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Conjoncture

Les Etats-Unis s'enrhument, l'Europe tousse

Le ralentissement de l'économie américaine entraîne dans son sillage la croissance européenne. En Allemagne, en Grande-Bretagne, en France les derniers chiffres portant sur la production, morose, et les chiffres de l'emploi, en berne, pèseront sur le climat politique et social de la rentrée.
La bonne santé économique retrouvée dans la zone euro, au cours des dernières années, était portée par la forte croissance aux Etats-Unis. Le commerce extérieur européen, dopé par les importations américaines, bénéficiait en outre d'un taux de change de l'euro relativement faible par rapport au dollar. Conséquence, une reprise de la croissance et un redressement de l'emploi après des années de morosité.

Et puis, l'économie américaine a connu un brusque ralentissement dont on ne sait encore s'il sera durable. Mais les résultats sont là, les exportations européennes ont chuté sans être totalement compensées par la consommation intérieure. La croissance dans les 12 pays de la zone euro ne devrait pas atteindre les 2% en 2001, et pas plus de 1,4% au dernier trimestre contre 2,9% au quatrième trimestre 2000.

Révisions à la baisse

Cette situation est particulièrement marquée en Allemagne, poids lourd de l'économie européenne puisque sa richesse nationale représente un tiers du PIB de la zone euro. Outre-Rhin, la croissance 2001 devrait s'établir à 1,4% alors que le gouvernement Schröder pensait encore atteindre les 2% il y a peu. Plus grave pour le chancelier allemand soumis à des élections législatives dans un an, l'objectif de ramener le nombre de chômeurs à 3,5 millions sera difficile à atteindre. Plus encore la situation de l'emploi s'aggrave en juillet à 3,8 millions de demandeurs d'emploi.

En France, les prévisions de croissance sont également régulièrement révisées à la baisse. Parties de 3,3% pour l'année en cours, on parle désormais officiellement de croissance un peu inférieure à 2,5%. Mais les conjoncturistes évoquent plutôt des taux de l'ordre de 2,3 ou 2,1. Les chiffres du chômage sont stagnants, après une embellie de plus d'un an. Ce fait pèse sur le moral des ménages et pourrait entraîner une prudence dans la consommation des ménages ce qui ne ferait qu'aggraver la situation.
En Grande-Bretagne le ralentissement est sensible avec une croissance d'à peine 0,3% au deuxième trimestre 2001 et un secteur manufacturier au bord de la récession.


En attendant la reprise aux Etats-Unis, la Banque d'Angleterre a décidé d'imiter la Réserve fédérale américaine en réduisant ses taux d'intérêt afin de relancer une dynamique de croissance. Elle a donc ramené son taux directeur à 5%. La Fed en est à sa sixième diminution depuis le début de l'année, à 3,75% et on espère une nouvelle baisse le 21 août prochain. Par comparaison, dans son refus réitéré d'assouplir sa politique monétaire afin de contenir une inflation qui s'élève à 3% dans la zone euro, la Banque centrale européenne est l'objet de toutes les critiques. Son taux directeur est cependant à 4,5%, soit moins que celui pratiqué à Londres depuis peu et beaucoup moins que les 6,5% qu'appliquaient la Fed au début de l'année.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/08/2001