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Lituanie

Les Lituaniens d’Amérique reviennent au pays

La chambre de commerce américaine de Vilnius estime à 400 le nombre de Lituaniens américains de retour au pays depuis l’indépendance il y a 13 ans.
De notre envoyée spéciale à Vilnius

Rimtautas J. Vizgirda a oublié notre rendez-vous. Il en propose un autre et cette fois, il se trompe d’endroit. Finalement, à l’heure de l’apéritif, nous nous retrouvons pour un café, au bar-véranda de l’hôtel Radisson, un élégant bâtiment blanc situé dans la rue principale de la vieille ville de Vilnius.

C’est un homme jovial à la soixantaine élégante qui se prête au jeu des questions et commence à raconter sa vie. D’abord ici, en Lituanie, depuis qu’il est rentré en 1993. Il est constructeur de maisons individuelles, il travaille pour la plus grande entreprise pétrolière de Lituanie mais il est actionnaire et ne s’occupe pas directement de la gestion. Il est aussi consultant pour des entreprises européennes concernées par la fermeture de la centrale nucléaire d’Ignalina. En plus il donne des conseils sur l’utilisation future des fonds structurels européens. Oui, il connaît tous les hommes politique lituaniens mais non, il n’a pas l’intention de faire de la politique.

La famille Vizgirda part de Lituanie en 1944 au moment où les communistes arrivent. «A l’époque, il était très dangereux d’être un homme intelligent en Lituanie» raconte Rimtautas Vizgirda. Première étape de l’exil, Vienne, pendant un an. Puis la famille part en France.

«Je pense que je mourrai en Lituanie»

Avant la Deuxième Guerre mondiale, le père de Rimtautas avait fait des stages à l’école des Beaux Arts en tant que directeur de l’académie des Beaux Arts de Vilnius. Après la guerre, la France lui demande d’aller en zone occupée pour fonder l’académie de Fribourg-en-Brisgau.
Quand les Français quittent l’Allemagne, la famille Vizgirda choisit les Etats-Unis plutôt que la France. Une tante qui vit déjà là-bas leur a donné envie de venir en racontant que, dans ce pays, on peut acheter 6 robes par semaine, argument décisif auprès de la mère de Vitautas, qui était très belle, raconte aujourd’hui son fils. En ces années d’après-guerre, les Etats-Unis sont certainement plus attrayants que la France pour des exilés.
Adulte, Rimtautas J. Vizgirda a une carrière très dense aux Etats-Unis. Il travaille dans l’industrie pétrolière, monte des entreprises. Il vit à Boston, Manhattan, à Houston, en Californie. Les années passent.

La famille Vizgirda est invitée à Vilnius pour l’intronisation du président Adamkus. Le prédecesseur de l’actuel président de la jeune Lituanie indépendante, lui aussi Lituanien-Américain, demande à la famille Vizgirda de rester pour aider le pays. Le retour de ces hommes d’affaires et leur réussite suscite parfois de la jalousie chez ceux qui ne sont pas partis. «C’est une chose naturelle, parce qu’aux Etats-Unis il n’y a pas eu de Staline, c’est normal», explique Vitautas Vizgirda.
«De toute façon je pense que je resterai ici et que je mourrai ici». Vilnius pour toujours, même si Paris, reste la ville préférée de Rimtautas J.Vizgirda.



par Colette  Thomas

Article publié le 23/06/2003