Reconstruction de l''Irak
Pendant la guerre, les affaires continuent
Sans attendre la fin des opérations militaires en Irak, la course est engagée pour l'obtention des marchés portant sur la reconstruction du pays. L'attribution des premiers contrats semble indiquer que les entreprises américaines vont se tailler la part du lion. Les Britanniques protestent.
Les deux premiers contrats passés par l'Agence américaine pour le développement international (USAID) en vue de la reconstruction de l'Irak ont été attribués à deux entreprises américaines. Ce qui n'est pas surprenant car l'appel d'offres n'était pas ouvert à des entreprises étrangères aux Etats-Unis. Un contrat de logistique de 7 millions de dollars à été attribué à IRS (International Resources group) et la réhabilitation du port pétrolier de Oum Qasr, pour 4,8 millions de dollars, est revenu à Stevedoring Services of America (SSA).
Ces faits laissent penser que les entreprises américaines seront bien en première ligne de toutes les opérations de remise en état des infrastructures économiques et sociales de l’Irak, après la fin des hostilités. L'USAID n'avait même pas attendu le déclenchement de la guerre pour lancer, en mars, un appel d'offres pour plusieurs contrats liés à la reconstruction de l’Irak d’un montant de 900 millions de dollars. Un plan de reconstruction pour l’Irak a même formellement été élaboré, envisageant concrètement la remise en état des systèmes d’approvisionnement d’eau, des réseaux routiers, des ports, hôpitaux et écoles. Les travaux devraient être effectués dans un délai de 18 mois.
L’absence de transparence dans l’attribution des marchés ne devrait pas étonner les entreprises françaises, russes ou allemandes. Berlin n'en a pas moins instauré une cellule spéciale, aux Affaires étrangères, pour préparer la reconstruction. Mais, en février, le sénateur américain Richard Lugar, président de la commission des Affaires étrangères, avait déclaré à voix haute ce que beaucoup pensent outre-Atlantique : si ces pays veulent avoir accès à l’exploitation et aux concessions pétrolières après le renversement de Saddam Hussein, ils doivent participer à l’effort de guerre et au partage de coûts.
Une part des contrats
En revanche, les Britanniques, alliés de la première heure des Etats-Unis et participants aux opérations militaires en Irak ne l’entendent pas de cette oreille. Patricia Hewitt, la ministre du Commerce et de l’Industrie du gouvernement Blair, a fait savoir au directeur de l’USAID que des entreprises du Royaume-Uni étaient, elles aussi, compétentes en matière de projets humanitaires et de reconstruction.
Selon la presse londonienne cette démarche faisait suite à la protestation d’entreprises et d’organisations patronales britanniques auprès de leur gouvernement. Les entreprises britanniques estiment que les pays qui n’ont pas soutenu l’intervention militaire peuvent à raison être écartées mais que, leur armée participant activement à cette intervention, elles devraient recevoir une part conséquente des contrats futurs.
Surtout que les sommes en jeu sont de nature à aviver les appétits. Sept prix Nobel d’économie et 150 économistes américains ont chiffré le coût de la guerre, de l’occupation en Irak et de la reconstruction du pays, au sens large, à 2 000 milliards de dollars, en tablant sur une occupation massive de l’Irak par 200 000 soldats pendant 5 ans. Cette évaluation à moyen et long terme est très supérieure au premier budget supplémentaire de 80 milliards de dollars prévu par l’administration Bush dans l’immédiat.
Dans les prochains mois la question de la remise en état et de la modernisation des gisements pétroliers irakiens va également se poser. En raison de l’embargo imposé depuis 1990 aucun investissement n’a pu être réalisé et même la maintenance des exploitations a été négligée. Selon Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, les réserves pétrolières à développer immédiatement s’élèvent à 45 milliards de barils, après réhabilitation des gisements mal entretenus ou sous-exploités. Outre les sociétés pétrolières américaines ou britanniques, intéressées au premier chef, des entreprises françaises, russes, italiennes, chinoises sont prêtes à revendiquer une place au soleil.
Ces faits laissent penser que les entreprises américaines seront bien en première ligne de toutes les opérations de remise en état des infrastructures économiques et sociales de l’Irak, après la fin des hostilités. L'USAID n'avait même pas attendu le déclenchement de la guerre pour lancer, en mars, un appel d'offres pour plusieurs contrats liés à la reconstruction de l’Irak d’un montant de 900 millions de dollars. Un plan de reconstruction pour l’Irak a même formellement été élaboré, envisageant concrètement la remise en état des systèmes d’approvisionnement d’eau, des réseaux routiers, des ports, hôpitaux et écoles. Les travaux devraient être effectués dans un délai de 18 mois.
L’absence de transparence dans l’attribution des marchés ne devrait pas étonner les entreprises françaises, russes ou allemandes. Berlin n'en a pas moins instauré une cellule spéciale, aux Affaires étrangères, pour préparer la reconstruction. Mais, en février, le sénateur américain Richard Lugar, président de la commission des Affaires étrangères, avait déclaré à voix haute ce que beaucoup pensent outre-Atlantique : si ces pays veulent avoir accès à l’exploitation et aux concessions pétrolières après le renversement de Saddam Hussein, ils doivent participer à l’effort de guerre et au partage de coûts.
Une part des contrats
En revanche, les Britanniques, alliés de la première heure des Etats-Unis et participants aux opérations militaires en Irak ne l’entendent pas de cette oreille. Patricia Hewitt, la ministre du Commerce et de l’Industrie du gouvernement Blair, a fait savoir au directeur de l’USAID que des entreprises du Royaume-Uni étaient, elles aussi, compétentes en matière de projets humanitaires et de reconstruction.
Selon la presse londonienne cette démarche faisait suite à la protestation d’entreprises et d’organisations patronales britanniques auprès de leur gouvernement. Les entreprises britanniques estiment que les pays qui n’ont pas soutenu l’intervention militaire peuvent à raison être écartées mais que, leur armée participant activement à cette intervention, elles devraient recevoir une part conséquente des contrats futurs.
Surtout que les sommes en jeu sont de nature à aviver les appétits. Sept prix Nobel d’économie et 150 économistes américains ont chiffré le coût de la guerre, de l’occupation en Irak et de la reconstruction du pays, au sens large, à 2 000 milliards de dollars, en tablant sur une occupation massive de l’Irak par 200 000 soldats pendant 5 ans. Cette évaluation à moyen et long terme est très supérieure au premier budget supplémentaire de 80 milliards de dollars prévu par l’administration Bush dans l’immédiat.
Dans les prochains mois la question de la remise en état et de la modernisation des gisements pétroliers irakiens va également se poser. En raison de l’embargo imposé depuis 1990 aucun investissement n’a pu être réalisé et même la maintenance des exploitations a été négligée. Selon Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, les réserves pétrolières à développer immédiatement s’élèvent à 45 milliards de barils, après réhabilitation des gisements mal entretenus ou sous-exploités. Outre les sociétés pétrolières américaines ou britanniques, intéressées au premier chef, des entreprises françaises, russes, italiennes, chinoises sont prêtes à revendiquer une place au soleil.
par Francine Quentin
Article publié le 25/03/2003