Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France : législatives 2002

La gauche reprend espoir

Empêcher la droite de transformer l'essai de la présidentielle est l'objectif affiché par la gauche qui, après avoir été «plurielle» aspire à devenir «unie». Pour l'instant, chacune des composantes peaufine, de son côté, un programme de nature à remobiliser l'électorat et discute, parfois âprement, un accord sur des candidatures uniques ou de rassemblement en fonction du danger représenté par l'extrême droite dans les circonscriptions.
L'inversion du calendrier électoral entre la présidentielle et les législatives a été voulue, à droite comme à gauche, pour éloigner, disait-on, le spectre de la cohabitation. Dans le secret des isoloirs les Français semblent se faire une joie de déjouer les appareils politiques. Après une élection présidentielle à surprise qui a vu l'élimination du candidat socialiste au premier tour et un raz-de-marée républicain en faveur de Jacques Chirac au deuxième, les électeurs pourraient bien à nouveau n'en faire qu'à leur tête. Selon un sondage Louis Harris 48% d'entre eux s'apprêteraient à voter contre les candidats de droite pour équilibrer le pouvoir entre l'Elysée et l'Assemblée nationale tandis que 41% souhaitent, au contraire, pour Jacques Chirac une majorité cohérente.

La gauche y voit des raisons d’espérer une reconquête de son électorat dispersé sur des candidatures multiples et de contestation. A condition toutefois de lui proposer un projet de législature qui le remobilise et d’adopter une stratégie de candidatures efficace. C’est ce à quoi s’attellent les formations de l’ex-gauche plurielle depuis la fin de la présidentielle sachant que le temps est court jusqu’aux législatives des 9 et 16 juin prochains.

Outre l’espérance d’imposer au président de la République une nouvelle cohabitation, la gauche entend également tout faire pour qu’aucun député du Front national ne soit élu. Donc, dans les circonscriptions où la gauche dispersée risquerait de ne pouvoir participer au deuxième tour, laissant la droite face au FN, comme à la présidentielle, des candidatures uniques PS, PC, Vert, PRG seraient investies. Sur 555 circonscriptions métropolitaines, ce cas de figure n’atteint pas la centaine. Là où le risque est moindre, des candidatures de rassemblement pourraient, dans une cinquantaine de circonscriptions, laisser latitude aux communistes ou aux écologistes de présenter leur propre candidat. Ailleurs chaque formation est libre de son choix.

«Ancrage à gauche»

Dans la pratique, ce projet d’accord électoral ne convient pas au PC qui, faible de ses 3,4% de suffrages à la présidentielle, a du mal à limiter les dégâts en terme de circonscriptions. Les négociations se poursuivent. Enfin, Jean-Pierre Chevènement est en mauvaise posture pour défendre les candidats MDC: les socialistes manifestent une certaine froideur envers celui qui pendant la campagne présidentielle se définissait comme «ni de droite ni de gauche», bien qu’étant, depuis quelques jours, plus net sur son appartenance à la gauche.

Mais les accords électoraux entre états-majors peuvent paraître insuffisants aux électeurs. C’est pourquoi socialistes et écologistes n’ont pas tardé à rendre publics leur programme de législature. Les socialistes étaient particulièrement attendus au tournant. Ils réaffirment leur «ancrage à gauche», puisque sur ce point leur électorat semblait avoir des doutes. Niant se livrer à un coup de barre à gauche, le PS prend en compte les «aspirations sociales» et les «attentes des classes populaires» : augmentation des bas salaires et minima sociaux, lutte contre le travail précaire, maintien des services publics.

Les Verts, de leur côté, débordent largement, dans leur programme, les propositions environnementales pour aborder la réforme des institutions, la lutte contre la mondialisation libérale, l’égalité des chances et la réduction des inégalités. Devant les électeurs, pour les législatives, les différentes composantes de la gauche devraient se limiter à une plate-forme de propositions communes mettant en avant ce qui les unit et laissant provisoirement de côté ce qui les sépare, comme l’énergie nucléaire, par exemple.





par Francine  Quentin

Article publié le 08/05/2002