Monténégro
opération «mains propres» pour préparer l'indépendance ?
Le Monténégro s'oriente vers un gouvernement de coalition entre les partisans du Président Milo Djukanovic et l'Alliance libérale (LSCG), qui regroupe les défenseurs inconditionnels de l'indépendance de la petite république. Après les résultats contrastés des élections législatives du 22 avril, le Parti démocratique des socialistes (DPS) de Milo Djukanovic et son proche allié, le Parti social-démocrate, obtiendront 36 des 77 sièges du Parlement. Les Libéraux en auront 6, et les partis albanais 2. Les Libéraux peuvent se flatter d'être incontournables pour former une majorité.
Durant la campagne, ils avaient pourtant dirigé l'essentiel de leurs critiques contre Milo Djukanovic, accusé de ne pas souhaiter réellement l'indépendance du pays. Les Libéraux entendent faire payer au prix fort leur ralliement à Milo Djukanovic. Le DPS a accepté toutes les conditions du LSCG, qui exige notamment les ministères de l'Intérieur et de la Police.
L'Alliance libérale accepte en effet de différer de plusieurs mois la convocation d'un référendum d'autodétermination û on évoque désormais à Podgorica le début de l'année 2002 û mais elle entend s'attaquer à la corruption et à «l'Etat policier et mafieux», mis en place, selon elle, par Milo Djukanovic.
Le Monténégro jouit en effet d'une piètre réputation, considéré comme une des principales plaques tournantes européennes des trafics de cigarettes et de voitures. Le «système Djukanovic», c'est une intégration parfaitement réalisée entre les activités illégales et l'appareil d'Etat. Le nom du Président monténégrin est régulièrement évoqué par la justice italienne, d'autant plus qu'un grand nombre de cadres importants de la Sacra Corona Unita, la mafia des Pouilles, ont trouvé refuge dans la petite république. Pourtant, la «paix sociale» monténégrine s'est aussi achetée avec une assez large «redistribution» des bénéfices de ces trafics.
Ces dernières années, le gouvernement monténégrin a répété sa volonté de construire enfin un Etat de droit
Ces dernières années, le gouvernement monténégrin a multiplié les rencontres avec les polices européennes, italiennes ou albanaises, et a répété sa volonté de construire enfin un Etat de droit. Mais il n'est facile de rompre avec les habitudes prises durant une décennie, notamment durant les années de guerre et de sanctions, où les trafics de toute sorte ont, seuls, permis la survie économique du Monténégro. Pour les Libéraux, l'enjeu est vital. Selon eux, le vote du 22 avril exprime la frustration de la majorité de la population qui continue à vivre très difficilement, alors qu'une petite minorité s'est honteusement enrichie. Pour convaincre la majorité des Monténégrins de l'intérêt de l'indépendance, il faudrait, selon le LSCG, faire la preuve qu'il est possible d'assainir la vie politique et l'économie du pays.
Les Libéraux devraient être théoriquement en mesure de mener une vaste opération «mains propres», mais pourtant, s'ils s'attaquent réellement aux barons des trafics, jusqu'à maintenant clients obligés du Président Djukanovic, ceux-ci pourraient bien choisir de se rallier à l'opposition pro-yougoslave. Il est en tout cas certain que les mafieux ne sont pas forcément convaincus des bienfaits de l'indépendance. La situation de non-droit où se trouve en ce moment le Monténégro, membre théorique d'une Fédération yougoslave qui ne fonctionne plus, leur offre, au bout du compte, un bien meilleur terrain pour développer leurs activités.
L'Alliance libérale accepte en effet de différer de plusieurs mois la convocation d'un référendum d'autodétermination û on évoque désormais à Podgorica le début de l'année 2002 û mais elle entend s'attaquer à la corruption et à «l'Etat policier et mafieux», mis en place, selon elle, par Milo Djukanovic.
Le Monténégro jouit en effet d'une piètre réputation, considéré comme une des principales plaques tournantes européennes des trafics de cigarettes et de voitures. Le «système Djukanovic», c'est une intégration parfaitement réalisée entre les activités illégales et l'appareil d'Etat. Le nom du Président monténégrin est régulièrement évoqué par la justice italienne, d'autant plus qu'un grand nombre de cadres importants de la Sacra Corona Unita, la mafia des Pouilles, ont trouvé refuge dans la petite république. Pourtant, la «paix sociale» monténégrine s'est aussi achetée avec une assez large «redistribution» des bénéfices de ces trafics.
Ces dernières années, le gouvernement monténégrin a répété sa volonté de construire enfin un Etat de droit
Ces dernières années, le gouvernement monténégrin a multiplié les rencontres avec les polices européennes, italiennes ou albanaises, et a répété sa volonté de construire enfin un Etat de droit. Mais il n'est facile de rompre avec les habitudes prises durant une décennie, notamment durant les années de guerre et de sanctions, où les trafics de toute sorte ont, seuls, permis la survie économique du Monténégro. Pour les Libéraux, l'enjeu est vital. Selon eux, le vote du 22 avril exprime la frustration de la majorité de la population qui continue à vivre très difficilement, alors qu'une petite minorité s'est honteusement enrichie. Pour convaincre la majorité des Monténégrins de l'intérêt de l'indépendance, il faudrait, selon le LSCG, faire la preuve qu'il est possible d'assainir la vie politique et l'économie du pays.
Les Libéraux devraient être théoriquement en mesure de mener une vaste opération «mains propres», mais pourtant, s'ils s'attaquent réellement aux barons des trafics, jusqu'à maintenant clients obligés du Président Djukanovic, ceux-ci pourraient bien choisir de se rallier à l'opposition pro-yougoslave. Il est en tout cas certain que les mafieux ne sont pas forcément convaincus des bienfaits de l'indépendance. La situation de non-droit où se trouve en ce moment le Monténégro, membre théorique d'une Fédération yougoslave qui ne fonctionne plus, leur offre, au bout du compte, un bien meilleur terrain pour développer leurs activités.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 06/05/2001