Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Koursk

La délicate remontée du cercueil d'acier

Un an après le drame du Koursk, une équipe de plongeurs doit procéder au renflouement d'une partie du bâtiment de manière à rendre les corps des membres de l'équipe aux familles.
De notre correspondante à Moscou

C'est un travail à la fois long et pénible qui attend les 12 plongeurs du navire Mayo. Arrivés dimanche sur les lieux du naufrage, ils ont déjà envoyé des petits sous-marins de poche inspecter l'épave. Dès jeudi, ils doivent commencer à travailler directement sur la carcasse du Koursk et à nettoyer les environs. Ces opérations s'effectueront à 108 mètres de profondeur et à 250 kilomètres des côtes.

Les préparatifs terminés, les plongeurs, des Russes et des Norvégiens, découperont la partie avant du sous-marin. Très endommagée au cours de l'accident, elle contient des torpilles puissantes dont certaines pourraient ne pas avoir été détruites. Dans le doute, les responsables ont donc décidé de laisser le premier compartiment au fond de la mer de Barents.

Quant au reste du bâtiment, il sera percé à plusieurs endroits pour y fixer des câbles d'acier qui seront ensuite reliés à un ponton à la surface. Ce n'est qu'à la mi-septembre que l'épave de 20 000 tonnes sera enfin extraite de l'eau. Et là encore, les risques ne sont pas à négliger : car les compartiments n°2 et n°3 contenaient 24 missiles de croisière. Depuis l'an dernier, il n'est pas impossible que ces missiles ne se soient déplacés de quelques mètres, ce qui rend les man£uvres particulièrement délicates.

Une facture de 80 millions de dollars

Mais le plus gros danger provient de la présence de deux réacteurs nucléaires. Les officiels russes affirment qu'ils ont été entièrement inondés à la suite de l'explosion à bord du Koursk mais de l'avis de certains spécialistes, ils pourraient être réactivés au cours de la remontée du sous-marin. La Norvège, pays voisin de la Russie, n'a jamais reçu aucune garantie sur la question, et a plusieurs fois demandé de repousser la date du renflouement.

Pourtant, les amiraux russes sont pressés d'en finir avec le Koursk. Réussir l'opération redonnerait un peu de prestige à l'uniforme de la marine nationale. Le Kremlin lui aussi espère que l'opération se déroulera sans accroc et il est prêt à faire de gros sacrifices financiers : la facture qui devrait se chiffrer à 80 millions de dollars, sera en grande partie réglée par le gouvernement russe. Tel est le prix à payer pour que Vladimir Poutine puisse tenir parole : l'an dernier, il avait promis à la population de renflouer l'énorme cercueil d'acier. 118 marins ont péri dans la tragédie du 12 août dernier et 12 corps seulement ont été récupérés deux mois plus tard.

L'été dernier, l'attitude des dirigeants russes avait profondément choqué dans le pays tout comme à l'étranger. Des voix s'étaient élevées pour dénoncer les hésitations des autorités. En vacances au moment du drame, Vladimir Poutine avait tardé à rentrer à Moscou. Sa côte de popularité était tombée au plus bas dans les sondages.

Cette fois-ci, le président veut instaurer un maximum de transparence. Il a chargé son jeune et médiatique conseiller, Serguei Iastrjemski, de diriger les opérations de communication autour du renflouement du Koursk. Un site internet a même été crée qui permet de suivre les différentes étapes.

La population espère qu'une fois sorti de l'eau, le Koursk révèlera enfin tous ses secrets. Car les causes du naufrage restent très mystérieuses. Mais de l'avis de certains spécialistes, c'est la partie avant du sous marin qui aurait pu le mieux parler. Cette partie qui justement, restera au fond de l'océan.



par A Moscou, Caroline  OLIVE

Article publié le 18/07/2001