Attentats : la riposte
Des manifestations contre les bombardements
Premier jour de prière dans les pays musulmans depuis le début des frappes américaines en Afghanistan, ce vendredi a été marqué par une série de manifestations contre cette intervention militaire des forces de la coalition anti-terroriste. Certaines ont donné lieu à des violences. Au Pakistan mais aussi en Iran, en Indonésie, en Malaisie, au Bengladesh.
Les paroles de George W. Bush à destination des populations musulmanes, lors de la conférence de presse qu'il a tenu, le 11 octobre, n'ont semble-t-il pas suffi pour calmer les esprits. «Nous devons mieux plaider notre cause», a affirmé le président américain, pour atténuer la «haine» ressentie par une partie de l'opinion musulmane contre les Etats-Unis et l'offensive qu'ils mènent actuellement en Afghanistan. Dès vendredi matin, plusieurs manifestations ont eu lieu dans divers pays à majorité musulmane, provoquant affrontements et violences.
C'est au Pakistan que la situation semble avoir été la plus tendue. Depuis déjà plusieurs jours, des représentants des partis islamistes avaient fait part de leur opposition à la collaboration du pays avec la coalition anti-terroriste et surtout à l'intervention armée des forces américaines et britanniques contre le voisin afghan. Le gouvernement pakistanais de Pervez Musharraf était déjà en état d'alerte et avait annoncé son intention de réprimer tout débordement. Notamment de la part des réfugiés afghans qu'il avait menacé d'un retour direct dans leur pays s'ils participaient à des manifestations.
Ces avertissements n'ont pas réussi à endiguer le processus, et les opposants ont persisté dans leur appel à la grève générale et à la protestation. D'autant que ce vendredi 12 octobre marquait la date anniversaire de l'accession au pouvoir du général Musharraf par un coup d'état militaire, il y a deux ans. Karachi, la capitale économique du pays qui compte dix millions d'habitants, a été dans la matinée le théâtre d'opérations «coup de poing» menées par des groupes de plusieurs centaines de manifestants dans différents quartiers malgré les quelque 20 000 soldats déployés dans la cité et ses environs. Un bâtiment gouvernemental a été attaqué, un autobus et divers véhicules ont été incendiés, un restaurant de la chaîne américaine Kentucky fried chicken a été partiellement brûlé, une usine qui continuait son activité malgré l'appel à la grève aurait même été la cible d'attaque, mais cette dernière information n'a pas été confirmée par la police. Les quartiers ouest de Karachi où résident de nombreux Pachtounes, le groupe ethnique qui compose aussi une grande partie de la population afghane, ont été les plus agités. Une nouvelle flambée de violence a eu lieu après la prière. Environ trois mille personnes ont jeté des pierres sur la police. Les forces de l'ordre ont dû intervenir et ont repoussé, semble-t-il sans ménagement, les manifestants. Des gaz lacrymogènes auraient été utilisés et la police aurait même procédé à des tirs en l'air à balles réelles.
Des effigies de Bush brûlées
Des manifestations ont aussi eu lieu à Lahore (est) et à Peshawar, ville frontalière avec l'Afghanistan au nord-ouest du pays. Dans cette ville, un très important dispositif policier avait été mis en place et les cinq mille personnes qui se sont rassemblées n'ont pas provoqué de débordements. A Islamabad et Quetta, où des violences avaient fait cinq morts en début de semaine, l'armée avait aussi pris position.
En Iran, un consulat pakistanais a été attaqué à Zahedan, ville proche à la fois de la frontière avec l'Afghanistan et de celle avec le Pakistan, à la suite d'une manifestation qui a réuni environ trois mille personnes dont de nombreux réfugiés afghans. Les manifestants ont jeté des pierres sur le bâtiment et ont crié des slogans contre le général Musharraf, tels que «Musharraf traître», contre les Etats-Unis, mais aussi la Grande-Bretagne ou Israël. Même les journalistes étrangers présents ont été la cible de quelques jets de pierre.
C'est l'Organisation de la propagande islamique, une institution sous la coupe du régime iranien, qui avait appelé à des rassemblements de masse pour protester contre les frappes américaines. Le gouvernement de Téhéran qui a condamné les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, s'est par la suite déclaré opposé aux bombardements contre l'Afghanistan qui ont débuté dimanche dernier. Ces frappes ont provoqué un afflux de populations réfugiées vers la frontière irano-afghane, qui embarrasse les autorités.
En Indonésie, à Jakarta, un millier de personnes a défilé devant l'ambassade américaine, qui fait depuis plusieurs jours l'objet d'une protection renforcée. Une effigie du président Bush a été incendiée à cette occasion. Et des affrontements ont eu lieu entre les forces de l'ordre et des étudiants islamistes. En Malaisie, à Kuala Lumpur, deux mille manifestants se sont pressés devant l'ambassade des Etats-Unis. Au Bengladesh, cinq mille personnes se sont réunies pour protester contre les frappes américano-britanniques. Là encore, les effigies de George Bush ont été symboliquement incendiées. En Turquie, à Istanbul, après la prière du vendredi, un millier de personnes se sont rassemblées et ont scandé des slogans hostiles aux Etats-Unis. De même qu'à Konya, dans le centre du pays, une ville réputée être un bastion islamiste. Des échauffourées ont eu lieu avec la police qui a interpellé une centaine de personnes à la suite de ces manifestations.
C'est au Pakistan que la situation semble avoir été la plus tendue. Depuis déjà plusieurs jours, des représentants des partis islamistes avaient fait part de leur opposition à la collaboration du pays avec la coalition anti-terroriste et surtout à l'intervention armée des forces américaines et britanniques contre le voisin afghan. Le gouvernement pakistanais de Pervez Musharraf était déjà en état d'alerte et avait annoncé son intention de réprimer tout débordement. Notamment de la part des réfugiés afghans qu'il avait menacé d'un retour direct dans leur pays s'ils participaient à des manifestations.
Ces avertissements n'ont pas réussi à endiguer le processus, et les opposants ont persisté dans leur appel à la grève générale et à la protestation. D'autant que ce vendredi 12 octobre marquait la date anniversaire de l'accession au pouvoir du général Musharraf par un coup d'état militaire, il y a deux ans. Karachi, la capitale économique du pays qui compte dix millions d'habitants, a été dans la matinée le théâtre d'opérations «coup de poing» menées par des groupes de plusieurs centaines de manifestants dans différents quartiers malgré les quelque 20 000 soldats déployés dans la cité et ses environs. Un bâtiment gouvernemental a été attaqué, un autobus et divers véhicules ont été incendiés, un restaurant de la chaîne américaine Kentucky fried chicken a été partiellement brûlé, une usine qui continuait son activité malgré l'appel à la grève aurait même été la cible d'attaque, mais cette dernière information n'a pas été confirmée par la police. Les quartiers ouest de Karachi où résident de nombreux Pachtounes, le groupe ethnique qui compose aussi une grande partie de la population afghane, ont été les plus agités. Une nouvelle flambée de violence a eu lieu après la prière. Environ trois mille personnes ont jeté des pierres sur la police. Les forces de l'ordre ont dû intervenir et ont repoussé, semble-t-il sans ménagement, les manifestants. Des gaz lacrymogènes auraient été utilisés et la police aurait même procédé à des tirs en l'air à balles réelles.
Des effigies de Bush brûlées
Des manifestations ont aussi eu lieu à Lahore (est) et à Peshawar, ville frontalière avec l'Afghanistan au nord-ouest du pays. Dans cette ville, un très important dispositif policier avait été mis en place et les cinq mille personnes qui se sont rassemblées n'ont pas provoqué de débordements. A Islamabad et Quetta, où des violences avaient fait cinq morts en début de semaine, l'armée avait aussi pris position.
En Iran, un consulat pakistanais a été attaqué à Zahedan, ville proche à la fois de la frontière avec l'Afghanistan et de celle avec le Pakistan, à la suite d'une manifestation qui a réuni environ trois mille personnes dont de nombreux réfugiés afghans. Les manifestants ont jeté des pierres sur le bâtiment et ont crié des slogans contre le général Musharraf, tels que «Musharraf traître», contre les Etats-Unis, mais aussi la Grande-Bretagne ou Israël. Même les journalistes étrangers présents ont été la cible de quelques jets de pierre.
C'est l'Organisation de la propagande islamique, une institution sous la coupe du régime iranien, qui avait appelé à des rassemblements de masse pour protester contre les frappes américaines. Le gouvernement de Téhéran qui a condamné les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, s'est par la suite déclaré opposé aux bombardements contre l'Afghanistan qui ont débuté dimanche dernier. Ces frappes ont provoqué un afflux de populations réfugiées vers la frontière irano-afghane, qui embarrasse les autorités.
En Indonésie, à Jakarta, un millier de personnes a défilé devant l'ambassade américaine, qui fait depuis plusieurs jours l'objet d'une protection renforcée. Une effigie du président Bush a été incendiée à cette occasion. Et des affrontements ont eu lieu entre les forces de l'ordre et des étudiants islamistes. En Malaisie, à Kuala Lumpur, deux mille manifestants se sont pressés devant l'ambassade des Etats-Unis. Au Bengladesh, cinq mille personnes se sont réunies pour protester contre les frappes américano-britanniques. Là encore, les effigies de George Bush ont été symboliquement incendiées. En Turquie, à Istanbul, après la prière du vendredi, un millier de personnes se sont rassemblées et ont scandé des slogans hostiles aux Etats-Unis. De même qu'à Konya, dans le centre du pays, une ville réputée être un bastion islamiste. Des échauffourées ont eu lieu avec la police qui a interpellé une centaine de personnes à la suite de ces manifestations.
par Valérie Gas
Article publié le 12/10/2001