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Electronique grand public

La photo numérique se démocratise

La photo numérique n’est plus l’apanage d’une élite ou d’initiés qui possèdent un équipement informatique puissant et relativement coûteux. Les rayons destinés au grand public n’en finissent pas de s’allonger. Les nouveaux appareils devraient permettre à la photo numérique de devenir un produit de consommation courante.
Faut-il ranger les appareils photo traditionnels argentiques au rayon des vieux souvenirs ? Plus que jamais, c’est le numérique qui tire l'industrie de la photographie vers le haut. En 2001, près d’un appareil photographique sur quatre vendus dans le monde était numérique. Les appareils numériques accaparent 25% des ventes et plus de la moitié du chiffre d'affaires du marché global de la photo, selon le Syndicat des entreprises de commerce inter-national de matériels photo et cinéma-vidéo (SIPEC).

Jusque là réservés aux usagers professionnels et aux amateurs experts, «mordus» de la photo et de l'informatique, cette offre est désormais en train de se démocratiser. L’Europe et notamment la France n’échappe pas au phénomène. La photographie numérique affiche une belle croissance dans l’hexagone comme l’explique Ronan Loaëc, Rédacteur en chef du magazine spécialisé Chasseurs d’images: «Plus compacts, plus simples à utiliser et d’un prix qui devient nettement plus abordable, les appareils photos numériques voient leurs ventes s’envoler en France, tandis que les appareils argentiques classiques (les reflex à objectifs interchangeables, les bridge camera et même les compact-zooms) stagnent ou régressent légèrement. Le marché a littéralement explosé entre 2000 et 2001 grâce aux appareils numériques qui constituent l'essentiel des nouveautés : une progression à deux chiffres qui ne donne pas de signes d'essoufflement.»

Les appareils de photo numérique modifient la règle du jeu : les images sont immédiatement visibles. Elles peuvent être imprimées à domicile sur une imprimante jet d'encre traditionnelle. Pour ceux qui disposent d'un ordinateur, elles peuvent être retravaillées ultérieurement (on peut estomper un reflet disgracieux, atténuer l'importance d'un arrière plan envahissant, agrémenter un ciel de beaux nuages en quelques clics de souris...):des images qui nécessitaient, il y a quelques années, un équipement informatique professionnel. En revanche, les photos numériques ne sont pas toujours de meilleure qualité ! Dernier avantage et non des moindre : les économies en matière de pellicules et de frais développement, important pour les gros consommateurs de films. A ce jour, le coût des tirages minilab est plus élevé à partir d'un fichier numérique que d'un film conventionnel : une différence qui devrait progressivement s'atténuer.

Reste le prix de l'équipement. Pas toujours à la portée de toutes les bourses. Comptez pour un appareil de base (batterie et carte mémoire comprises) un prix moyen entre 600 et 800 euros. Et pourtant la recette fonctionne. Le public plébiscite les appareils numériques. Comment expliquer un tel succès ? Eléments de réponses avec Ronan Loaëc: «Les fabricants ont trouvé les moyens d’attirer le grand public... C'est un effet de mode, un engouement pour la magie que procure l'image vue sur écran ou disponible sur l'imprimante de la maison en quelques minutes. Nombreux sont les amateurs d’images prêts à investir cette somme pour un usage vacances-famille. Il faut avoir à l'esprit qu'elle représente deux à trois fois le montant d'un équipement argentique comparable, un compact-zoom classique, équivalent en possibilités photographiques et qualité d'image.»

Gourmands en énergie et en mémoire

Concrètement. L’avenir est prometteur. La photographie numérique, oui. Pour tous, à voir. Car une fois acheté votre appareil... vous n’avez pas fini de dépenser. Les appareils numériques sont très gourmands en énergie et en mémoire. «Aujourd’hui , les derniers modèles lancés sur le marché sont vendus avec une carte mémoire d’une capacité de 8 à 16 Mo, notoirement insuffisante pour exploiter la haute résolution. En gros, une capacité de 64 Mo permet de stocker l'équivalent d'un 36 poses et un jeu de batteries dure environ la journée», explique Ronan Loaëc. Avant d’ajouter: «Ainsi, pour les gros consommateurs d’images, la solution passe par l’acquisition de cartes mémoires et de jeux de batteries supplémentaires. Contrairement aux films, les cartes mémoire s'effacent une fois les images tranférées sur cédérom ou sur le disque dur de l'ordinateur domestique : chères à l'achat (compter environ 100 euros pour une 64 Mo) les cartes sont donc très peu coûteuses à l'usage. Faute de cartes mémoire supplémentaire, les passionnées devraient se limiter aux images de basse définition ou accepter une autonomie ridicule, extrêmement frustrante.

Reste un dernier obstacle à la photo numérique dans sa version grand public : le développement des clichés. Tout le monde ne dispose pas toujours d’un ordinateur et d’une imprimante couleur. Les nouveaux périphériques sortis des usines d’Hewlett-Packard, Epson et Canon -véritables labo photos- devraient résoudre ce problème. Avec cette nouvelle génération d’imprimantes photo, il n’est plus nécessaire de passer par l’ordinateur pour réaliser ces tirages couleur. Les systèmes de lecteur de carte intégrée permettent de tirer instantanément ses photos. Des imprimantes également «régime minceur». Canon a ouvert le bal, en présentant le Digital IXUS. Sa particularité : son imprimante de poche (de la taille de l’appareil). Hewlett-Packard propose également un modèle ultra-compact qui produit des tirages 10 x 15 qualité photo. Autre possibilité offerte au touriste de passage qui désire vider ses cartes mémoires, les kiosques photographiques mis en place par les entreprises du secteur. Kodak, Fuji, Sony, Olympus ont installé ces kiosques pour développer les photos numériques dans les pharmacies, les centres commerciaux, les hôtels et les parcs à thèmes. Pour l’heure, ces bornes se limitent aux Etats-Unis et au continent asiatique

Si l’on en croit les spécialistes, les nouveaux terminaux vont donner des ailes à la photo numérique. Pour trouver des débouchés auprès du grand public, les fabricants travaillent à la mise au point d’une nouvelle génération de terminaux. Le futur est aux appareils numériques «tendance minimaliste». Aujourd’hui le plus petit, technologiquement parlant, est la montre qui fait office d’appareil photo. Casio a sortit un modèle grand public. Le prix de cet étonnant gadget muni d’un écran cristaux liquides, un peu plus de 275 euros. Le transfert des photos se fait sur PC par le port infrarouge.

Toujours au Japon, le géant des télécoms NTT DoCoMo a lancé début juin une gamme de téléphone/appareil numérique : les 504i. Le premier fabricant à avoir eu l’idée d’un tel mariage contre-nature fut le Coréen Samsung. Mais le modèle imaginé par les ingénieurs de NTT DoCoMo est un téléphone mobile de troisième génération avec un accès rapide à Internet. Un téléphone portable avec appareil de photo intégré qui permet de prendre une photo et de l’envoyer instantanément par courrier électronique via le réseau informatique mondial.



par Myriam  Berber

Article publié le 05/06/2002