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Biotechnologie

Des médicaments sur ordinateur

C’est en mêlant biologie, technologie et informatique que l’on cherche à mettre au point les médicaments de demain. La chimio-informatique est un secteur prometteur qui ouvre des horizons très larges dans la conception de nouveaux traitements.
Développer un médicament coûte très cher: plus de 600 millions de dollars dont 70% sont attribuables aux essais et aux échecs. De plus, l’opération dure longtemps et se révèle parfois inefficace. Pour réduire la facture, les industriels préfèrent –avant de lancer la synthèse chimique très onéreuse- réaliser une synthèse virtuelle (c’est-à-dire de concevoir et évaluer sur ordinateur) des molécules qui deviendront les médicaments de demain. Cette simulation in silico permet de réduire le temps et le coût de développement des médicaments en décelant très tôt les plus prometteurs tout en limitant plus précocement les molécules qui échoueraient en développement.

C’est pourquoi au centre des programmes de découvertes des médicaments, les sociétés de biotechnologie spécialisées en chimio-informatique occupent désormais une place de choix. Elles se positionnent à diverses étapes du processus de découverte des futurs médicaments : conception et synthèse des molécules, identification des cibles thérapeutiques, évaluation des effets secondaires, etc.

Médicaments in silico

L’informatique appliquée à la chimie et à la biologie requiert d’énormes capacités de calcul, de moyens de traitement, de stockage et de logiciels. L’un des ordinateurs qui a permis de réaliser le séquençage et la cartographie du génome humain est le troisième plus gros ordinateur du monde. La bioinformatique est un secteur de pointe qui représente une aubaine pour les constructeurs informatiques. IBM investit sur ce marché depuis près de cinq ans et lui a consacré une antenne Life Sciences. Son concurrent Compaq a pu lever des fonds importants l’an passé. Il a lancé un programme de 100 millions de dollars destiné à financer des jeunes entreprises dans le secteur de la génomique, un marché en phase de croissance depuis la finalisation du séquençage du génome humain en l’an 2000.

Conscient de cette opportunité, les sociétés spécialisées en biotechnologies sont devenues progressivement des partenaires indispensables des laboratoires pharmaceutiques. Les dépenses moyennes de santé par habitant sont en augmentation constante. Les ventes mondiales de médicaments et de vaccins sont de l’ordre de 300 milliards d’euros. Les gens vivent plus longtemps et consomment de ce fait une plus grande quantité de médicaments au cours de leur vie. On observe aujourd’hui un vieillissement de la population, notamment dans les pays développés, une tendance qui n’est pas près de s’inverser dans les années futures. En 2010, environ 80 millions de «papy boomers» atteindront 65 ans, ce qui ouvre des marchés très attractifs dans certains domaines thérapeutiques : diabète, maladies du système nerveux central, pathologies articulaires et osseuses... Un marché titanesque et rentable. Un secteur également avec une très forte dimension affective et symbolique. Qui ne rêve pas de financer une petite dose d’immortalité ?



par Myriam  Berber

Article publié le 18/02/2002