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Gilles Schneider: «Jean était le contraire de la haine»

Gilles Schneider, directeur des antennes de RFI, se souvient de Jean Hélène, journaliste courageux et pondéré…
Jean Hélène, de son vrai nom Christian Baldensperger, Jean l'Alsacien, comme moi, adorait l'Afrique et son métier. Deux passions en une seule. Il leur a donné sa vie, lui aussi fauché comme Johanne Sutton et tant d'autres au champ d'honneur de l'information qui est devenu un champ de bataille pour les observateurs, les capteurs de vérité que sont les journalistes.

Jean répondait toujours présent. Il ne rejettait aucune mission, même quand on lui demandait de rester au bureau... ce qui était le plus pénible pour lui.

Il n'avait pas peur. Homme de terrain, il avait suivi tous les conflits africains au cours des dernières années: Rwanda, RD Congo, Somalie, Sierra Leone, Soudan.

Jean Hélène avaient connu les fronts avec en face de lui de vrais combattants. Il a été tué d'une balle dans le dos, lâchement assassiné par un soi-disant homme de l'ordre.

Quand il a fallu occuper le poste d'envoyé spécial permanent de RFI à Abbidjan, il n'a pas hésité. Il y a quelques jours, dans mon bureau, il me confiait qu'il aimerait retourner au Gabon. Il ne reverra plus Libreville. Nous ne verrons plus le confrère dont le discrétion et la justesse d'analyse étaient à la mesure de son talent et de son courage.

Jean, dans sa délicate mission en Côte d'Ivoire, avait toujours minutieusement conservé un ton fait de retenue et de sang-froid dans le témoignage. Jean était le contraire de la haine. Je laisse ceux qui appellent à la haine face à leur conscience comme ils nous laissent face à notre chagrin.

Gilles Schneider, directeur des antennes de RFI



Article publié le 22/10/2003