Espèces menacées
Marchandages pour des baleines
La 53e conférence internationale sur la protection des cétacés, réunissant 43 pays à Londres du 23 au 27 juillet, a démarré en véritable bras de fer. Le Japon et la Norvège militent depuis des années pour une reprise au moins partielle de la chasse à la baleine. Etats-Unis, Europe, Océanie et associations écologistes prônent au contraire une protection resserrée.
Les défenseurs de la baleine n'ont pas manqué le rendez-vous. Déguisés en queue de baleine, les plus convaincus distribuent des tracts véhéments devant l'hôtel londonien où se tient la conférence internationale sur la protection des cétacés. La Commission baleinière internationale (CBI) a voté en 1982 un moratoire interdisant la chasse commerciale de baleines, entré en vigueur en 1986. D'un côté, le Japon, la Norvège et l'Islande militent contre l'interdiction totale de la chasse aux cétacés. De l'autre, l'Australie et la Nouvelle Zélande souhaitent créer dans leur région du Pacifique Sud un sanctuaire pour les cétacés. La proposition a été rejetée. Pourtant, de même que les Européens et les Etats-Unis, les pays d'Océanie estiment que les plus grands animaux de la planète doivent être encore plus protégés. Autant dire que la conférence démarre, comme chaque année, sur les chapeaux de roues.
Le moratoire visant à protéger les cétacés est transgressé ou contourné. La CBI attribue chaque année un quotas de capture à certaines populations, notamment aux aborigènes. Mais le Japon, la Norvège, l'Islande et la Russie, qui ne reconnaissent pas le moratoire, dépassent les quotas autorisés. En fait, trois marchés justifient la chasse aux cétacés : la recherche scientifique, le marché alimentaire et les delphinariums. La Norvège a rouvert depuis 1993 la chasse baleinière dans eaux de l'Atlantique Nord et s'est dite prête à relancer ses exportations. Aussi, le moratoire ne concernant que la chasse commerciale, le Japon a converti sa flotte de chasse en flotte scientifique. Cependant, les autorités japonaises reconnaissent qu'une fois les empreintes ADN prélevées, la viande de baleine est commercialisée.
Greenpeace soupçonne le Japon d'acheter les voix de pays pauvres
Le Japon est le premier consommateur mondial de viande et de graisse de baleine. Il tue chaque année plus de vingt mille cétacés (baleines, dauphins, marsouins de Dall, orques, etc). La chasse à la baleine est au Japon une tradition vieille de plus de mille ans. Denrée rare et demandée, le jambon de baleine coûte environ 150 dollars la livre. Au Taruichi par exemple, restaurant situé dans le district de Shinjuku à Tokyo, on ne sert pas moins de 36 plats différents à base de viande de cétacé : baleine frite, jambon de baleine, baleine crue, c£ur de baleine, testicule de baleine, crème glacée à la graisse de baleine. C'est pourquoi selon Darshini Joshi, représentante de l'Agence nippone des pêches, les pays qui veulent interdire la chasse de baleine font preuve d'«impérialisme culturel».
A son tour, Greenpeace soupçonne le Japon d'acheter les voix de pays pauvres par des aides au développement. Six nations des Caraïbes (République Dominicaine, Sainte Lucie, St Vincent, Antigua, Grenade et Saint Kitts) sont particulièrement suspectées, après avoir voté avec Tokyo l'an dernier, alors qu'elles n'ont aucune pratique de la chasse de baleine. «Le Japon paraît capable d'amener de nouveaux membres à chaque réunion», a fulminé en mai le ministre australien de l'Environnement Robert Hill.
Consommatrice de baleines également, l'Islande, qui avait quitté la CBI, a décidé de revenir au sein de l'organisation. «Il vaut mieux en être membre et avoir une influence plutôt que de rester dehors» a expliqué le représentant du pays, Stefan Asmundsson. Après de longues discussions, les 43 membres de la CBI ont accepté le retour de l'Islande, mais lui ont en revanche refusé le droit de vote. Reykjavik et ses alliés s'en sont offusqués. Au contraire, Mathilda Bradshaw, une porte-parole de Greenpeace, a déclaré : «nous sommes soulagés que l'Islande ne soit pas parvenue à miner la CBI».
Sur le fond, le Japon et ses alliés estiment qu'il faut faire la différence entre les espèces menacées, comme la baleine bleue, et d'autres comme le petit rorqual, si courant que le responsable de l'Agence des Pêches japonaises, Maseyuku Komatsu, le surnomme «le cafard de l'océan». On dénombre actuellement environ un million de baleines dans le monde, dont 2 000 baleines à franches, 1 000 baleines bleues et quelques baleines grises, les autres appartenant à l'espèce du rorqual. Ces cétacés sont gravement menacés par les prises accidentelles en filets dérivants, la famine et la pollution. La CBI redoute la disparition imminente des baleines. Le secrétaire britannique à la pêche Elliot Morley, a recommandé que la CBI décide «un contrôle vigoureux et effectif». Par ailleurs, les défenseurs des cétacés décrient vivement les méthodes de mise à mort. Dans le meilleur des cas, les baleines tuées au harpon explosif agonisent pendant 10 à 20 minutes avant de mourir. La plupart du temps, les mammifères marins sont dépecés vivants.
Défense des baleines
www.greenpeace.fr
www.users.skynet.be/freebrain/cbi.htm
Commission baleinière internationale
ourworld.compuserve.com/homepages/iwcoffice
Site japonais pour la chasse à la baleine
www.jp-whaling-assn.com/index_eng.htm
Le moratoire visant à protéger les cétacés est transgressé ou contourné. La CBI attribue chaque année un quotas de capture à certaines populations, notamment aux aborigènes. Mais le Japon, la Norvège, l'Islande et la Russie, qui ne reconnaissent pas le moratoire, dépassent les quotas autorisés. En fait, trois marchés justifient la chasse aux cétacés : la recherche scientifique, le marché alimentaire et les delphinariums. La Norvège a rouvert depuis 1993 la chasse baleinière dans eaux de l'Atlantique Nord et s'est dite prête à relancer ses exportations. Aussi, le moratoire ne concernant que la chasse commerciale, le Japon a converti sa flotte de chasse en flotte scientifique. Cependant, les autorités japonaises reconnaissent qu'une fois les empreintes ADN prélevées, la viande de baleine est commercialisée.
Greenpeace soupçonne le Japon d'acheter les voix de pays pauvres
Le Japon est le premier consommateur mondial de viande et de graisse de baleine. Il tue chaque année plus de vingt mille cétacés (baleines, dauphins, marsouins de Dall, orques, etc). La chasse à la baleine est au Japon une tradition vieille de plus de mille ans. Denrée rare et demandée, le jambon de baleine coûte environ 150 dollars la livre. Au Taruichi par exemple, restaurant situé dans le district de Shinjuku à Tokyo, on ne sert pas moins de 36 plats différents à base de viande de cétacé : baleine frite, jambon de baleine, baleine crue, c£ur de baleine, testicule de baleine, crème glacée à la graisse de baleine. C'est pourquoi selon Darshini Joshi, représentante de l'Agence nippone des pêches, les pays qui veulent interdire la chasse de baleine font preuve d'«impérialisme culturel».
A son tour, Greenpeace soupçonne le Japon d'acheter les voix de pays pauvres par des aides au développement. Six nations des Caraïbes (République Dominicaine, Sainte Lucie, St Vincent, Antigua, Grenade et Saint Kitts) sont particulièrement suspectées, après avoir voté avec Tokyo l'an dernier, alors qu'elles n'ont aucune pratique de la chasse de baleine. «Le Japon paraît capable d'amener de nouveaux membres à chaque réunion», a fulminé en mai le ministre australien de l'Environnement Robert Hill.
Consommatrice de baleines également, l'Islande, qui avait quitté la CBI, a décidé de revenir au sein de l'organisation. «Il vaut mieux en être membre et avoir une influence plutôt que de rester dehors» a expliqué le représentant du pays, Stefan Asmundsson. Après de longues discussions, les 43 membres de la CBI ont accepté le retour de l'Islande, mais lui ont en revanche refusé le droit de vote. Reykjavik et ses alliés s'en sont offusqués. Au contraire, Mathilda Bradshaw, une porte-parole de Greenpeace, a déclaré : «nous sommes soulagés que l'Islande ne soit pas parvenue à miner la CBI».
Sur le fond, le Japon et ses alliés estiment qu'il faut faire la différence entre les espèces menacées, comme la baleine bleue, et d'autres comme le petit rorqual, si courant que le responsable de l'Agence des Pêches japonaises, Maseyuku Komatsu, le surnomme «le cafard de l'océan». On dénombre actuellement environ un million de baleines dans le monde, dont 2 000 baleines à franches, 1 000 baleines bleues et quelques baleines grises, les autres appartenant à l'espèce du rorqual. Ces cétacés sont gravement menacés par les prises accidentelles en filets dérivants, la famine et la pollution. La CBI redoute la disparition imminente des baleines. Le secrétaire britannique à la pêche Elliot Morley, a recommandé que la CBI décide «un contrôle vigoureux et effectif». Par ailleurs, les défenseurs des cétacés décrient vivement les méthodes de mise à mort. Dans le meilleur des cas, les baleines tuées au harpon explosif agonisent pendant 10 à 20 minutes avant de mourir. La plupart du temps, les mammifères marins sont dépecés vivants.
Défense des baleines
www.greenpeace.fr
www.users.skynet.be/freebrain/cbi.htm
Commission baleinière internationale
ourworld.compuserve.com/homepages/iwcoffice
Site japonais pour la chasse à la baleine
www.jp-whaling-assn.com/index_eng.htm
par Nathalie Rohmer
Article publié le 25/07/2001