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Islam en France

La méfiance de la communauté musulmane

Vendredi, jour de prière à la mosquée de la rue Jean-Pierre Timbaud, dans le 11ème arrondissement de Paris. Cette mosquée a la réputation d'être plutôt radicale. Les micros ne sont pas les bienvenus. Moha, un jeune homme de 27 ans, accepte toutefois de donner son point de vue: «Bien sûr, pour les victimes, c'est malheureux», dit-il, «mais pour moi, ça ne fait pas un grand changement dans ma vie quotidienne». Moha s'arrête de parler. Un ancien vient de lui dire qu'il ne doit pas donner d'interview. La méfiance vis à vis des médias, accusés de faire l'amalgame entre islam et terrorrisme, est générale. Dans un café situé à quelques deux cent mètres de la mosquée, Ali, ingénieur-conseil en banlieue parisienne, estime que les médias n'ont aucun recul, et «assènent à Monsieur-tout-le-monde des informations» qui entraînent un «climat de suspicion». Il raconte une anecdote survenue dans le métro: «il y a eu un bruit suspect, tout le monde s'est retourné sur moi, parce que j'étais le seul basané».

L'ambiance est plus sereine à Radio France Maghreb, une petite radio associative et communautaire, située sur les hauteurs de Belleville, dans le nord de Paris. «La communauté musulmane est mieux intégrée qu'elle ne l'était en 1991, pendant la guerre du Golfe», explique Brahim Hadj Smaïl, qui deux fois par semaine, anime un débat autour de la situation créée par les attentats aux Etats-Unis. «Aujourd'hui, il n'y a plus l'inquiétude, ou l'hostilité anti-américaine et anti-coalition qu'il y avait à l'époque». Aucun incident grave n'a été signalé, ni aucune manifestation pro Ben Laden, d'ailleurs. Tarek Mami, le président de Radio France Maghreb, reste toutefois vigilant: «J'espère», dit-il, «que l'état d'esprit restera le même, quand Bush ira bombarder l'Afghanistan. J'espère qu'il se conduira en juge de paix, et pas en cow-boy du 19ème siècle».



par Catherine  Potet

Article publié le 04/10/2001