Colombie
Ingrid Betancourt prise en otage
Candidate écologiste à l’élection présidentielle colombienne, Ingrid Betancourt a été enlevée par les rebelles des Farc. Un rapt qui intervient alors que le conflit a repris entre la guérilla et l’armée.
La Colombie bat tous les records d'enlèvements: plus de 3000 en 2001. 80% de ces enlèvements sont attribuées aux guérilleros des Farc (les Forces armées révolutionnaires colombiennes) ou de l'ELN (l'Armée de libération nationale) les deux principaux mouvements de guérilla colombien.
Les Farc détiendraient, à l'heure actuelle, plus de 800 personnes dont 140 policiers ou militaires. Ces statistiques sont fournies par une ONG, Pais libre, qui vient au secours des victimes de kidnapping. C'est un organisme privé et ce n'est pas un hasard: les otages ne sont pas la priorité du gouvernement colombien.
Avant la rupture des négociations de paix avec les Farc, Alvaro da Costa, un colonel de la police colombienne qui a passé 14 mois en détention dans la zone contrôlée par les Farc lançait un appel sur RFI pour que la libération des otages soit une priorité. Libéré grâce à un accord humanitaire entre les Farc et le gouvernement, il racontait ses conditions de détention: les déplacements constants dans la jungle pour échapper à la surveillance aérienne ou satellitaire de l'armée, la cage de trois mètres sur deux dans laquelle il était enfermé, protégé des intempéries par une bâche en plastique. Des conditions très dures physiquement et moralement dans lesquelles Ingrid Betancourt et sa directrice de campagne Clara Rojas se retrouvent aujourd'hui.
Les Farc réclament une loi sur les échanges de prisonniers
Pour ce qui concerne la candidate Ingrid Betancourt, il s'agit sans aucun doute, d'un enlèvement politique. La guérilla aurait déjà fait connaître ses exigences. En échange d'Ingrid Betancourt et des cinq parlementaires qu'elle détient, elle réclame une loi sur les échanges de prisonniers. Loi que le Président Pastrana refuse depuis quatre ans car elle donnerait aux Farc un statut de belligérant.
Avec Ingrid Betancourt, les guérilleros des Farc qui pratiquent ce qu'ils appellent la pèche miraculeuse en arrêtant au hasard des véhicules sur les routes ont fait une pêche plus importante peut-être qu'ils ne le croyaient. Déjà Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, ou le président français Jacques Chirac réclament sa libération.
On peut se demander pourquoi les Farc ont-ils décidé de retenir cette femme moderne aux idées progressistes qui milite pour l'environnement, contre la violence, la corruption et le trafic de drogue? Il faut peut-être chercher la réponse dans son parcours atypique.
Ingrid Betancourt a le sens de la provocation pour montrer le dynamisme de sa campagne, elle distribuait des comprimés de Viagra dans les rues de Bogota, une vrai provocation dans un pays macho comme la Colombie mais elle n'imaginait pas, sans doute, être une cible pour la guérilla. Sa voiture portait les autocollants de sa campagne. Elle se rendait à San Vicente del Caguan dont le maire appartient à son parti, mais pour les Farc, quelque soit son discours, Ingrid Betancourt appartient à cette élite colombienne, héritière directe des colons espagnol, qui a toujours dirigée le pays. Son père a été ministre puis diplomate. Elle a été élevée à Neuilly-sur-Seine, dans la banlieue chic de Paris, puis elle a poursuivi ses études à Paris à l'Institut de science-politique. Tout la sépare de ce peuple colombien qu'elle voudrait défendre mais qui ne se reconnaît pas en cette femme courageuse mais un peu trop cosmopolite.
Les Farc détiendraient, à l'heure actuelle, plus de 800 personnes dont 140 policiers ou militaires. Ces statistiques sont fournies par une ONG, Pais libre, qui vient au secours des victimes de kidnapping. C'est un organisme privé et ce n'est pas un hasard: les otages ne sont pas la priorité du gouvernement colombien.
Avant la rupture des négociations de paix avec les Farc, Alvaro da Costa, un colonel de la police colombienne qui a passé 14 mois en détention dans la zone contrôlée par les Farc lançait un appel sur RFI pour que la libération des otages soit une priorité. Libéré grâce à un accord humanitaire entre les Farc et le gouvernement, il racontait ses conditions de détention: les déplacements constants dans la jungle pour échapper à la surveillance aérienne ou satellitaire de l'armée, la cage de trois mètres sur deux dans laquelle il était enfermé, protégé des intempéries par une bâche en plastique. Des conditions très dures physiquement et moralement dans lesquelles Ingrid Betancourt et sa directrice de campagne Clara Rojas se retrouvent aujourd'hui.
Les Farc réclament une loi sur les échanges de prisonniers
Pour ce qui concerne la candidate Ingrid Betancourt, il s'agit sans aucun doute, d'un enlèvement politique. La guérilla aurait déjà fait connaître ses exigences. En échange d'Ingrid Betancourt et des cinq parlementaires qu'elle détient, elle réclame une loi sur les échanges de prisonniers. Loi que le Président Pastrana refuse depuis quatre ans car elle donnerait aux Farc un statut de belligérant.
Avec Ingrid Betancourt, les guérilleros des Farc qui pratiquent ce qu'ils appellent la pèche miraculeuse en arrêtant au hasard des véhicules sur les routes ont fait une pêche plus importante peut-être qu'ils ne le croyaient. Déjà Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, ou le président français Jacques Chirac réclament sa libération.
On peut se demander pourquoi les Farc ont-ils décidé de retenir cette femme moderne aux idées progressistes qui milite pour l'environnement, contre la violence, la corruption et le trafic de drogue? Il faut peut-être chercher la réponse dans son parcours atypique.
Ingrid Betancourt a le sens de la provocation pour montrer le dynamisme de sa campagne, elle distribuait des comprimés de Viagra dans les rues de Bogota, une vrai provocation dans un pays macho comme la Colombie mais elle n'imaginait pas, sans doute, être une cible pour la guérilla. Sa voiture portait les autocollants de sa campagne. Elle se rendait à San Vicente del Caguan dont le maire appartient à son parti, mais pour les Farc, quelque soit son discours, Ingrid Betancourt appartient à cette élite colombienne, héritière directe des colons espagnol, qui a toujours dirigée le pays. Son père a été ministre puis diplomate. Elle a été élevée à Neuilly-sur-Seine, dans la banlieue chic de Paris, puis elle a poursuivi ses études à Paris à l'Institut de science-politique. Tout la sépare de ce peuple colombien qu'elle voudrait défendre mais qui ne se reconnaît pas en cette femme courageuse mais un peu trop cosmopolite.
par Béatrice Leveillé
Article publié le 25/02/2002