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Asie

Asean: non au terrorisme, oui au tourisme

Alors que l’attentat de Bali, perpétré il y a trois semaines, est encore très présent dans les esprits, les dix pays membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique ont mis au programme de leur huitième sommet, la lutte contre le terrorisme international mais aussi contre ses dégâts collatéraux sur l’économie et le tourisme.
Les pays d’Asie du Sud-Est ont voulu marquer, dès le début de leur rencontre dans le cadre du huitième sommet de l’Asean à Phnom Penh, leur volonté de participer aussi activement que possible à la grande offensive internationale antiterroriste. Les dix pays de l’association (Bruneï, Birmanie, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Singapour, Philippines, Thaïlande, Vietnam) ont ainsi déclaré qu’ils étaient «résolus à intensifier leurs efforts, collectivement et individuellement, pour prévenir, contrer et éliminer les activités des groupes terroristes dans la région».

Il se trouve, en effet, que l’Asie du Sud-Est fait, selon les Etats-Unis, partie des «bases arrières» de l’organisation terroriste Al-Qaïda, responsable des attentats du 11 septembre. Pour Washington, les groupes islamistes liés à ce réseau prolifèrent dans plusieurs pays de la région et notamment en Indonésie. Le récent attentat perpétré à Bali qui a fait près de deux cents morts, pour la plupart des étrangers en vacances dans l’île, offre une preuve de la présence active d’extrémistes islamistes dans cette région. Il a été attribué à la Jamaah Islamiyah.

Le manque de détermination et d’efficacité des autorités indonésiennes face au risque terroriste a d’ailleurs été vivement critiqué à la suite de cet attentat à la voiture piégée. C’est donc aussi pour retrouver un certain crédit auprès des pays occidentaux en général, et des Etats-Unis en particulier, que les Etats membres de l’Asean ont tenu à se positionner rapidement sur cette question centrale.

Eviter la fuite des touristes

Ils ont donc adopté un texte dans lequel ils s’engagent à prendre «des mesures pratiques de coopération» entre eux et avec la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme. Mais au-delà de cette déclaration d’intention, aucune précision concrète n’est donnée sur le type de mesures envisagées, si ce n’est que la collaboration devrait se situer au niveau des services de renseignement et de la police. Malgré tout, la Thaïlande a décidé de rejoindre la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et le Cambodge au sein d’un pacte antiterroriste régional.

De la même manière, les Etats de l’Asean auxquels se sont associés la Chine, le Japon, la Corée du Sud, ont appelé la Corée du Nord «à arrêter son programme d’armement nucléaire», qu’elle poursuit malgré l’engagement pris en 1994 de le geler. Ils rejoignent là encore les positions des Etats-Unis qui ont mis ce pays sur leur liste des Etats dangereux aux côtés de l’Irak, notamment.

Cette bonne volonté ostensiblement affichée de faire partie des pays qui combattent le terrorisme ne va pas sans arrières-pensées économiques. Car les membres de l’Asean veulent éviter, autant que possible, de subir le contrecoup des attaques terroristes sur leurs revenus touristiques. Les effets de l’attentat de Bali commencent, en effet, à se faire durement sentir dans la région avec une diminution importante de l’activité. Et les Etats veulent stopper cette chute le plus rapidement possible. Dans cette optique, ils tentent d’offrir des garanties aux pays occidentaux pour les inciter à ne plus dissuader leurs ressortissants de choisir des destinations asiatiques. Les Etats-Unis comme l’Australie ont, dès l’annonce de l’attentat de Bali, demandé aux touristes présents de partir et aux autres d’éviter les pays de la région.

Si ce sommet a permis aux membres de l’Asean de prendre des positions politiques, traditionnellement leurs préoccupations sont plutôt d’ordre économique. La réunion de Phnom Penh leur a d’ailleurs donné l’occasion d’avancer dans ce domaine en signant un accord particulièrement important avec la Chine. Entre 2010 et 2015, une zone de libre-échange doit permettre aux Etats concernés de profiter notamment de baisses des tarifs douaniers au sein d’un marché extrêmement vaste dont le produit intérieur brut avoisinera les 2000 milliards de dollars.



par Valérie  Gas

Article publié le 04/11/2002