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France-Allemagne

Le couple franco-allemand en panne

Le sommet qui s’est tenu ce mardi à Schwerin, dans l’ex-RDA, entre Gerhard Schröder et Jacques Chirac, était peut-être le dernier entre les deux hommes. Dans deux mois, le chancelier allemand risque en effet d’être battu aux élections législatives, au profit du candidat de l’opposition Edmund Stoiber, donné favori dans les sondages. Les grands dossiers, comme la réforme de la Politique agricole commune, ont donc été mis entre parenthèses et les discussions ne reprendront sérieusement qu’à l’automne.
Entre Paris et Berlin, les sujets de divergences ne manquent pas à propos de l’Europe. Il y a tout d’abord la répartition des pouvoirs. Alors que la France tient à préserver la notion d’Etat national, l’Allemagne privilégie l’échelon régional, deux conceptions radicalement opposées. Mais c’est surtout la Politique agricole commune qui divise les deux pays. Soutenu par la Commission européenne, Gerhard Schröder plaide pour une réforme anticipée de la PAC car il estime que l’Allemagne, qui finance déjà beaucoup trop à son goût le secteur agricole, verra sa contribution augmenter quand dix nouveaux pays, Pologne et Hongrie notamment, intègreront l’Union, en 2004. Mais Jacques Chirac refuse toute modification avant fin 2005 ou début 2006. Une position partagée par le conservateur Edmund Stoiber, le challenger de Gerhard Schröder, donné vainqueur aux élections du 22 septembre prochain.

C’est peut-être avec lui que le président français devra relancer la machine franco-allemande, «réviser le moteur», selon la formule employée par Edmund Stoiber lors de son passage à Paris, mi-juillet. Accueilli très chaleureusement dans la capitale française, celui qui occupe actuellement le rang de ministre-président de Bavière avait déploré «l’attiédissement des relations franco-allemandes». Un message parfaitement bien reçu par Jacques Chirac et son premier ministre qui plaident tous deux pour la création d’un «pacte fondateur», pour une «vision commune» entre la France et l’Allemagne.

Imposer sa place dans une grande Europe

Jadis précurseur de la construction de l’Union, le couple franco-Allemand peine aujourd’hui à trouver sa place au sein d’une Europe élargie. En France comme en Allemagne, le thème de l’Europe et de son avenir est d’ailleurs resté relativement absent des campagnes électorales. Alors, à quelques mois du quarantième anniversaire du Traité d’amitié franco-allemand, signé en 1963 par le président Charles de Gaule et le chancelier Konrad Adenauer, Paris propose de «renforcer l’axe Paris-Berlin». Cela permettrait, aux yeux de Jacques Chirac, «d’édifier une Europe puissante» capable de «tenir son rang» dans un monde dominé par les Etats-Unis. Mais que faut-il proposer en matière de défense commune ? Comment harmoniser les politiques étrangères ? Autant de questions laissées en suspens lors de ce sommet de Schwerin, le 79ème du genre entre les deux pays.

Dans l’immédiat, la rencontre dans la «Florence du nord» aura toutefois permis de mettre en place un calendrier de négociations au sujet de la politique agricole commune. Car il s’agit de s’entendre d’ici le mois de décembre prochain, date du sommet européen qui entérinera l’élargissement de l’Union vers l’Est. Paris et Berlin ont aussi décidé de renforcer leur coopération dans le domaine du renseignement militaire en mettant en commun leurs programmes respectifs de satellites espions, Hélios pour la France et SAR-Lupe pour l’Allemagne. 800 000 euros devraient être débloqués pour rendre compatibles les deux projets. Un tel rapprochement permettrait d’être plus efficace en matière de renseignement. Lors de la guerre au Kosovo, au printemps 1999, l’Europe n’avait pu que constater ses lacunes dans ce domaine. Enfin, les dirigeants français et allemands veulent mettre sur pied une «opinion publique européenne». Ils ont donc adopté une déclaration d’intention qui appelle à davantage de coopération entre les médias des deux pays, à l’image de la chaîne franco-allemande Arte.

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par Caroline  Olive

Article publié le 30/07/2002