquis la couronne par l'épée». Depuis 25 ans , il joue et fait jouer du classique, de Racine à Corneille, ou plus proche de lui, «La croix du sud» de Joseph Ngoue.

Epique épopée

Le gospel s'installe ensuite sur la scène, aussitôt la pièce finie. Le Massao accueille le groupe Ukulele (qui veut dire «guitare» en swahili). Un jeune quatuor féminin composé de lycéennes bilingues de Yaoundé fait timidement face aux micros. Quelques couacs dans le refrain, sans doute dûs au trac. Mais le public les encourage. Les premières notes du festival des voix de femmes sont données.

Samedi soir, le stade Mbape Leppe, devait proposer un «concert populaire», avec la tête d'affiche Pierrette Adams, ancienne hôtesse de l'air devenue, en même temps que rousse, chanteuse à succès. Elle se déplace à Douala avec une vingtaine de personnes de son staff, «bien plus que Youssou N'dour», comme le signale un critique musical averti.

L'affiche du Massao semble particulièrement liée aux aléas des compagnies aériennes. Ainsi, nul n'a vu la chanteuse rwandaise Florida Uwera, programmée vendredi soir. A signaler aussi l'épopée routière d'un fort sympathique groupe de jeunes rappeuses centrafricaines, les Focus Makesa. Elle est éloquente : plus de trois jours de route pour rallier Bangui à Douala, en raison d'un détour de plus de 300 kilomètres. «C'était une erreur de direction », explique l'une des rappeuses, en s'épongeant le front, ravie d'être au Cameroun.

Ici, le festival se fait au jour le jour, et c'est là toute sa fraîcheur et sa spontanéité.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 05/05/2001