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Guinée Equatoriale

Peines de mort requises contre des «comploteurs»

Le procès d’une centaine de personnes accusées de complot contre la sûreté de l’Etat, à Malabo la capitale, ramène la Guinée équatoriale sur la scène politique de l’Afrique centrale. Ce petit pays coincé entre le Gabon, le Cameroun et l’Océan Atlantique se distingue depuis quelques années par une production exceptionnelle de pétrole mais aussi par l’exercice d’un pouvoir dictatorial.
A un an de l’élection présidentielle en Guinée équatoriale, les grandes manœuvres et intrigues politiciennes refont surface. Le régime du président Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis 1979, est coutumier du fait. «A chaque veille d’élections, il procède à des vagues d’arrestations dans le camp de l’opposition, en invoquant des tentatives de coup d’Etat». C’est la seule et unique explication que les partis d’opposition donnent aux différentes agitations «orchestrées par le gouvernement, le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), ex-parti unique et l’Assemblée nationale». Les présumés «comploteurs» qui comparaissent à partir d’aujourd’hui sont pour la plupart membres des partis d’opposition. Placido Mico Abogo, secrétaire général de la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) a été arrêté et libéré sur «instructions» du président de la république est assigné à résidence et risque gros dans le procès qui s’ouvre aujourd’hui. Fabian Nsue Nguema, secrétaire général de l’Union populaire (UP), un autre parti d’opposition, a moins de chance puisqu’il se trouve écroué pour «injures envers le chef de l’Etat».

L’inquiétude de la classe politique n’a cessé de grandir depuis quelques mois. En effet, certaines mesures spectaculaires ont limité et encadré des libertés publiques. L’exercice du métier de journaliste est soumise à des autorisations et accréditations directement délivrées par le ministère de l’Information. Cette mesure a immédiatement suscité la réaction de l’association «Reporters sans frontières» qui a adressé une lettre de protestation au président Nguema. «Votre pays est l’un des plus répressifs du continent africain en matière de liberté de la presse. La presse indépendante est quasiment inexistante, la seule association de journalistes est constamment menacée, l’accès à Internet est de plus en plus limité et les journalistes étrangers sont soumis à de nouvelles réglementations particulièrement restrictives», a souligné Robert Ménard, le secrétaire général de RSF.

Dissolution de l’ordre des avocats

La déclaration d’un vice-ministre demandant une mesure d’interdiction de l’Association de la presse Guinée équatoriale (ASOPGE), avait été suivi d’effet le jour même de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai. L’ASOPGE avait été empêchée d’organiser ses manifestations, conférences et expositions. Dans la foulée, le gouvernement équato-guinéen annone la dissolution de l’ordre des avocats et en remplacement la création d’un Conseil général des avocats présidé par le ministre de la Justice et du culte. Le gouvernement reproche à l’ordre des avocats d’agir contre lui et accuse plusieurs de ses membres de «transformer cette institution en une plate-forme visant des objectifs politiques et personnels». Selon le même communiqué gouvernemental les membres de l’ordre dissous ne pourront participer à la nouvelle structure. Par ailleurs, les deux chefs de parti inquiétés par la justice de leur pays, sont avocats, membres de l’ordre dissous et l’un d’eux était aussi l’avocat de plusieurs personnes accusées d’attenter à la sûreté de l’Etat.

Toutes ces décisions gouvernementales confortent l’opposition dans ses accusations de chasses aux sorcières. Selon l’opposition le président Obiang Nguema «cherche à museler tous ses adversaires parce qu’il n’a jamais eu l’intention de partager le pouvoir». Il vient d’ailleurs d’être désigné «candidat du peuple» par le parlement essentiellement composé par des députés (75 sur 80) du PDGE, parti au pouvoir. Le président qui semble lancer la campagne présidentielle a promis une augmentation de 35% des salaires des fonctionnaires à compter du 1er juillet. L’opposition dénonce la perte des libertés chèrement acquises et en appelle à la communauté internationale. Elle situe la cascade des mesures liberticides du gouvernement au 19 avril 2002, date à laquelle la Commission des droits de l’homme de l’ONU a mis fin au mandat de son représentant spécial en Guinée équatoriale pour les questions relatives aux droits de l’homme.



Article publié le 24/05/2002