Islamisme
Le milliardaire qui défie l'Amérique
N°1 sur la liste des hommes les plus recherchés par le FBI depuis l'attentat d'août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar Es-Salaam, le milliardaire islamiste d'origine saoudienne fait figure de principal suspect dans les attentats-suicide du 11 septembre.
La Qaïda a été fondée en 1988 par le Saoudien Oussama Ben Laden. Oussama est le dix-septième des cinquante-deux fils de Mohammed Ben Awad Ben Laden, l'entrepreneur le plus riche du royaume wahhabite. Il venait d'avoir 22 ans lorsqu'en décembre 1979, les troupes soviétiques envahirent l'Afghanistan. Il se porta aussitôt volontaire pour aller combattre au côté des Afghans. Son sens de l'organisation et ses énormes moyens financiers trouvèrent rapidement à s'utiliser. En coordination avec la CIA, les services secrets saoudiens et pakistanais, il assurait le recrutement de jeunes volontaires provenant de l'ensemble du monde arabo-musulman qu'unissaient une même ferveur islamique et un même désir de se battre pour leurs convictions.
Quand la guerre d'Afghanistan prit fin en 1989, Oussama Ben Laden regagna son pays et l'entreprise familiale. Il ne pouvait se résoudre pour autant à démobiliser les moudjahidines qui avaient combattu à ses côtés. Pour les occuper, il les employa dans un chantier de construction de l'entreprise familiale des Ben Laden au Soudan où il vint à son tour s'établir en 1991. En réalité, avec la bénédiction du gouvernement islamiste au pouvoir à Khartoum, ceux que l'on commençait déjà à surnommer les «Afghans arabes» utilisaient ce chantier comme paravent pour masquer leur véritable activité: Oussama Ben Laden dirigeait des camps d'entraînement pour ses combattants islamistes et recrutait de nouveaux volontaires formés aux techniques du combat et de la guérilla par les vétérans d'Afghanistan. A présent que les Russes avaient été chassés d'Afghanistan, Ben Laden avait assigné un nouvel idéal à ses moudjahidines: renverser les pouvoirs corrompus dans le monde arabe et favoriser l'avènement d'un califat nouveau qui appliquerait sans compromis ni faiblesse la charia, la loi islamique. C'est d'ailleurs en prévision des lendemains de guerre qu'il avait fondé la Qaïda, c'est-à-dire la «base». Base, dans le sens militaire du terme.
Le prestige de Ben Laden dans le monde arabo-musulman
En 1994, les activités terroristes de leur ancien protégé commencèrent à sérieusement gêner les autorités saoudiennes, aux prises avec une contestation islamiste croissante. Oussama Ben Laden fut déchu de sa nationalité, sa famille contrainte de le désavouer publiquement. Deux ans plus tard, sous la pression internationale, le Soudan lui demandait à son tour de quitter le pays. Oussama Ben Laden partit avec les siens se réfugier en Afghanistan où les Talibans, ces «étudiants en théologie» intégristes et puissamment armés, venaient de prendre le pouvoir à Kaboul. Les Américains, les Saoudiens, les Egyptiens, les Algériens, les Yéménites, les Jordaniens, bref, tous ceux qui redoutaient l'activisme de Ben Laden et ses partisans se crurent enfin tranquilles. L'Afghanistan était loin du Proche-Orient et les vétérans d'Afghanistan feraient moins de mal dans les montagnes de Khost ou Kandahar que basés au Soudan ou au Yémen. Ils durent vite déchanter. Ben Laden était à peine arrivé en Afghanistan qu'un camion piégé explosait en juin 1996 sur une base américaine d'Arabie Saoudite, faisant de nombreux morts et blessés. Deux ans plus tard, en août 1998, ses partisans réduisaient en poussière les ambassades américaines de Nairobi et Dar Es Salaam. Le FBI promut Oussama Ben Laden au rang d'ennemi public numéro un. Le président Clinton donna même l'ordre de tirer quelques missiles de croisières sur les camps de la Qaïda en Afghanistan. Oussama Ben Laden, indemme, en retira un surcroît de prestige dans le monde arabo-musulman.
Car si Oussama Ben Laden était parti s'établir en Afghanistan avec quelques milliers de partisans, ses idées, son message étaient restés au Proche-Orient. La Qaïda avait fait de nombreux adeptes parmi les jeunes Arabes sans emploi, éc£urés par la corruption endémique de leurs gouvernements. Certains reçurent de Ben Laden l'autorisation de partir pour les camps d'Afghanistan. Aux autres, de loin les plus nombreux, il intima l'ordre de rester au pays, de se fondre parmi leurs concitoyens sans rien révéler de leurs convictions profondes, de noyauter les administrations et les entreprises, de se tenir prêts à agir à tout instant sur l'ordre qui leur parviendrait du majlis ach choura, l'instance suprême de la Qaïda.
Quand la guerre d'Afghanistan prit fin en 1989, Oussama Ben Laden regagna son pays et l'entreprise familiale. Il ne pouvait se résoudre pour autant à démobiliser les moudjahidines qui avaient combattu à ses côtés. Pour les occuper, il les employa dans un chantier de construction de l'entreprise familiale des Ben Laden au Soudan où il vint à son tour s'établir en 1991. En réalité, avec la bénédiction du gouvernement islamiste au pouvoir à Khartoum, ceux que l'on commençait déjà à surnommer les «Afghans arabes» utilisaient ce chantier comme paravent pour masquer leur véritable activité: Oussama Ben Laden dirigeait des camps d'entraînement pour ses combattants islamistes et recrutait de nouveaux volontaires formés aux techniques du combat et de la guérilla par les vétérans d'Afghanistan. A présent que les Russes avaient été chassés d'Afghanistan, Ben Laden avait assigné un nouvel idéal à ses moudjahidines: renverser les pouvoirs corrompus dans le monde arabe et favoriser l'avènement d'un califat nouveau qui appliquerait sans compromis ni faiblesse la charia, la loi islamique. C'est d'ailleurs en prévision des lendemains de guerre qu'il avait fondé la Qaïda, c'est-à-dire la «base». Base, dans le sens militaire du terme.
Le prestige de Ben Laden dans le monde arabo-musulman
En 1994, les activités terroristes de leur ancien protégé commencèrent à sérieusement gêner les autorités saoudiennes, aux prises avec une contestation islamiste croissante. Oussama Ben Laden fut déchu de sa nationalité, sa famille contrainte de le désavouer publiquement. Deux ans plus tard, sous la pression internationale, le Soudan lui demandait à son tour de quitter le pays. Oussama Ben Laden partit avec les siens se réfugier en Afghanistan où les Talibans, ces «étudiants en théologie» intégristes et puissamment armés, venaient de prendre le pouvoir à Kaboul. Les Américains, les Saoudiens, les Egyptiens, les Algériens, les Yéménites, les Jordaniens, bref, tous ceux qui redoutaient l'activisme de Ben Laden et ses partisans se crurent enfin tranquilles. L'Afghanistan était loin du Proche-Orient et les vétérans d'Afghanistan feraient moins de mal dans les montagnes de Khost ou Kandahar que basés au Soudan ou au Yémen. Ils durent vite déchanter. Ben Laden était à peine arrivé en Afghanistan qu'un camion piégé explosait en juin 1996 sur une base américaine d'Arabie Saoudite, faisant de nombreux morts et blessés. Deux ans plus tard, en août 1998, ses partisans réduisaient en poussière les ambassades américaines de Nairobi et Dar Es Salaam. Le FBI promut Oussama Ben Laden au rang d'ennemi public numéro un. Le président Clinton donna même l'ordre de tirer quelques missiles de croisières sur les camps de la Qaïda en Afghanistan. Oussama Ben Laden, indemme, en retira un surcroît de prestige dans le monde arabo-musulman.
Car si Oussama Ben Laden était parti s'établir en Afghanistan avec quelques milliers de partisans, ses idées, son message étaient restés au Proche-Orient. La Qaïda avait fait de nombreux adeptes parmi les jeunes Arabes sans emploi, éc£urés par la corruption endémique de leurs gouvernements. Certains reçurent de Ben Laden l'autorisation de partir pour les camps d'Afghanistan. Aux autres, de loin les plus nombreux, il intima l'ordre de rester au pays, de se fondre parmi leurs concitoyens sans rien révéler de leurs convictions profondes, de noyauter les administrations et les entreprises, de se tenir prêts à agir à tout instant sur l'ordre qui leur parviendrait du majlis ach choura, l'instance suprême de la Qaïda.
par Olivier Da Lage
Article publié le 12/09/2001