Népal
Couvre-feu pour une succession contestée
De violents incidents ont éclaté, faisant au moins un mort, lundi 4 juin à Katmandou, la capitale du Népal, peu après l'intronisation de Gyanendra, frère du roi assassiné. Face à la détermination des émeutiers, qui exigent la lumière sur le massacre de la famille royale, le couvre-feu a été décrété.
Ecoutez le gros plan (07/06/2001, 20')
Aux cris de «Nous voulons la vérité», des centaines de personnes ont affronté les forces de l'ordre, lundi 4 juin, à proximité du palais royal de Katmandou. La police a riposté à coups de matraques, de grenades lacrymogènes, et de tirs d'avertissements, une charge particulièrement violente faisant au moins un mort. L'intensité des troubles a contraint le gouvernement à décréter le couvre-feu dans la capitale népalaise à partir de 15h30 locales. Les autorités craignent que la violence des émeutiers ne fasse tache d'huile. Des dizaines de milliers de personnes étaient encore dans les rues, ce lundi, pour prier et rendre hommage aux huit membres de la famille royale décédés vendredi soir.
De nombreux Népalais réclament que la lumière soit faite sur ce massacre survenu à l'intérieur du palais, lors du traditionnel dîner de la famille régnante. Deux versions officielles des faits se sont succédées ces dernières heures. Vendredi, la radio d'Etat a parlé d'une dispute au sujet du mariage du futur roi, Dipendra, celui-ci ayant annoncé son intention de convoler avec une jeune femme d'origine indienne. Nourrie par un sentiment anti-indien fortement ancré au Népal, la querelle aurait dégénéré. Dipendra aurait ouvert le feu sur les convives avant de retourner l'arme contre lui. Grièvement blessé, il est décédé lundi matin.
«Le roi est mort, vive le roi»
Dimanche soir, nouvelle version: le frère du monarque défunt Birendra, le prince Gyanendra , absent du palais au moment du drame, a démenti la thèse de la tuerie familiale et évoqué l'explosion accidentelle d'une arme automatique. Le fait que Gyanendra, prince impopulaire, ait été couronné roi lundi attise la méfiance de la population. «Tout cela n'est qu'une conspiration», estiment certains manifestants. La rébellion maoïste, qui a fait 1700 morts en cinq ans, affirme dans un communiqué qu'il s'agit d'un «massacre planifié».
«Le roi est mort, vive le roi», a proclamé lundi la radio népalaise, en annonçant l'intronisation de Gyanendra par le Conseil d'Etat. Dans le même temps, l'armée poursuivait son déploiement dans les rues de Katmandou. Réputé favorable au rétablissement de la monarchie absolue, abandonnée en 1990 par son frère défunt au profit d'une monarchie constitutionnelle d'inspiration britannique, Gyanendra aura du mal à gagner la confiance de son peuple. Au moment où se déroulait la cérémonie de son couronnement, une foule en colère scandait des slogans hostiles au nouveau roi. Un peu plus tôt, des manifestants avaient même tenté de bloquer le cortège royal sur la route du palais.
Depuis plusieurs mois, le climat de tension n'a cessé de s'aggraver, dans ce petit pays de vingt deux millions d'habitants à majorité hindoue, coincé entre deux géants, la Chine et l'Inde. Le gouvernement du Premier ministre Girija Prasad Koirala, très critiqué, est accusé de corruption. Une grande partie de l'opinion népalaise lui reproche également de ne pas avoir pu venir à bout de la rébellion maoïste, dont le but proclamé est d'instaurer une République communiste sur le modèle chinois. Ce gouvernement, dont le chef et certains membres ont essuyé des jets de pierre lors des funérailles royales, pourrait avoir du mal à survivre au traumatisme populaire engendré par cet incroyable drame
à huis clos.
Aux cris de «Nous voulons la vérité», des centaines de personnes ont affronté les forces de l'ordre, lundi 4 juin, à proximité du palais royal de Katmandou. La police a riposté à coups de matraques, de grenades lacrymogènes, et de tirs d'avertissements, une charge particulièrement violente faisant au moins un mort. L'intensité des troubles a contraint le gouvernement à décréter le couvre-feu dans la capitale népalaise à partir de 15h30 locales. Les autorités craignent que la violence des émeutiers ne fasse tache d'huile. Des dizaines de milliers de personnes étaient encore dans les rues, ce lundi, pour prier et rendre hommage aux huit membres de la famille royale décédés vendredi soir.
De nombreux Népalais réclament que la lumière soit faite sur ce massacre survenu à l'intérieur du palais, lors du traditionnel dîner de la famille régnante. Deux versions officielles des faits se sont succédées ces dernières heures. Vendredi, la radio d'Etat a parlé d'une dispute au sujet du mariage du futur roi, Dipendra, celui-ci ayant annoncé son intention de convoler avec une jeune femme d'origine indienne. Nourrie par un sentiment anti-indien fortement ancré au Népal, la querelle aurait dégénéré. Dipendra aurait ouvert le feu sur les convives avant de retourner l'arme contre lui. Grièvement blessé, il est décédé lundi matin.
«Le roi est mort, vive le roi»
Dimanche soir, nouvelle version: le frère du monarque défunt Birendra, le prince Gyanendra , absent du palais au moment du drame, a démenti la thèse de la tuerie familiale et évoqué l'explosion accidentelle d'une arme automatique. Le fait que Gyanendra, prince impopulaire, ait été couronné roi lundi attise la méfiance de la population. «Tout cela n'est qu'une conspiration», estiment certains manifestants. La rébellion maoïste, qui a fait 1700 morts en cinq ans, affirme dans un communiqué qu'il s'agit d'un «massacre planifié».
«Le roi est mort, vive le roi», a proclamé lundi la radio népalaise, en annonçant l'intronisation de Gyanendra par le Conseil d'Etat. Dans le même temps, l'armée poursuivait son déploiement dans les rues de Katmandou. Réputé favorable au rétablissement de la monarchie absolue, abandonnée en 1990 par son frère défunt au profit d'une monarchie constitutionnelle d'inspiration britannique, Gyanendra aura du mal à gagner la confiance de son peuple. Au moment où se déroulait la cérémonie de son couronnement, une foule en colère scandait des slogans hostiles au nouveau roi. Un peu plus tôt, des manifestants avaient même tenté de bloquer le cortège royal sur la route du palais.
Depuis plusieurs mois, le climat de tension n'a cessé de s'aggraver, dans ce petit pays de vingt deux millions d'habitants à majorité hindoue, coincé entre deux géants, la Chine et l'Inde. Le gouvernement du Premier ministre Girija Prasad Koirala, très critiqué, est accusé de corruption. Une grande partie de l'opinion népalaise lui reproche également de ne pas avoir pu venir à bout de la rébellion maoïste, dont le but proclamé est d'instaurer une République communiste sur le modèle chinois. Ce gouvernement, dont le chef et certains membres ont essuyé des jets de pierre lors des funérailles royales, pourrait avoir du mal à survivre au traumatisme populaire engendré par cet incroyable drame
à huis clos.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 04/06/2001