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Brésil

Lula favori à la présidentielle

A quelques jours des élections générales, au Brésil, les sondages ne cessent de témoigner de la progression du candidat du parti des Travailleurs (PT). Lula pourrait être élu à la présidence dès le premier tour, dimanche 6 octobre.
De notre correspondante à Brasilia

Toutes les enquêtes renforcent cette hypothèse, de même qu’aucune ne réussit à départager les trois autres candidats qui espèrent provoquer le deuxième tour du 27 octobre. Le social-démocrate (du PSDB, parti social-démocrate brésilien), dauphin du gouvernement sortant, José Serra devance de peu l’ancien gouverneur de Rio du parti socialiste brésilien (PSB) Anthony Garotinho et l’ancien gouverneur du Ceara du Front Travailliste Ciro Gomes.

Le suspense est donc double, et inattendu. En effet, Lula qui se présente à la présidentielle pour la quatrième fois, est depuis toujours bien coté dans la population, naviguant entre 30 et 40% d’opinion favorable. Surtout depuis 1989, quand l’ancien ouvrier leader du syndicat des métallurgistes avait bien failli faire barrage au candidat libéral finalement élu, puis destitué en 1992, Fernando Collor. Cette fois, Lula n’a jamais reculé dans les sondages, comme cela avait été le cas par deux fois face au président sortant Cardoso, élu puis réélu au premier tour en 1994 et 1998. Pour deux raisons principales : la lassitude de l’électorat envers l’équipe en place, et l’absence d’un adversaire charismatique.

Si les brésiliens restent fidèles à Fernando Henrique Cardoso (60% jugent son gouvernement bon ou raisonnable), ces mêmes citoyens réclament du changement avec la prochaine élection. L’usure donc pour une équipe sociale-démocrate, alliée au puissant parti conservateur du Front Libéral (PFL), ce qui lui a permis d’avoir durant huit ans la majorité. Mais les réformes n’auront pas suivi le rythme du premier mandat, lorsque le gouvernement Cardoso a assaini les finances de l’Etat, maîtrisé l’inflation qui atteignait 3 000% en 1994, imposé une monnaie forte, le real, et procédé aux privatisations.

Dans le domaine social, les avancées ont été moins visibles alors que le chômage n’a jamais été aussi élevé (officiellement 7%) et que la violence terrorise les classes privilégiées des centres urbains. L’électorat s’est donc montré de plus en plus sensible au discours social du leader du PT qui prône le changement.

«Lula ligth»

Ensuite, l’«élite brésilienne», cette caste qui depuis toujours dirige le Brésil, n’a pas réussi à s’entendre pour choisir le candidat parfait, comme ce fût la cas autour du nom de Cardoso, un sociologue au parcours politique pourtant très marqué à gauche. Peu avant le début de la campagne, le PSDB et le PFL se sont brouillés après la mise à l’écart de Roseana Sarney (PFL), fille de l’ancien président José Sarney. Le PFL ne soutient officiellement personne.

Ciro Gomes aura d’abord été le challenger de Lula, puis José Serra et maintenant Anthony Garotinho.
Et surprise, la machine électorale du gouvernement n’a cette fois pas réussi à imposer José Serra, le favori de l’«establishment», comme l’a bien montré la réaction des marchés financiers, très nerveux à chaque sondage favorable à Lula. L’ami personnel de Fernando Henrique Cardoso, avait pourtant mené une action remarquée au ministère de la Santé, en imposant les médicaments génériques dans les pharmacies.

Enfin Lula et le parti des Travailleurs ont beaucoup atténué leur discours révolutionnaire des années 80 et 90, pour promettre de respecter les marchés, les accords avec le FMI, et évité tout projet du programme inquiétant, comme la réforme agraire. Les électeurs brésiliens sont sous le charme de «Lula Light».



par Annie  Gasnier

Article publié le 02/10/2002