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«Bouillon de culture» : point final

Bernard Pivot tire sa révérence ! Le présentateur vedette met un terme ce vendredi à l'émission «Bouillon de culture» sur France 2 où il devrait toutefois poursuivre une émission mensuelle. Sa réputation a largement dépassé l'hexagone. Ce passionné de lettres incarnait en quelque sorte une télévision en voie de disparition, celle du rendez-vous culturel, où convivialité et littérature faisaient bon ménage.
Prenez une feuille ! Devant leur poste de télévision, des millions de téléspectateurs de l'espace francophone se sont prêtés aux facéties et aux péripéties de la langue française en renouant, avec un exercice délicat : celui de la dictée, initié par Bernard Pivot. Doit-on écrire «ecchymose» avec un seul «c» ? Le nom «nycthémère» (à ne pas confondre avec l'appellation d'un groupe de rap plus connu sous le sigle de NTM) prend-il un «y» et quels sont ses accents ? L'adjectif «callipyge» (qualifiant les personnes pourvues de belles fesses) est-il doté d'un seul «l» ?

La dictée de Pivot a connu un succès tel, que des tournois ont été organisés, en catégories, junior et senior. Les corrigés des épreuves sont consultables sur Internet. Avec ce périlleux exercice, Pivot a exporté la langue française, s'imposant comme le chantre de la francophonie.

Ecrivain, cette espèce méconnue

Bernard Pivot se décline en lettres mais aussi en chiffres : 724 «Apostrophes», 407 «Bouillon de culture» à Un record pour cet amoureux de la littérature ou plus exactement, des littératures. Grâce à la télévision, les livres se sont mis à parler et les auteurs se sont montrés, en chair et en os. Les téléspectateurs ont découvert les écrivains, cette espèce méconnue.

Jorge Semprun, Charles Bukowsky, Marguerite Duras, Alexandre Soljenitsyne, Vladimir Nabokov , Albert Cohenà se sont succédés sur les plateaux du présentateur. Académiciens, politiques (François Mitterrand), humanistes, cinéastes (comme Woody Allen par exemple). Le rendez-vous de Pivot est vite devenu un «must», pardon, une institution.

«Goncourisables», «nobelisables», écrivains en herbe, tous étaient chez Pivot, une aubaine pour les maisons d'édition.

Bernard Pivot incarne aussi une certaine image de la France : l'amour des lettres certes, mais aussi du bon vin et du ballon rond. Une forme d'humilité également, loin du grand spectacle de la petite lucarne. Comme le souligne le quotidien grec «Ta Nea» à Athènes : «Dans toute sa carrière, Pivot a eu deux buts : attirer l'attention des téléspectateurs et les convaincre d'acheter les livres qu'il présente. Il a réussi les deux. Mais il a une raison supplémentaire d'être fier de lui : il est la dernière vedette de la télévision à n'avoir pas accepté d'être habillé gratuitement par les grands couturiers. Il peut partir comme un journaliste qui n'a pas fait de concessions».



par Sylvie  Berruet

Article publié le 29/06/2001