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Côte d'Ivoire

Renouer le dialogue

Le président ivoirien Laurent Gbagbo et le Premier ministre Seydou Diarra 

		Photo AFP
Le président ivoirien Laurent Gbagbo et le Premier ministre Seydou Diarra
Photo AFP
Tous les partis politiques sont conscients qu’une solution au problème de la Côte d’Ivoire ne peut se trouver que dans le dialogue, mais chacun veut y aller en posant ses conditions. Le terrain est favorable pour une diplomatie qui tente de reprendre ses droits.

La polémique autour du nombre de morts après la manifestation interdite du 25 mars dernier, occupe tous les esprits au point de reléguer au second plan les raisons profondes de la contestation qui poussé certains partis à suspendre leur participation au gouvernement de la République. Tout se passe à Abidjan comme si l’énoncé du nombre de morts justifie le niveau de culpabilité et les responsabilités. Dans une certaine presse ivoirienne, on a même fait appel à des «experts en observation de manifestations» qui se sont livrés à des calculs de probabilité pour enfin trouver que le nombre de morts annoncé par la police et le pouvoir est le plus proche de la réalité.

Par ailleurs, la manifestation tolérée des partisans du pouvoir, les «Jeunes patriotes» alimentent aussi les discussions. «Il y a deux poids deux mesures» selon les opposants, «faux» rétorquent les partisans du pouvoir qui entrent dans la subtilité de décret présidentiel pour faire remarquer que «les manifestations de rue sont interdites» alors que les meetings en lieux «clos» ne souffrent d’aucune restriction particulière. Le meeting des «Jeunes patriotes» à Treicheville se tenait dans une salle quelques jours après la marche réprimée des opposants au pouvoir de Laurent Gbagbo. Le discours du Premier ministre n’a pas ramené la confiance entre frères-ennemis qui accordent plus de crédit aux forces étrangères implantées en Côte d’Ivoire qu’à la police et à la gendarmerie nationale pour le maintien de la paix.

Une force «impartiale» pour faire la police

Les uns et les autres le laissent entendre sans toute fois formuler une demande précise sur le sujet. Les regards se tournent vers les soldats de l’opération Licorne, mais surtout en direction du 43ème Bataillon d’infanterie de la marine d’Abidjan (BIMA), forces françaises basées en Côte d’Ivoire. «Si la sécurité des ressortissants français était en cause, ou s’il avait une claire demande du gouvernement ivoirien ou de la communauté internationale pour nous assumions la sécurité de la ville d’Abidjan, ça serait quelque chose qu’on devrait étudier», a précisé le général Henri Bentégeat, chef d’état-major des armées françaises. En tout cas, le porte-parole des partis signataires de l’appel à la manifestation du 25 mars, Djédjé Mady a vivement souhaité que «la sécurité de tous les acteurs politiques soit garantie par l’Etat et les forces impartiales françaises et ouest-africaines déployées en Côte d’Ivoire», a-t-il déclaré comme l’une des exigences des partis de l’opposition.

A l’issue d’une réunion le 31 mars, les représentants du PDCI, de l’UDCI, du RDR , du MFA et des Forces nouvelles ont posé d’autres préalables pour un retour autour d’une table de négociations. Ils exigent, entre autres, la création d’une commission d’enquête internationale pour «établir la vérité sur les faits» du 25 mars, et attendent une reconnaissance «du droit de marcher» et maintiennent un «mot d’ordre de marche» pour une date encore non déterminée. Or, un décret présidentiel interdit les manifestations jusqu’au 30 avril.

Mais pour l’heure, les diplomates mettent leurs espoirs dans un dialogue entre les belligérants. Ainsi, le représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à Abidjan, Lansana Kouyaté a-t-il entrepris des négociations pour tenter de ramener autour d’une même table de discussion tous les acteurs de la vie politique ivoirienne. Le Premier ministre, Seydou Diarra, bien plus pour défendre la survie de son gouvernement réconciliation nationale, que de colmater les brèches s’est rendu à Daoukro, chez Henri Konan Bédié, président du PDCI pour discuter avec lui d’un «cadre de concertation» après les événements du 25 mars.

Les deux camps s’accusent mutuellement et s’enferment dans des exigences qui inquiètent la communauté internationale. A New-York , malgré les rumeurs de remise en cause du déploiement des 6 000 soldats de l’ONU à partir le 4 avril, les services du secrétaire général affirment que l’envoi des casques bleus en Côte d’Ivoire est toujours maintenu.



par Didier  Samson

Article publié le 01/04/2004 Dernière mise à jour le 01/04/2004 à 15:12 TU

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