Elargissement de l''Europe
Une Europe prospère en quête de puissance
Paix, prospérité, puissance : l’élargissement de l’Union européenne de 15 à 25 membres, en 2004, et davantage encore à l’avenir, est de nature, selon ses partisans, à rééquilibrer l’ordre mondial en faveur du vieux continent. Mais des difficultés demeurent à surmonter, comme l’adaptation des institutions européennes ou les solidarités financières nécessaires à une mise à niveau des pays entrants.
Pour Gunter Verheugen, commissaire européen chargé de l’élargissement, «l’espace de paix que nous sommes en mesure d’étendre à dix Etats situés entre la Baltique et la mer Noire nous rend politiquement plus forts et garantit la stabilité». Il ne s’agit pas, en effet, d’intégrer «des populations exotiques lointaines mais des nations de vieille culture européenne que nous ne pouvons exclure au seul motif qu’elles n’ont pas pu en faire partie dès le début». L’Union des quinze, s’élargissant à ces dix pays d’Europe centrale et orientale que sont la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie, la Slovénie, Chypre et Malte, met définitivement un point final aux conflits meurtriers du XXème siècle qui ont abouti à la division de l’Europe.
A l’inverse, ne pas s’ouvrir, c’est favoriser l’instabilité politique en Europe, mettre un frein à la démocratisation à l’Est, s’interdire de combattre efficacement le crime organisé, l’immigration illégale et le terrorisme. Toutefois, pour ce qui concerne l’implantation de mafias diverses et les flux migratoires, des voix moins optimistes s’élèvent à l’Ouest.
Avec la paix, la prospérité et, sur ce point, les dix pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne présentent des avantages. Ils résistent mieux que les membres actuels au ralentissement économique mondial, affichant des taux de croissance annuels supérieurs à ceux des Quinze. L’ouverture d’un nouveau marché de 74 millions de consommateurs devrait dynamiser la croissance économique et créer des emplois chez les Quinze, tandis qu’à l’Est l’accès aux 380 millions d’Européens aura les mêmes effets. Une étude de la Commission européenne estime à 0,7% par an la croissance supplémentaire du PIB générée chez les membres actuels par l’élargissement, et entre 1,3 et 2% par an celle produite à l’est de l’Europe par l’ouverture des frontières.
Un jeu à somme positive
Les disparités de revenus entre anciens et nouveaux membres posent cependant un bon nombre de problèmes. Le PIB des dix en 2001, à 390 milliards d’euros, ne représente que moins de 5% du PIB des Quinze et, alors que la richesse par habitant (PIB/habitant) dépasse 23 000 euros par an dans l’Europe des Quinze, elle dépasse à peine 10 000 euros en moyenne chez les dix candidats. Et encore, Chypre dépasse les 20 000 euros là où la Lettonie plafonne à 7 400 euros. D’où les craintes exprimées par les entreprises des secteurs fragilisés, dans des pays comme la France, de voir se multiplier les délocalisations industrielles si la concurrence s’exerce, à partir de 2004, sur la base des seuls coûts salariaux, très inférieurs dans les pays d’Europe centrale et orientale.
En revanche, la Commission européenne ne s’attend pas à un raz-de-marée migratoire vers les pays les plus riches de l’UE, de nature à perturber le marché du travail. Seulement 335 000 personnes s’installeraient dans les pays de l’Union à quinze, en provenance des pays entrants, si les mouvements étaient totalement libéralisés. Ce qui ne sera d’ailleurs pas le cas avant une période transitoire de sept ans. D’autant que les relations économiques entre les Quinze et les dix ne partent pas de zéro, loin s’en faut. Les exportations vers l’Union européenne représentent déjà de 60% à 80% des exportations des dix tandis que 79% des investissements étrangers directs dans ces pays proviennent de l’UE.
Le financement de l’élargissement est un sujet épineux. Une enveloppe de 40 milliards d’euros y est consacrée, entre 2004 et 2006, afin de favoriser l’adaptation des économies des Dix. Le dosage devra être subtil pour ne pas créer de fossé entre perdants et gagnants de l’ouverture et pour que l’élargissement soit bien ce «jeu à somme positive» qui a été promis.
A l’inverse, ne pas s’ouvrir, c’est favoriser l’instabilité politique en Europe, mettre un frein à la démocratisation à l’Est, s’interdire de combattre efficacement le crime organisé, l’immigration illégale et le terrorisme. Toutefois, pour ce qui concerne l’implantation de mafias diverses et les flux migratoires, des voix moins optimistes s’élèvent à l’Ouest.
Avec la paix, la prospérité et, sur ce point, les dix pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne présentent des avantages. Ils résistent mieux que les membres actuels au ralentissement économique mondial, affichant des taux de croissance annuels supérieurs à ceux des Quinze. L’ouverture d’un nouveau marché de 74 millions de consommateurs devrait dynamiser la croissance économique et créer des emplois chez les Quinze, tandis qu’à l’Est l’accès aux 380 millions d’Européens aura les mêmes effets. Une étude de la Commission européenne estime à 0,7% par an la croissance supplémentaire du PIB générée chez les membres actuels par l’élargissement, et entre 1,3 et 2% par an celle produite à l’est de l’Europe par l’ouverture des frontières.
Un jeu à somme positive
Les disparités de revenus entre anciens et nouveaux membres posent cependant un bon nombre de problèmes. Le PIB des dix en 2001, à 390 milliards d’euros, ne représente que moins de 5% du PIB des Quinze et, alors que la richesse par habitant (PIB/habitant) dépasse 23 000 euros par an dans l’Europe des Quinze, elle dépasse à peine 10 000 euros en moyenne chez les dix candidats. Et encore, Chypre dépasse les 20 000 euros là où la Lettonie plafonne à 7 400 euros. D’où les craintes exprimées par les entreprises des secteurs fragilisés, dans des pays comme la France, de voir se multiplier les délocalisations industrielles si la concurrence s’exerce, à partir de 2004, sur la base des seuls coûts salariaux, très inférieurs dans les pays d’Europe centrale et orientale.
En revanche, la Commission européenne ne s’attend pas à un raz-de-marée migratoire vers les pays les plus riches de l’UE, de nature à perturber le marché du travail. Seulement 335 000 personnes s’installeraient dans les pays de l’Union à quinze, en provenance des pays entrants, si les mouvements étaient totalement libéralisés. Ce qui ne sera d’ailleurs pas le cas avant une période transitoire de sept ans. D’autant que les relations économiques entre les Quinze et les dix ne partent pas de zéro, loin s’en faut. Les exportations vers l’Union européenne représentent déjà de 60% à 80% des exportations des dix tandis que 79% des investissements étrangers directs dans ces pays proviennent de l’UE.
Le financement de l’élargissement est un sujet épineux. Une enveloppe de 40 milliards d’euros y est consacrée, entre 2004 et 2006, afin de favoriser l’adaptation des économies des Dix. Le dosage devra être subtil pour ne pas créer de fossé entre perdants et gagnants de l’ouverture et pour que l’élargissement soit bien ce «jeu à somme positive» qui a été promis.
par Francine Quentin
Article publié le 11/12/2002