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Zone franc

«<i>L'euro, c'est plus d'Europe pour les Africains</i>»

Le gouverneur de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Charles Konan Banny, a lancé officiellement, lundi 17 septembre à Dakar, une campagne de communication sur l'euro. Il a tenu à apaiser les inquiétudes quant à une éventuelle dévaluation du CFA.
«L'avènement de l'euro fiduciaire est une opération exceptionnelle parce que ce n'est pas tous les jours que des Etats acceptent de se défaire de leur monnaie nationale pour adopter une seule et nouvelle monnaie». Cette introduction est de Charles Konan Banny, gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) qui lançait ainsi, lundi 17 septembre, une grande campagne de sensibilisation sur l'avènement de l'euro dans les 8 pays membres de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine).

L'arrivée de l'euro le 1er janvier prochain (et son corollaire, la disparition du franc français) n'aura aucune conséquence sur la valeur du CFA. Le CFA reste solidement arrimé à la valeur du FF. En une phrase, le gouverneur s'est voulu rassurant. Il n'y aura pas de dévaluation du franc CFA . Dans la foulée, Charles Konan Banny a confirmé que les opérations de reprise des billets actuels des pays membres de la zone euro débuteront aux guichets des Agences de la BCEAO et des banques à partir du 1er Janvier 2002.

En ce qui concerne la BCEAO, les périodes de reprise de ces billets, principalement le francs français, le mark allemand et l'escudo portugais sont fixés comme suit: du 1er Janvier au 30 Juin 2002 pour le franc français, du 1er Janvier au 28 Février 2002 pour le mark allemand et l'escudo. Ces billets recevront en contre partie des francs CFA. Le gouverneur a précisé qu'il n'y aurait pas d'échange direct du franc français contre des francs CFA après le 1er janvier prochain, date du début des opérations d'échange, conformément aux dispositions de la réglementation des changes en vigueur.

«Ca peut jouer sur les prix»

Sur le choix de ces monnaies, les seules à pouvoir être échangées, le gouverneur s'est voulu clair: ce sont les trois seules monnaies que la BCEAO connaît le mieux. Pour défendre la durabilité de la future parité du franc CFA avec l'euro fiduciaire, Charles Konan Banny a rappelé que l'euro scriptural avait cours depuis janvier 1999, et que cela n'a pas changé la parité. Aussi n'est-ce pas l'avènement de l'euro qui peut changer la valeur de la monnaie. Seulement, selon lui, il faudra se battre pour rendre «compétitives nos économies, et cela nous oblige à des politiques vertueuses afin de défendre la stabilité monétaire dans la zone franc».

Mais grâce aux merveilles de la technique, l'espace économique de l'union s'est réduit, ce lundi 17 septembre, permettant par visioconférence de faire participer les huit pays membres de l'UEMOA, de Dakar à Zender (au Niger), de Lomé (Togo) à Parakou (Bénin) en passant par Abidjan (Côte d'Ivoire), Bamako (Mali) et Bissau (Guinée Bissau) .

Toutes les interrogations des 75 millions d'habitants de cette partie de l'Afrique ont été soulevées. Si le Burkinabé s'est inquiété des effets inflationnistes qu'aurait l'avènement de l'euro sur le panier de la ménagère, l'Ivoirien s'est interrogé sur la disparition des petites coupures. Le dernier venu de la classe UEMOA, la Guinée Bissau, s'est quant à elle appesantie sur les avantages qu'elle pourrait tirer de l'euro, suivie en cela par le Togo, qui a reçu les assurances du gouverneur à l'endroit des opérateurs économiques.

Charles Konan Banny s'est beaucoup attardé, également, sur le phénomène des arrondis. «Comme on a l'habitude d'arrondir vers le haut, dit-il, ça peut jouer sur les prix», raison pour laquelle son organisme va accroître la surveillance. «L'arrivée de l'euro est une affaire européenne», a déclaré le premier banquier de l'UEMOA. «L'euro, c'est plus d'Europe pour les Africains» selon son ami, l'ancien ministre français de l'Economie et des Finances, Dominique Strauss-Kahn. «Et l'Euro, c'est plus d'Afrique pour les Européens», a martelé Charles Konan Banny, qui réclame la coparternité de cette expression.



par A Dakar, Pape  TOURE

Article publié le 19/09/2001