Elargissement de l’europe : le defi francophone
Le français en Europe centrale et orientale : état des lieux
Le cas de la Roumanie est un peu particulier en Europe de l’Est puisque que ce pays est depuis 1995 membre à part entière de la Francophonie. Le français y est l’objet d’un engouement traditionnel qui remonte au XVIIesiècle. Malgré la prééminence du russe comme première langue étrangère pendant cinquante ans, le français y est de plus en plus présent: 64lycées ont une section française bilingue et plus de 6000professeurs de français sont formés à l’université chaque année. D’autre part, le Collège juridique franco-roumain de Bucarest propose une formation d’une durée de quatre ans, sanctionnée par un double diplôme: la «licenta» de la faculté de droit de Bucarest et la maîtrise de droit français et européen délivrée par l’université Paris I.
En Bulgarie, en revanche, le français perd du terrain alors qu’il était à égalité avec l’anglais en 1990. Aujourd’hui, l’enseignement du français n’est plus qu’en troisième position derrière l’anglais et le russe et juste devant l’allemand. Le français n’est appris que par 16% des élèves qui s’initient à une langue étrangère. Ce recul semble lié à la faible implantation des investisseurs francophones. De plus et contrairement à la Roumanie ou à la Moldavie, la francophonie n’a jamais eu de véritable assise sociale dans ce pays. Tout comme en Slovénie où le français reste très minoritaire dans le système éducatif: à peine 3% des élèves du secondaire l’étudient, loin derrière l’anglais, l’allemand et l’italien.
En Slovaquie, l’enseignement du français fait du surplace depuis une dizaine d’années alors que l’anglais et l’allemand poursuivent leur progression au détriment du russe. Cependant, depuis 1990, le nombre de conventions entre établissements universitaires a augmenté pour se situer autour d’une quinzaine actuellement entre la France et la Slovaquie. Ces accords favorisent notamment la mobilité des étudiants et des enseignants-chercheurs. Ils sont particulièrement actifs avec la Roumanie où l’on en compte près de 100, en Pologne (72) en Hongrie (50) et en République tchèque (31). Les universitaires français participent ainsi à la rénovation des cursus entrepris par leurs partenaires des PECO, notamment dans le domaine de l’enseignement du français et des sciences humaines et sociales.
La situation du français en Pologne reste assez favorable; son enseignement a crû de 30% à la fin des années 1990. Les autorités polonaises, dans la perspective de l’intégration à l’Europe, ont en effet veillé à un meilleur équilibre dans l’apprentissage des langues. La Pologne est depuis 1997 «observateur» dans les instances de la Francophonie (comme la Lituanie, la Slovénie et la République tchèque). La Hongrie manifeste un regain d’intérêt pour le français, qui est toutefois largement devancé par l’anglais et l’allemand. Mais, depuis cette année, le baccalauréat comporte des épreuves dans deux langues étrangères, ce dont le français profite. Quatre lycées accueillent des classes bilingues francophones, et trois filières universitaires et un IUT proposent un enseignement renforcé en français.
La République tchèque a engagé de sérieux efforts pour encourager l’enseignement du français. Subventions pour l’édition de manuels scolaires, stages dans des pays francophones pour les enseignants et formation de 700professeurs de français par an. Cette politique ambitieuse porte ses premiers fruits et le nombre d’élèves apprenant le français est en augmentation rapide: il a déjà triplé depuis 1990.
A Chypre, l’enseignement du français est maintenant obligatoire dès le collège et jusqu’à la fin du secondaire. Des échanges entre lycées et universités se tiennent régulièrement. Quant à Malte, la place faite à l’enseignement du français se renforce. Dans le secondaire, un élève sur deux apprend le français. Cela place notre langue en première position des langues étrangères étudiées, juste derrière le maltais et l’anglais qui sont les deux langues officielles.
Les trois Etats baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ont avec la France des relations commerciales et culturelles encore limitées. L’apprentissage du français reste réservé à une élite. Sans stratégie de reconquête, l’entrée dans l’Union ne suffira probablement pas à compenser la ruée sur l’anglais et l’allemand constatées depuis l’effondrement de l’URSS.
par Claire Viognier
Article publié le 29/04/2004 Dernière mise à jour le 29/04/2004 à 14:37 TU
Cet article a été publié initialement par MFI, l'agence de presse de RFI (plus d'informations)