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Venezuela

Le président Chavez face à un front social

Le président vénézuélien Hugo Chavez est assailli de toutes parts. Pour la deuxième fois en moins de quatre mois il est confronté à un mouvement de grève nationale à l'appel du principal syndicat ouvrier avec l'appui du patronat. A cela s'ajoute l'opposition politique à ses mesures de réformes, les appels à sa démission venus de membres des forces armées et la campagne de presse menée contre lui par la plupart des médias du pays.
La Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV) appelle mardi 9 avril à une grève nationale de 24 heures pour soutenir les cadres de la société nationale pétrolière, en guerre contre leur direction. Le patronat a annoncé son soutien à ce mouvement dès que le président Chavez a décidé la destitution de sept de ces cadres et la mise à la retraite anticipée de douze autres. A l'origine, un conflit qui oppose les cadres des Pétroles vénézuéliens (PDVSA) à une équipe de direction nommée en février dernier par la présidence et considérée comme plus politique que compétente sur le plan industriel. Or, la société nationale pétrolière du Venezuela assure 80% des recettes en devises du pays et la moitié du budget de l'Etat. Le Venezuela est le 4ème pays producteur de pétrole au monde avec 2,4 millions de barils par jour.

Déjà le 10 décembre dernier syndicat et patronat avaient cessé le travail pour protester contre une série de réformes décidées par le président Chavez sous forme de décrets-lois. Le président a été élu en 1998 et réélu en 2000 pour un mandat de six ans et semble toujours bénéficier du soutien des classes populaires.

Seul contre tous

Toutefois, on peut se demander s’il parviendra au terme de son mandat. Ce président classé populiste de gauche est en butte à la pression des élites possédantes opposées à son projet de réforme agraire qualifiée par eux de « castriste » dans un pays où 20% des propriétaires détiennent 60% des terres, souvent sans les exploiter. Du côté syndical la CTV qui rassemble 1,3 millions de fonctionnaires est contrôlée par l’opposition.

Depuis le 12 février le bolivar flotte librement par rapport au dollar entraînant dévaluation et dépression de l’activité économique dans un contexte de faiblesse des prix du pétrole jusqu’à la reprise des tensions au Proche-Orient, ces dernières semaines. Une des préoccupations majeures des observateurs de la situation économique réside dans les réactions sociales possibles au mouvement inflationniste actuel.

De plus, en février dernier quatre officiers de l’armée vénézuélienne lançaient des appels à la démission du chef de l’Etat estimant que le tribunal suprême de justice devrait procéder à sa mise en accusation. Dans ce contexte difficile le président Hugo Chavez ne peut pas compter sur le soutien de la presse écrite ou télévisée. La plupart des médias se livrent à une virulente campagne contre son action quand ils ne se prononcent pas tout bonnement pour son départ anticipé.

Pour en savoir plus :
La chronique des matières premières de Jean-Pierre Boris. (10/04/2002)

Maximilien Averlaïs
Conseiller au secrétariat de Hugo Chavez. (09/04/2002)



par Francine  Quentin

Article publié le 09/04/2002