Afrique du Sud
Paarl (6e étape)
(Photo: South African Tourism)
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Le carnet de route de Vincent Garrigues Paarl (Cap occidental), jeudi 22 avril 2004 Ce pays est trop grand mais il est bien vivant. Je viens d’en traverser le cœur, j’aperçois enfin l’océan. Déjà 3050 km au compteur, Le Cap de Bonne-Espérance s’étire entre ses deux mers rivales. En quittant Prince Albert, la piste bordée de géraniums passe à côté de l’Enfer. Die Hell, comme ils disent. Une histoire humaine longtemps tabou en Afrique du Sud, l’histoire de quelques familles blanches installées au fond d’une vallée encaissée. Près d’un siècle de vie en autarcie, sans rien accepter de l’extérieur. Au sommet du Swartberg, où la neige est attendue dans quelques semaines, mon regard plonge dans cette veine caillouteuse: c’est là qu’ils vivaient, loin des voitures, du téléphone et des impôts. Dans les années 60, certains ont craqué pour la ville à deux heures de marche. Des ethnologues ont pris le dossier en main, passionnés par cette communauté de «sauvages» blancs. André Brink en a fait un roman. Aujourd’hui, les voyageurs peuvent louer les fermettes de l’Enfer et s’offrir ainsi une robinsonnade de quelques jours. Un plan Tarzan très à la mode par ici. Je me souviens de ce médecin, plus loin vers le Hantam Karoo, qui s’est construit une chambre primitive: on souffle la bougie taillée dans la graisse d’antilope puis on se couche sous la peau du chacal à chabraque. Vers le sud, l’attention captée par l’écoute d’un journal de RFI sur WorldSpace, je rate un embranchement et file sur une piste enivrante et inconnue. Une boucle de deux heures dans un monde de bruyères et de plantes grasses, par les cols et les canyons rougeoyants avant de trouver les premières vignes australes. Sous ce zéphyr, les ceps de muscat de Frontignan semblent pétrifiés. Arrêt pétrole, «Vous êtes français! Ah, Zidane!». En habit de poussière, entrée dans Paarl où je rencontre Peter, un jeune métis en apprentissage auprès d’un maître de chais: «Vous êtes français! Ah, Napoléon… Savez-vous que Napoléon a bu jusqu’à son dernier souffle notre vin de Constance?». La dégustation impériale se paye le prix du souvenir, à 255 rands (40 euros) la bouteille. Trop cher pour Mavis Mlomo, la coiffeuse du township de Khayelitsha qui a les honneurs du Marie-Claire sud-africain. Dix ans de démocratie, toujours sa bicoque en tôle ondulée, mais plus grande qu’avant. Vincent Garrigues |
L'esprit du vin
Abraham Gabbema est littéralement ébloui par le reflet du soleil printanier sur cette masse de granit encore mouillée par l’averse. Nous sommes en octobre 1657. De retour au Cap, le cavalier annonce avoir découvert une vallée propice aux cultures.
Les premiers fermiers ne tardent pas à s’installer parmi lesquels une majorité de huguenots : Isaac Taillefert à Laborie et Picardie, Jean Cloudon à De Goede Hoppe, Louis Cordier à Bethel, Gabriel le Roux à La Concorde, Pierre Labuscaigne à Pontak, Paul Godefroy à Knollevallei, Jacques Pinard à Lustigaan, Jean Imbert puis Jacques Thérond à Lanquedoc, Pierre Vivier à Non Pareille et Armand Véron à Saint-Omer… La ville de Paarl proprement dite a été fondée en 1720.
Dans les vignes du Cap
Avec 106 000 hectares sous vigne, l’Afrique du Sud est le huitième producteur mondial de vins. Non seulement les vins sud-africains sont extrêmement attractifs du point de vue rapport qualité-prix, mais les meilleurs produits rivalisent avec les grands vins des autres principales régions viticoles mondiales. Seule la province du Cap offre un climat approprié à la viticulture, et il n’est donc pas surprenant que, à quelques rares exceptions près, tous les producteurs s’y trouvent. Les cépages blancs forment 63,8 % du vignoble, le plus représenté étant le Chenin blanc. Côté rouge, c’est le Cabernet Sauvignon qui l’emporte devant le cépage endémique Pinotage. Quelque 348000 personnes travaillent directement ou indirectement dans ce secteur, parmi lesquelles 48350 sont employées à l’élaboration du vin. L’industrie du vin génère près de 10% de la richesse de la province du Western Cape.
(Photo: South African Tourism)
Histoire
En 1655, trois ans après son arrivée au Cap, Jan van Riebeeck fait venir les premiers pieds de vigne de France. Le premier vin est tiré en 1659. Le 2 février de cette année-là, Jan van Riebeeck note dans son journal : “ Aujourd’hui, pour la première fois, on a fait du vin à partir des raisins du Cap. ” A partir de 1688, les huguenots français développent le vignoble et affinent les techniques.
Quelques chiffres
Le vignoble sud-africain, qui représente 1,5% du vignoble mondial, fournit 3% de la production planétaire de vin. Les exportations du pays (21% du total produit part à l’étranger), huitième producteur mondial, sont coordonnées par l’organisme Wines of South Africa. On recence environ 230 Independent Cellars, autorisés à acheter des raisons à d’autres producteurs, 67 coopéraztives et quelque 90 Estate Wineries, qui n’embouteillent que ce qu’ils produisent eux-mêmes. L’accord de libre-échange négocié avec l’Union européenne permet à l’Afrique du Sud d’exporter dès à présent 42 millions de litres par an exonérés de taxes douanières. En échange, les Sud-Africains ont accepté de ne plus utiliser les appellations d’origine « Porto », « Grappa » ou « Sherry » à l’horizon 2008. Les flux sont tous sauf équilibrés car l’Afrique du Sud exporte 19 fois plus (en valeur) vers l’Europe que l’inverse.
L’industrie vinicole est concentrée dans une région située entre 32° et 35° de latitude sud, dans un rayon de 200 km autour du Cap. C’est la seule zone du pays à jouir d’un climat méditerranéen. Quelques courageux font également du vin aux marges du Kalahari, dans la région d’Upington, et aussi près de Pretoria et de Kimberley. Plus de 106 000 hectares de vignes appartiennent à 4500 fermiers sur un territoire qui s’étend sur 800 km de long. Les cépages blancs forment 63,8 % du vignoble, le plus représenté étant le Chenin blanc. Côté rouge, c’est le Cabernet Sauvignon qui l’emporte devant le cépage endémique Pinotage. Quelque 348000 personnes travaillent directement ou indirectement dans ce secteur, parmi lesquelles 48350 sont employées à l’élaboration du vin. L’industrie du vin génère près de 10% de la richesse de la province du Western Cape.
(Photo: South African Tourism)
Les “ appellations ”
On dénombre dans cette partie méridionale du Cap de l’Ouest plusieurs aires de production distinctes, selon le principe des “ appellations ” en France : Klein Karoo - Hermanus - Robertson - Worcester - Franschhoek - Stellenbosch - Tulbagh - Swartland - Paarl/Wellington - Olifants River - Durbanville - Constantia.
Les producteurs de la région du Cap ont créé une sorte d’AOC, les "Estate wine". La production de vin, en grande quantité, du côté d’Upington (Lower Orange River), dans le Cap du Nord, est due à des facteurs climatiques exceptionnels et à un système très sophistiqué d’irrigation à partir du fleuve Orange.
Les cépages (noms locaux en italique)
Une quarantaine de cépages sont cultivés en Afrique du Sud.
Rouges : cabernet-sauvignon, le cabernet franc, le cinsault (cinsaut), le gamay, le merlot, le mourvèdre, le pinot noir, la syrah (shiraz) et le pinotage.
Blancs : le chenin blanc (steen), le colombard, le gewürztraminer, le muscat d’Alexandrie (hanepoot), le muscat de Frontignan (muscadel), le riesling (Weisser Riesling), le cruchen blanc (Cape riesling), le sauvignon blanc, le sémillon, le viognier et le chardonnay.
par Vincent Garrigues
Article publié le 13/04/2004 Dernière mise à jour le 22/04/2004 à 09:25 TU
Cet article a été initialement publié dans le guide le Petit futé: Afrique du Sud
Réalisation multimédia : Thomas Bourdeau
