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Nicaragua

Sandinistes: l'heure du retour au pouvoir?

A la veille de l'élection présidentielle, les sondages laissent entrevoir un possible retour au pouvoir de Daniel Ortega et des Sandinistes qui avaient dirigé le pays de 1984 à 1990.
De notre correspondant régional

Le Nicaragua, 4,5 millions d'habitants, est le plus grand des pays d'Amérique centrale, mais c'est aussi le plus pauvre, juste derrière Haïti. Le PNB (produit national brut) est passé en 12 ans de gestion ultra-libérale de 800 à 380 dollars par habitant. Aujourd'hui, 75% de la population souffre de malnutrition et de famine. Les principales cultures vivrières maïs et riz ont été ravagées par les inondations et la sécheresse qui ont sévi depuis juillet dernier. Les cours du café et ceux de la banane se sont effondrés, le lac Nicaragua qui couvre 30 % du territoire est pollué ce qui a ruiné la pêche. Dans tout le pays, il y a urgence sociale.

La jeunesse -les moins de 30 ans représentent 50 % de la population- a le droit de voter à partir de 16 ans. Elle n'a connu ni la dictature des Somoza, ni la révolution sandiniste. Elle est attirée par l'image du sandinisme qui promeut l'éducation, la santé, la solidarité et la justice sociale.

Trois quarts de la population souffre de malnutrition

Au contraire, les propositions des partis de droite ne semblent pas très enthousiasmantes: ils promettent d'instaurer un système politique transparent et crédible, d'attirer les investissements étrangers et de réduire la pauvreté. Mais la crédibilité de ce programme est hypothéquée par Arnoldo Alem¯n, l'actuel président dont la gestion catastrophique s'est caractérisée par une corruption démesurée (sa fortune est estimé à 250 millions de dollars accumulés en six ans) et des propos insupportables sur la famine, estimant qu'elle n'existait pas.

Alors, Daniel Ortega, 55 ans, le «comandante» de la révolution sandiniste, président du Nicaragua de 1984 à 1990, chef de file du FSLN (Front sandiniste de libération nationale) sera-t-il le vainqueur des élections du 4 novembre? Les sondages le laissent présager.

Les deux grands partis de droite n'ont pas réussi à constituer une alliance. Le PLC (Parti libéral constitutionnel) d'Enrique Bola¦os, 73 ans, actuel vice-président et chef d'entreprise, représente la droite traditionnelle; Noël Vidaurre, du PC, le Parti Conservateur de tendance plus néo-libérale a le soutien inconditionnel de l'ambassade américaine. L'un comme l'autre proposent de faire une alliance des droites au second tour, mais il sera peut-être trop tard.

En effet, les Sandinistes sont confiants. Alliés au petit Parti social chrétien, Ils devraient pouvoir atteindre dès le premier tour la barre des 40% leur donnant la victoire. En effet, pour l'emporter, Il fallait auparavant la majorité plus une voix, mais Arnoldo Alem¯n, l'actuel président, a fait adopter une réforme constitutionnelle, en échange de laquelle les ex-présidents sont d'office nommés députés à vie (ce qui leur donne l'immunité parlementaire les mettant à l'abri de poursuites judiciaires pour corruption).

Les forces sandinistes qui représentent environ un tiers de l'électorat espèrent trouver les voix manquantes. Grâce à une bonne gestion de Managua, la capitale que le FSLN dirige depuis un an, ils sont parvenus à se défaire de la mauvaise image du premier gouvernement (1984-90) qui avait été économiquement catastrophique. Dimanche prochain, les électeurs, las d'une gestion sans sensibilité sociale, pourraient donc voter pour les Sandinistes qui proposent de construire un nouveau projet de société. Washington a pour sa part fait savoir qu'il était très inquiet d'une victoire des Sandinistes incompatible avec les intérêts nord américains.



Article publié le 01/11/2001