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Architecture

L'Opéra Garnier brille de mille feux

Détail du plafond du grand foyer du Palais Garnier à Paris. 

		(Photo : AFP)
Détail du plafond du grand foyer du Palais Garnier à Paris.
(Photo : AFP)
Le grand foyer de l’Opéra Garnier, celui qui court le long de la façade principale, au-dessus de l’entrée principale du bâtiment, était fermé depuis février 2003, le temps de se refaire une beauté. Sa restauration, assumée par l’Etat, est à la hauteur de son coût.
Le grand foyer du Palais Garnier est à nouveau accessible à tout public, visiteurs et/ou spectateurs et, en dehors des représentations, il fait partie du cycle des visites du bâtiment qui accueille chaque année 450 000 visiteurs. Le grand foyer -long de 54 mètres large de 13 et haut de 18- comprend une vaste galerie avec cinq travées prolongées côté cour et jardin par un salon octogonal et un petit salon. Sa restauration s’inscrit d’ailleurs dans un vaste programme de remise en état général. Pour l’émerveillement de tous, il vient donc de retrouver son faste d’antan, avec ses ors et ses peintures rafraîchis, ses tentures restaurées, ses rideaux et son mobilier. Commencés en 1994-1995, les premiers travaux ont concerné la salle et la scène ainsi que la façade sud. L’essentiel des travaux menés par l’architecte en chef des Monuments historiques, Alain-Charles Perrot, ont redonné tout leur éclat aux décors peints et dorés, ou aux éléments en staff du foyer, ainsi qu’aux salons de la Lune et du Soleil. Il en aura coûté, certes, quelques sous soit 5,8 millions d’euros, mais le travail entrepris était de taille et minutieux. Remerciant les artisans de ce bel ouvrage, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, a déclaré «le Palais Garnier revêt son habit de lumière pour se mettre au diapason de ceux qui s’y produisent».

Il a fallu faire appel à des artistes en restauration, soit 150 personnes de tous corps de métier pour tout remettre en état et en valeur. Grâce à des recherches entreprises pendant deux ans auprès du Mobilier national, du musée Carnavalet, et de la Maison Prelle, les tissus d’origine, en soie et en lin, utilisés pour les tentures ont été retrouvés, ainsi que leurs doublures, et les motifs dessinés. Ce sont pas moins de dix paires de rideaux, agrémentés d’embrasses et de passementeries, avec applications de soie et de lambrequins brodés, qui ont été réinstallées aux baies du grand foyer, et les salons ont également retrouvé leurs tentures en damas de soie sur les trumeaux.

Enfin grâce au chantier, l’ensemble du mobilier a pratiquement été rétabli à l’identique. Dans l’axe des baies du grand foyer les dix grands lustres, les huit candélabres à tête de femme et les horloges des cheminées ont été restaurés. Ebénistes et tapissiers ont redonné leurs lettres de noblesse aux vingt fauteuils Louis XIV en bois, recouverts d’un velours de Gênes frappé, jaune, tandis que les banquettes ont été restituées selon les dessins mêmes de Charles Garnier, architecte de cet Opéra.

Joyaux du grand foyer, les toiles de Paul Baudry

Après en avoir reçu la commande en 1861, Charles Garnier s’est attaché à l’édifice, considérant l’Opéra «comme un temple ayant l’art pour divinité, [la salle en étant] le sanctuaire, et [le foyer] la nef»: c’est dire toute l’importance que l’architecte a accordé à cet espace lors de la construction de l’édifice dont les travaux, commencés en 1863 furent achevés seulement en 1878. C’est Paul Baudry qui en a peint les décors.

A travers des scènes mythologiques et bibliques, six médaillons, situés au-dessus des grandes baies du foyer, et douze voussures exaltent le pouvoir de la musique et de la danse, du Parnasse et des poètes civilisateurs. Le plafond est décoré d’allégories de la Musique, de la Mélodie, et de l’Harmonie couronnées par la Gloire et la Poésie. Par ailleurs, huit panneaux placés entre les voussures latérales, représentent les figures de la Tragédie, de la Comédie, et de huit muses sur fond d’or. Ces peintures, qui représentent une surface totale de quelque 400 m2 , avaient demandé dix ans de travail au peintre Paul Baudry. Noircies par les volutes de fumée de l’éclairage à gaz, les toiles ont donc été décrassées pour récupérer leurs couleurs d’origine.

Une fois les toiles marouflées nettoyées, les vernis ont été allégés, et les décollements rattrapés. Puis elles ont été recouvertes d’un léger vernis incolore destiné à les protéger. De la même manière, les fresques des coupoles des deux rotondes, représentant la Lune et le Soleil et effectuées par Rubé et Chaperon, ont retrouvé leur luminosité d’antan. Alain-Charles Perrot explique toute la délicatesse de l’entreprise: «il fallait que la patine soit très forte puisque ces fresques ne bénéficient pas d’un éclairage naturel. Elles devaient être très vives tout en respectant l’atmosphère générale. C’est toute la difficulté de ce genre d’opération: tout en s’attachant au moindre détail, il faut conserver l’harmonie complète du lieu».

«Malgré son lustre et sa richesse, c’est le premier foyer démocratique de Paris. Napoléon III et Charles Garnier ont voulu ouvrir le grand foyer à tous, hommes et femmes, de toutes les conditions sociales. Jusqu‘alors, dans tous les autres opéras, les foyers e chacune des catégories de spectateurs étaient disposés à chaque étage et ne communiquaient pas entre eux» explique Hughes Gall, le directeur de l’Opéra Garnier –le 14e théâtre de l’Opéra de Paris, héritier de l’Académie royale de musique et de danse. Désormais ouvert au public à l’entracte et avant le spectacle, ce foyer, déserté ces derniers mois, devrait à nouveau attirer les visiteurs.

Le chantier de restauration n’est pas terminé. La grande campagne de rénovation de l’édifice doit se poursuivre, concernant les marches de la façade sud ou parvis, la rampe dite de «l’Empereur» sur la façade ouest, les abords du palais concernant les lampadaires, les candélabres, les obélisques et les colonnes, et enfin les façades latérales et la coupole.



par Dominique  Raizon

Article publié le 11/05/2004 Dernière mise à jour le 11/05/2004 à 14:50 TU