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Panama

Torrijos favori pour la présidence

Le successeur de Mireya Moscoso devra réduire le fossé entre les riches et les pauvres. 41% des 3,1 millions d'habitants que compte le Panama vivent dans la pauvreté. 

		(Photo : AFP)
Le successeur de Mireya Moscoso devra réduire le fossé entre les riches et les pauvres. 41% des 3,1 millions d'habitants que compte le Panama vivent dans la pauvreté.
(Photo : AFP)
Le Panama se rend aux urnes le dimanche 2 mai pour des élections générales. Les Panaméens devront élire pour une période de 5 ans, un président de la République, 2 vice-présidents, 75 députés, 66 maires et 616 représentants qui prendront leurs fonctions le 1 septembre prochain. La campagne électorale n’a pas captivé la population. Les candidats à la succession de Mireya Moscoso ayant tous soigneusement évité de se prononcer sur les grands problèmes du pays.

De notre correspondant en Amérique centrale

Le candidat du Parti révolutionnaire démocratique (PRD) Martin Torrijos, 40 ans, fils du général Omar Torrijos qui a négocié le traité remettant le Canal interocéanique aux Panaméens, en 1979 et qui a mis fin à la colonisation nord-américaine, est le favori de l’élection présidentielle. Avec 47 % des intentions de vote, il aurait un avantage de presque 18 % sur le candidat du Parti Solidarité, Guillermo Endara, ancien président de la République (1989-1994) Les deux autres candidats ne semblent pas pouvoir remonter leur handicap. José Miguel Aleman, ancien chancelier, dauphin de l’actuel gouvernement, malgré une bonne fin de campagne n’obtiendrait que 19 % des voix, quant à l’industriel Ricardo Martinelli, de Changement démocratique, il n’aurait que 6 % des préférences. Ces quatre candidats ont un point commun, ils se situent tous au centre et ne proposent aucun changement de la société. La population très critique estime que «Torrijos a été investi pour son nom, Martinelli pour son argent, Endara comme bouche-trou et Aleman par élimination». Faute d’enjeu, l’abstention devrait être importante.

Le Panama est un curieux pays entièrement tourné sur son canal où transite une quarantaine de bateaux par jour. Son agriculture peu productive exporte du riz, des bananes, du café et de la viande mais l’ouverture des frontières expulse chaque jour davantage les paysans vers les villes, ne leur laissant comme possibilité pour survivre que d’entrer dans le secteur informel. L’industrie peu développée est concentrée dans l’agroalimentaire. Les services sont en progression, en particulier dans le secteur bancaire et les investissements en matière d’infrastructures.

Selon les Nations unies, sur les 3,1 millions d’habitants que compte le Panama, 41 % vivent dans la pauvreté. C’est l’un des pays d’Amérique latine où le fossé entre riches et pauvres est le plus grand. 40 % de la richesse nationale est entre les mains de 80 familles d’origine européenne. Dans les campagnes, la misère atteint 70 % de la population, un chiffre qui passe à 95 % lorsque l’on va dans les communautés indigènes. Le 31 décembre 1999, Panama a reçu le contrôle du Canal interocéanique des mains des États-Unis. Les bénéfices espérés, quelques 600 millions de dollars par an, qui devaient aller au développement pour enrayer le chômage, la misère et l’extrême pauvreté, se sont envolés dans les poches de la corruption.

Martin Torrijos et son parti favoris

Cette campagne électorale très morne contraste avec l’enthousiasme suscitée par les précédentes élections, lorsque l’enjeu était la question démocratique, la présence d’un régime militaire autoritaire ou sur la mise en place des politiques néolibérales imposées par Washington dans toute l’Amérique centrale. Curieusement, les quatre candidats ont refusé, au cours de leur campagne, de se prononcer clairement sur les mesures économiques qu’ils envisagent de prendre. La signature, ce 26 avril dernier, d’un Traité de libre-échange avec les États-Unis n’a provoqué aucun débat alors que les conséquences risquent d’être très négatives pour une grande partie de la population. Quant au cas particulier de la gestion du canal de Panama, les quatre candidats se sont déclarés incompétents alors que les autorités du Canal (ACP) ont des intentions et un agenda qui vont à l’encontre des intérêts de leurs employés, des syndicats et des défenseurs de l’écologie. Martin Torrijos a tout de même choisi un membre de la direction de l’ACP pour en faire l’un de ses deux vice-présidents…

Une mission de 30 observateurs électoraux de 15 pays appartenant à l’Organisation des États américains (OEA) surveilleront le bon déroulement du scrutin. Martin Torrijos et son parti le PRD, devraient remporter facilement ces élections générales, mais il arrivera au pouvoir sans un mandat clairement défini et devra suivre le même programme libéral qui a conduit le pays à l’échec. Il a promis de «mettre la maison en ordre afin de retrouver la confiance des Panaméens», mais il ne s’est pas prononcé sur la privatisation de l’éducation, de la santé, de la sécurité sociale et sur l’abandon du secteur agricole. Il devra donc faire face à la résistance populaire d’une opposition qui réclame un changement et qui n’a trouvé ni le candidat, ni le parti capable de la représenter.

par Patrice  Gouy

Article publié le 01/05/2004 Dernière mise à jour le 03/05/2004 à 10:18 TU