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Transport aérien

«<i>Air Afrique revolera en 2005</i>»

Les derniers accidents d’avion en Afrique ont relancé le débat sur l’existence d’une compagnie panafricaine fiable. Le Conseil syndical de la compagnie Air Afrique qui se bat pour la relance d’Air Afrique oppose à ses détracteurs le fait qu’en un plus de 30 ans de vie cette compagnie n’a connu aucun crash. Les interrogations sur la fiabilité des compagnies charters sont un argument supplémentaire que veulent utiliser les partisans du redécollage d’Air Afrique.
La liquidation de la compagnie Air Afrique a été prononcée en avril 2002 et confirmée en appel de la même année. Une intersyndicale s’était rapidement organisée pour défendre son outil de travail, mais les dettes de la société étaient d’une telle ampleur que les repreneurs potentiels se désistaient au dernier moment. Par ailleurs, la dette colossale, plus de 300 milliards de Francs CFA et qui n’a pas fait l’objet d’un audit, poussait certains investisseurs à préférer la liquidation totale de l’entreprise à une reprise des activités. «Le passif d’Air Afrique ne peut-être assumé par nous», pouvait-on entendre dans les couloirs où se tenaient les négociations, de Brazzaville à Dakar en passant par Lomé.

Le Conseil syndical des agents d’Air Afrique conteste le montant de cette dette et demande aujourd’hui un audit. Les syndicalistes défenseurs de la survie d’Air Afrique affirment que les activités classiques d’une compagnie, émission de billets, transport de voyageurs et fret sont largement excédentaires. Ils évoquent aussi les prestations au sol dans les 11 capitales des pays-membres qui constituent des revenus pérennes «parce que de toute façon une activité aéroportuaire dans tous les pays est incontournable», affirment-ils. La suspension des activités de transport de voyageurs ne devrait pas selon eux entraîner la liquidation de la compagnie, puisque les prestations au sol sont maintenues. Mais le principe de la zone unique qui doit faire tomber dans un pot commun les recettes engrangées par les prestations au sol sont encaissées par les structures locales et les Etats.

La compagnie existe toujours

Malgré la liquidation prononcée en avril 2002, ces activités sous le label Air Afrique sont maintenues et servent à payer le personnel. Les fiches de paye ont toujours la mention «Air Afrique liquidation». La compagnie qui comptait plus de 4 000 salariés affiche aujourd’hui un effectif d’environ 2 000 employés. Le liquidateur nommé par la justice et basé à Abidjan a désigné un représentant dans chaque capitale des pays-membres, sauf au Niger, en Centrafrique et au Congo. Fort de tous ces éléments le Conseil syndical d’Air Afrique affirme qu’il est possible et «nécessaire de refaire décoller la compagnie panafricaine».

Aidé par des cabinets conseils, les employés d’Air Afrique ont élaboré un plan de travail qui prévoit dans sa philosophie générale que la nouvelle compagnie soit majoritairement à capitaux privés. Plusieurs institutions financières africaines, déjà présentes dans l’ancienne compagnie, seraient prêtes à repartir avec des investisseurs privés. Leur accord de principe n’a été obtenu qu’avec la garantie d’une participation minoritaire des Etats autour de 22%. Les concepteurs de la nouvelle société réservent aux investisseurs privés 38% des parts, et au personnel au moins 10%. Air France qui est situation de monopole sur les dessertes africaines s’est vue refuser les 35% de part qu’elle exigeait. En revanche, «elle fera partie du tour de table, elle est une partenaire privilégiée, mais nous ne pouvons lui accorder une minorité de blocage», déclare Denis Attiba du Conseil syndical.

Avec la cessation des activités d’Air Afrique, de nombreuses compagnies nationales sont apparues mais ne semblent pas poser de véritables problèmes aux repreneurs des activités de la multinationale. Selon eux, le statut d’entreprise publique de ces compagnies pourra permettre aux Etats de les intégrer dans la nouvelle configuration. Les activités de cabotage et de moyen-courrier leurs seront dévolues. «Les petites compagnies nationales n’ont pas vocation à faire du long-courrier, elles n’en ont pas les moyens, sauf Air Sénégal International qui s’en sort bien», souligne Denis Attiba.

Le Conseil syndical vient de boucler un tour des chefs d’Etat africains, qui ont donné leur accord de principe pour la constitution d’une nouvelle entreprise. Une première réunion avec les partenaires potentiels pour une finalisation du projet est prévue à Abidjan le 1er juillet 2004. «Si tout va bien Air Afrique revolera en 2005», précise le Conseil syndical qui planche également sur la nouvelle dénomination de la société qui aura comme racine «Air Afrique, un attachement affectif et une fierté africaine», affirment les syndicalistes défenseurs de la compagnie multinationale.

Ecoutez l'invité Afrique, Charles Konan Banny (22/01/2004, 5'36")



par Didier  Samson

Article publié le 22/01/2004