Géorgie
Chevardnadzé sans majorité
Les législatives du 2 novembre n’ont pas dégagé de majorité absolue. Le scrutin a été marqué par la confusion et la fraude. Des partis défient le président Chevarnadzé en lui demandant de reconnaître la triche et d’annuler les résultats de deux régions. Chaque parti cherche à bien se placer en vue de l’après-Chevarnadzé en 2005.
De notre correspondant à Tbilissi
A en croire l’humeur détendue du président Chevardnadzé, lundi matin, au lendemain du premier tour des législatives du 2 novembre, l’ancien ministre des affaires étrangères de Mikhaïl Gorbatchev ne vient pas de subir une lourde défaite. Pourtant, du fait de sa grande impopularité, il ne s’attend pas à obtenir de majorité au Parlement. Jeudi matin, le dépouillement, achevé aux deux tiers, n’accorde que 24,76% des suffrages à la coalition «Pour une nouvelle Géorgie» qui le soutient.
C’est que, malgré ce petit score, Edouard Chevardnadzé sait qu’il pourra toujours réunir des majorités de circonstance du fait de l’éclatement du paysage politique. Entre cinq et sept partis devraient obtenir 7%, condition pour siéger au Parlement. Ils n’ont pas le désir de s’unir afin d’opposer un front commun au président.
Dès le lendemain du vote, quelques partis ont vivement contesté la fraude qui a marqué le scrutin, notamment dans certaines régions. La mission internationale d’observation des élections de l’O.S.C.E. (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) et du Conseil de l’Europe a aussi dénoncé confusion concernant les listes électorales» qui a régné le jour du vote, du fait des innombrables erreurs qu’elles contenaient. Les «irrégularités et les retards dans le vote le jour du scrutin reflètent un manque de volonté politique», a estimé Julian Peel Yates, chef de la mission d’observation de l’O.S.C.E./Odhir (Office for Democratic Institutions and Human Rights).
Alliances de circonstance
Mardi et mercredi, le Mouvement National, de Mikhaïl Saakashvili, et les Démocrates Unis, de Zurab Zhvania et Nino Burjanadzé, respectivement précédent et actuelle Speaker du Parlement, ont défié les autorités, leur demandant de «reconnaître les fraudes.» Ils ont appelé la population à manifester «pour défendre ses voix.» Mais, les dissensions entre les deux partis sont vite devenues évidentes. Mercredi soir, les Démocrates unis ont boudé la manifestation organisée place de la Liberté et devant le siège de la Commission Centrale Electorale.
Dès mardi, l’impulsif et charismatique Mikhaïl Saakashvili a pris la tête de la fronde, imposant sa volonté à ses alliés, fort de la première place que lui accorde une méthode parallèle de compte des suffrages, avec 26,6%, contre 19% pour le bloc pro-Chevardnadzé. Officiellement, il n’a que 22%.
Selon Vakhtang Khmaladzé, de la Nouvelle Droite, «les partis sont en train de négocier entre eux leurs places au Parlement.» La confusion dans les listes électorales et l’absence totale de transparence dans deux régions, la Kvemo Kartli et l’Adjarie, laissant une marge de manœuvre pour ce faire. C’est pour cela que les résultats officiels de ces régions ne sont toujours pas connus. Le 5 novembre, Saakashvili a lancé un «ultimatum à la Commission Centrale Electorale et aux autorités de ne pas reconnaître les résultats» dans ces régions, en vue de faire reconnaître officiellement sa première place.
Les observateurs de la vie politique de la république caucasienne ne s’étonnent guère des négociations qui seraient en cours. La grande échéance politique géorgienne est 2005, date à laquelle le président Chevardnadzé quittera le pouvoir, après plus de trente ans passés à la tête du pays. «Pour être bien placé pour la succession, qui semble ouverte, explique Damien Helly, chef du bureau de Tbilissi de l’International Crisis Group, il est important de siéger au Parlement tout en y étant pas trop exposé. Personne n’a envie d’y prendre de responsabilités.»
On se dirige vers un parlement sans majorité absolue appelé à vivre au rythme des alliances de circonstance. Compte tenu du régime présidentiel géorgien, Edouard Chervardnadzé, en habile politique, devrait pouvoir imposer sa volonté jusqu’au terme de son mandat.
Il a déjà fait savoir qu’il est «prêt à discuter» avec ceux qui le défient aujourd’hui, ses enfants politiques. Il sait aussi qu’il sera possible de négocier des alliances avec les Travaillistes, 14%, un parti qui n’a de «travailliste» que le nom et qui est généralement prêt à vendre ses voix au pouvoir. Quant à Renaissance, le mouvement d’Aslan Abashidzé, le potentat de l’Adjarie, une région autonome et quasi indépendante de facto, une entente avec lui est toujours possible. Edouard Chevarnadzé reste au centre de la vie politique géorgienne.
A en croire l’humeur détendue du président Chevardnadzé, lundi matin, au lendemain du premier tour des législatives du 2 novembre, l’ancien ministre des affaires étrangères de Mikhaïl Gorbatchev ne vient pas de subir une lourde défaite. Pourtant, du fait de sa grande impopularité, il ne s’attend pas à obtenir de majorité au Parlement. Jeudi matin, le dépouillement, achevé aux deux tiers, n’accorde que 24,76% des suffrages à la coalition «Pour une nouvelle Géorgie» qui le soutient.
C’est que, malgré ce petit score, Edouard Chevardnadzé sait qu’il pourra toujours réunir des majorités de circonstance du fait de l’éclatement du paysage politique. Entre cinq et sept partis devraient obtenir 7%, condition pour siéger au Parlement. Ils n’ont pas le désir de s’unir afin d’opposer un front commun au président.
Dès le lendemain du vote, quelques partis ont vivement contesté la fraude qui a marqué le scrutin, notamment dans certaines régions. La mission internationale d’observation des élections de l’O.S.C.E. (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) et du Conseil de l’Europe a aussi dénoncé confusion concernant les listes électorales» qui a régné le jour du vote, du fait des innombrables erreurs qu’elles contenaient. Les «irrégularités et les retards dans le vote le jour du scrutin reflètent un manque de volonté politique», a estimé Julian Peel Yates, chef de la mission d’observation de l’O.S.C.E./Odhir (Office for Democratic Institutions and Human Rights).
Alliances de circonstance
Mardi et mercredi, le Mouvement National, de Mikhaïl Saakashvili, et les Démocrates Unis, de Zurab Zhvania et Nino Burjanadzé, respectivement précédent et actuelle Speaker du Parlement, ont défié les autorités, leur demandant de «reconnaître les fraudes.» Ils ont appelé la population à manifester «pour défendre ses voix.» Mais, les dissensions entre les deux partis sont vite devenues évidentes. Mercredi soir, les Démocrates unis ont boudé la manifestation organisée place de la Liberté et devant le siège de la Commission Centrale Electorale.
Dès mardi, l’impulsif et charismatique Mikhaïl Saakashvili a pris la tête de la fronde, imposant sa volonté à ses alliés, fort de la première place que lui accorde une méthode parallèle de compte des suffrages, avec 26,6%, contre 19% pour le bloc pro-Chevardnadzé. Officiellement, il n’a que 22%.
Selon Vakhtang Khmaladzé, de la Nouvelle Droite, «les partis sont en train de négocier entre eux leurs places au Parlement.» La confusion dans les listes électorales et l’absence totale de transparence dans deux régions, la Kvemo Kartli et l’Adjarie, laissant une marge de manœuvre pour ce faire. C’est pour cela que les résultats officiels de ces régions ne sont toujours pas connus. Le 5 novembre, Saakashvili a lancé un «ultimatum à la Commission Centrale Electorale et aux autorités de ne pas reconnaître les résultats» dans ces régions, en vue de faire reconnaître officiellement sa première place.
Les observateurs de la vie politique de la république caucasienne ne s’étonnent guère des négociations qui seraient en cours. La grande échéance politique géorgienne est 2005, date à laquelle le président Chevardnadzé quittera le pouvoir, après plus de trente ans passés à la tête du pays. «Pour être bien placé pour la succession, qui semble ouverte, explique Damien Helly, chef du bureau de Tbilissi de l’International Crisis Group, il est important de siéger au Parlement tout en y étant pas trop exposé. Personne n’a envie d’y prendre de responsabilités.»
On se dirige vers un parlement sans majorité absolue appelé à vivre au rythme des alliances de circonstance. Compte tenu du régime présidentiel géorgien, Edouard Chervardnadzé, en habile politique, devrait pouvoir imposer sa volonté jusqu’au terme de son mandat.
Il a déjà fait savoir qu’il est «prêt à discuter» avec ceux qui le défient aujourd’hui, ses enfants politiques. Il sait aussi qu’il sera possible de négocier des alliances avec les Travaillistes, 14%, un parti qui n’a de «travailliste» que le nom et qui est généralement prêt à vendre ses voix au pouvoir. Quant à Renaissance, le mouvement d’Aslan Abashidzé, le potentat de l’Adjarie, une région autonome et quasi indépendante de facto, une entente avec lui est toujours possible. Edouard Chevarnadzé reste au centre de la vie politique géorgienne.
par Régis Genté
Article publié le 06/11/2003